Évangile (Lc 6, 36-38)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 36-38)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera :
c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Extraits de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris-France, 1980-2020. Tous droits réservés.
Homélies ou Méditations du jour
Jésus ne demande pas à tout le monde de vendre tous ses biens et de les donner aux pauvres. Mais il nous demande néanmoins à tous d’« avoir du cœur » au quotidien.
Pour bien se faire comprendre, il précise son propos par quelques préceptes qui sont à la portée de tout homme de bonne volonté, ne refusant pas l’assistance de l’Esprit : « ne jugez pas, ne condamnez pas, pardonnez, partagez ». S’il s’agit d’avoir du cœur « comme notre Père », c’est donc que lui non plus ne juge pas, ne condamne pas, mais pardonne, et donne, « une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans notre tablier ».
Il pourrait sembler que la motivation suggérée par Notre-Seigneur ne soit pas pure, puisqu’il nous invite à un subtil calcul : ne jugez pas afin de ne pas être jugés vous-mêmes. Il s’agirait davantage d’une stratégie intéressée que d’un appel à l’amour, qui est nécessairement gratuit. En fait Jésus ne fait qu’opposer deux logiques entre lesquelles il nous invite à choisir :
- soit nous appartenons à ce monde, et nous n’échapperons pas à sa spirale de violence, que l’engrenage de jugements et de condamnations tente en vain de juguler ;
- soit nous entrons dans la famille de Dieu notre Père dont nous adoptons le comportement, qui consiste à laisser parler en toutes circonstances son cœur compatissant et miséricordieux.
De même que le mal se nourrit du mal, le bien aussi provoque un effet « boule de neige » : celui qui donne et persévère dans cette attitude, en ne jugeant pas ceux qui « en profitent », en ne condamnant pas ceux qui refusent la réciprocité, celui-là verra la fécondité de son attitude, car « la mesure dont nous nous servons pour les autres, servira aussi pour nous ».
Peut-être ne serons-nous témoins de ce triomphe de l’amour que dans le Royaume des cieux, mais nous sommes sûrs que le Seigneur accomplit sa Parole et comble ceux qui donnent sans compter. « Ayez du cœur » : devant cette parole si simple et si vraie, comment ne sentirions-nous pas « la honte nous monter au visage » (1ère lect.). La « sclerocardia », la dureté de cœur, voilà « l’iniquité », c’est-à-dire l’injustice fondamentale, la rupture d’Alliance qui vient briser l’harmonie au sein de la famille de Dieu, et plus largement au sein de tout l’ordre créé.
Oui « nous avons fait le mal » : non seulement nous avons laissé le mal s’installer en nous et au milieu de nous, mais nous l’avons fait proliférer, en refusant la logique de l’amour, en nous fermant à la joyeuse dépendance de la charité, en revendiquant une autonomie mensongère, stérile, mortifère. C’est pourquoi, unissant notre supplication à celle du prophète Daniel et du psalmiste nous prions :
« Ah Seigneur, Dieu grand et redoutable, qui gardes ton Alliance et ton amour à ceux qui t’aiment, nous avons commis l’iniquité, nous avons été rebelles » (1ère lect.). Mais « ne retiens pas contre nous nos péchés ; délivre-nous, efface nos fautes pour la cause de ton nom ! » (Ps 78). « A toi Seigneur notre Dieu, la miséricorde et le pardon : que nous vienne bientôt ta tendresse ! Aide-nous Dieu notre Sauveur pour la gloire de ton nom ! » Donne-nous un cœur nouveau, mets en nous un esprit nouveau : que nous puissions aimer dans la simplicité d’une foi vivante par la charité.
Abbé Philippe Link
https://carrefours.alsace
La miséricorde, nous dit le Pape François, est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours, malgré les limites du péché. C’est également la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun, lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère, la sœur, qu’il rencontre sur le chemin de la vie.
Proximité miséricordieuse de Dieu
Oui bien aimés dans le Christ, cette fête est très importante pour nous car elle nous permet de prendre conscience de notre mission, comme enfants du Père, et voir comment répondre à l’invitation du Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6 :36).
Dieu est proche de chacun de nous et en Jésus, il est visible et nous invite à accueillir son message d’amour, de tendresse, à nous laisser caresser par Lui. Cette expérience de la proximité miséricordieuse de Dieu est première et nécessaire pour devenir des êtres de miséricorde. Elle est bien présente dans l’Evangile que nous venons d’entendre.
Joie d’être sauvés
« La paix soit avec vous », dit Jésus. Jésus, ce crucifié-ressuscité vient au milieu de ses disciples. Souvenons-nous : ils avaient douté, trahi, fui le Seigneur lors de la passion et de la mort. Le Christ est là, bien présent, alors que les portes du lieu où se trouvent les disciples sont fermées à clé, par peur.
– Peur et fermeture vont ensemble,
– La paix et l’ouverture également.
Il ne leur reproche rien. Au contraire, il leur souhaite la paix. Cette salutation est un don et fruit de Pâques, elle est une expression rare, liée à la personne du Ressuscité et à l’envoi de l’Esprit Saint.
A la vue du ressuscité, les disciples sont remplis de joie, d’une joie profonde. Une joie qui vient lorsque tout semble mal tourner, avec la souffrance, la maladie, l’angoisse, la peur, le désarroi. C’est la joie fondée sur la confiance que nous avons en Jésus mort sur la croix et ressuscité le jour de Pâques. Cette joie apporte avec elle une paix profonde, c’est la joie d’être sauvés.
Oui soyons dans la joie, bien aimés, car le Christ est ressuscité. Il est vivant à jamais, Alléluia !
Chercher des preuves
Il y a aussi un visage, un nom que nous condamnons souvent à tort, car il nous ressemble : C’est Thomas. Il n’était pas là lors de la première apparition du Seigneur. On lui en a bien parlé, mais lui reste sceptique. « Si je ne touche pas, si je ne vois pas, je ne croirai pas ». Il ressemble à nos contemporains. Il nous arrive aussi de chercher des preuves. Le monde d’aujourd’hui nous y pousse.
Le Christ accède à la demande de Thomas, cependant il l’invite à aller plus loin. L’Evangile ne dit pas que Thomas a mis ses mains dans les plaies du Seigneur : La reconnaissance de la présence du Christ a fait tomber toutes ses revendications des preuves. Thomas va professer sa foi en disant tout haut: « mon Seigneur et mon Dieu ». Non seulement il a vu le Seigneur, mais surtout, il se sent connu de Jésus : en effet, celui-ci l’appelle par son nom et reprend toutes les paroles que Thomas a dites 8 jours plus tôt, à la face des autres disciples, comme s’il avait été là. Une telle connaissance est celle qui n’existe que dans un amour profond. Oui Jésus nous aime malgré notre péché. Mystère d’amour et de miséricorde.
Envoyés en mission
Frères et sœurs bien aimés du Père, malgré les trahisons, les doutes, la fuite des disciples, le Christ leur fait confiance, – comme il le fait avec chacun de nous en ce moment – et leur confie sa mission. Il nous demande également à lui faire confiance : « Jésus j’ai confiance en toi ». Il leur dit en effet: « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie, recevez l’Esprit Saint ».
Mais ne l’oublions pas : Avant d’être des envoyés, frères et sœur bien-aimés, nous sommes tous des fruits de la miséricorde !
Cette mission s’articule dans trois dimensions :
– Annoncer la Bonne Nouvelle du Christ,
– Témoigner que Jésus, le Christ, est « le Chemin, la Vérité et la Vie » dans le monde (Jn 14,6),
– S’ouvrir à la relation aux autres, dans un esprit de dialogue et de partage.
Par cette mission, le Christ nous invite à créer avec lui un monde nouveau, un monde de paix, un monde fraternel, un monde d’amour. Car nous sommes porteurs de son souffle, de son Esprit, de ses valeurs.
L’Esprit consacre chacun
Par notre baptême, tout chrétien est appelé à prendre part à la mission du Christ là où il se trouve, quel que soit son état de vie. Il s’agit d¹une mission qui doit être vécue non seulement à l’Eglise le dimanche comme ce matin, mais dans la vie de tous les jours, à la maison, au travail, avec les amis, en vacances, en temps de prospérité comme en temps de crise, de maladie, de catastrophe. Chacun de nous a reçu le don de l’Esprit Saint pour être envoyé vers ses frères et sœurs, leur annoncer la Bonne Nouvelle qui libère, qui fait vivre, qui fait grandir, qui procure la vraie paix.
C’est considérable, mes bien aimés : chaque fidèle du Christ est appelé à participer à la mission de salut du Seigneur. Et pour cela, nul besoin d’autorisation, d’appel hiérarchique, d’envoi, de reconnaissance institutionnelle. Votre lettre de mission, c’est l’Evangile ! Et par la grâce du baptême et de la confirmation, l’Esprit Saint consacre chaque fidèle du Christ pour participer à l’œuvre du Christ.
A l’occasion de cette fête, implorons la grâce du Seigneur afin que nous puissions prolonger la mission que le Père avait confiée à Jésus, faire de notre vie un lieu d’amour et de miséricorde, pour que nous devenions des messagers d¹espérance et de vie nouvelle, dans notre monde d’aujourd’hui, au beau milieu de la course effrénée de notre siècle. C’est ensemble que nous sommes conduits àvivre la mission, ici ou là-bas, co-responsables : ministres ordonnés (évêque, prêtre, diacre), laïcs, religieux ou religieuses. Chacun à sa place, déploie la diversité des ministères et des charismes, pour aller à la rencontre de Celui qui nous précède dans les aréopages d’aujourd’hui, afin que le monde croie. Amen.
Abbé Célestin Kabundi (homélie du dimanche de la misercorde, 23 avril 2017)
https://www.cath.ch
Chers sœurs et frères dans la foi, la méditation de ce dimanche nous invite à vivre nos relations humaines dans l’amour selon la miséricorde divine « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Aujourd’hui, Dieu nous appelle à agir pour le bien et à refuser toute vengeance. Car la vengeance, comme vous le savez, désigne le mal que l'on fait à une personne afin de la châtier lorsque nous nous sentons être victime innocente d'un dommage qu'elle nous a causé.
La première lecture (1 S 26, 2.7-9.12-13.22-23) nous fait admirer le geste de noblesse de David. Lui qui était « un homme selon le cœur de Dieu » (1 Samuel 13.14),il a refusé de se venger de Saül, dont il était pourtant la victime innocente. Alors que Saül était devenu très jaloux de son concurrent David et cherchait à l’éliminer. Cependant, David n’a pas voulu porter la main sur « celui qui a reçu l’onction du Seigneur ». Il appela Saül et lui cria : « Aujourd’hui, le Seigneur t’avait livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu porter la main sur le messie du Seigneur. » Son agissement à l’égard de Saül nous fait découvrir que Dieu n’aime pas la vengeance. C'est pourquoi, la Loi de Moïse contient ce commandement : « Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune contre les membres de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l'Éternel. »
L’Évangile de Luc (Lc. 6, 27-38) que nous venons d’écouter nous parle de l’Amour, du pardon, et plus particulièrement de la « miséricorde divine » qui exclut tout jugement, toute condamnation, tout mépris, toute haine ainsi que toute vengeance. Le discours de Jésus sur miséricorde n’est que le reflet du cœur même de Dieu : « Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux ». Notre Dieu est bon pour nous, comme il l’est pour les ingrats et les méchants. Il nous invite aujourd’hui à faire du bien même à nos ennemis, à les aimer et à ne pas juger nos semblables. Notre Dieu veut que partagions avec ceux qui manquent, que nous pardonnions à ceux qui nous ont fait du tort. Et tout cela sans vengeance ni haine mais plutôt selon son cœur miséricordieux : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent…. aimez vos ennemis sans rien espérer en retour...
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue ». Tendre l'autre joue à celui qui nous frappe ne signifie pas provoquer inutilement une seconde gifle. Il s’agit ici d’une attitude qui nous indique ce que nous, chrétiens, devons faire pour briser le cycle de la de la violence par la simple puissance de l’amour. En refusant la vengeance y opposant uniquement la force de l’amour, nous arrivons à briser le cycle de la violence. Voilà pourquoi, dans cet évangile, Notre Seigneur Jésus Christ résume et définit le comportement de tout chrétien par la miséricorde divine : « Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est miséricordieux »
Prions le Seigneur Dieu pour que notre monde aujourd’hui miné par l’indifférence et que nos cœurs souvent enfermés par le désir de vengeance puissent renoncer constamment à la violence afin de pouvoir s’épanouir dans la miséricorde de Dieu. Prions également pour notre Église afin qu’elle soit le véritable lieu de la miséricorde gratuite de Dieu, c’est-à-dire là où tout le monde puisse se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon l’Evangile de la miséricorde. Amen !
Père jésuite Michel Ntangu
https://www.vaticannews.va
«Donnez, et il vous sera donné»