Homélies ou Méditations du jour
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Père, Diacre, Eveque
Homélies - Abbé Philippe Link
« Venez et vous verrez » (Jn 1, 39) : cette invitation adressée par Notre-Seigneur à ses premiers disciples, prend ici tout son sens.
Pour découvrir qui est Jésus, il faut oser nous mettre à sa suite sur les chemins de sa Pâque, et contempler avec les yeux de la foi, la gloire du Fils de Dieu qui resplendit au cœur même de la déréliction de sa Passion d’amour. Mieux que tous les autres évangélistes, Jean souligne la manière dont Jésus domine ceux qui semblent disposer de lui.
C’est Jésus et lui seul qui dirige les événements selon les desseins du Père, les menant à leur parfait accomplissement. Si l’évangéliste insiste ainsi sur la souveraine liberté de Notre-Seigneur, c’est pour souligner qu’il vit sa Passion comme une offrande d’amour. Judas n’a même pas besoin de livrer son Maître : celui-ci se présente lui-même : « Qui cherchez-vous ? ». Bousculade imprévue ? Surprise devant la sérénité et la maîtrise de celui qu’ils viennent arrêter ? Ou mystérieuse terreur religieuse ?
Quoi qu’il en soit, les gardes et les soldats « reculent et tombent à terre », se prosternant sans le vouloir devant la majesté de leur victime. Comme « le Bon Berger qui donne sa vie pour ses brebis », Jésus protège les siens et les met à l’abri : « Si c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci ».Saint Jean commente : « C’est ainsi que devait s’accomplir la parole que Jésus avait dite : “Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donné” ».
Par contre pour lui-même, Notre-Seigneur refuse toute protection : au fougueux Simon-Pierre qui dégaine l’épée, il ordonne : « Remets ton glaive au fourreau ! La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? ». Hanne, Caïphe, Pilate, tous sont impressionnés par la dignité et la maîtrise de soi de cet étrange prisonnier devant lequel ils n’ont d’autre recours que la violence.
Mais ni les insultes, ni les menaces, ni les tortures ne viennent à bout de la paix de cet enchaîné qui se révèle infiniment plus libre que ses juges et que ses bourreaux : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en-haut ». Ces hommes ne sont que les instruments d’un dessein qui les dépasse infiniment ; par leur cruauté et leur injustice : ils sont sans le savoir les artisans de leur propre salut.
« C’étaient en effet nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris » (1ère lect.). Où est-il le dieu vengeur, castrateur, ennemi de l’homme, jaloux de son bonheur ?
Que la contemplation du vrai visage de Dieu – celui qu’il nous révèle sur la Croix – purifie nos consciences de ses idoles lancinantes, chasse toute peur, pour que nous puissions accueillir le don du Père en son Fils Jésus-Christ. « Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours » (2ème lect.). « Ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là ; c’était environ la dixième heure » (Jn 1, 39), c’est-à-dire quatre heures de l’après-midi, l’heure de la mort de Jésus, ou plutôt l’heure où il descend dans notre mort pour la remplir de sa vie.
C’est là, au pied de la Croix, qu’il nous faut demeurer avec lui, afin d’apprendre de Dieu lui-même qui nous sommes à ses yeux, le prix que nous avons pour lui. « Je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bonne volonté et de supplication. Alors ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé. Ce jour-là une Source jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem en remède au péché et à la souillure » (Za 12, 10. 13, 1) : que le flot de tendresse jaillissant du Cœur du Christ chasse toute culpabilité et toute angoisse devant sa souffrance et sa mort. Elles sont nôtres les blessures de l’Agneau : comment nous les reprocherait-il, puisqu’il nous les offre pour que nous y trouvions la guérison.
« Venez, faisons de notre amour comme un encensoir immense et universel, prodiguons cantiques et prières à celui qui a fait de sa Croix un encensoir à la divinité, et nous a tous comblé de richesses par son Sang » (saint Ephrem).
Abbé Philippe Link
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Homélies regnumchristi
Prière
C'est toi, Seigneur, qui as souffert la mort pour que je vive !
Comment pourrais-je me réjouir de ma liberté, si je la dois à tes liens ?
C'est toi, Seigneur, qui as souffert la mort pour que je vive !
Comment pourrais-je me féliciter de mon salut, s'il m'est acheté par ta souffrance ?
C'est toi, Seigneur, qui as souffert la mort pour que je vive !
Seigneur, tu n'as souffert que parce que tu l'as voulu, par amour et miséricorde.
C'est toi, Seigneur, qui as souffert la mort pour que je vive !
(Saint Anselme de Cantorbéry)
Demande
« Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère. » S’agenouiller spirituellement avec Marie au pied de la croix et de là, de son cœur aimant de mère, accompagner le Christ dans sa Passion.
Réflexion
Vendredi Saint est le seul jour de l’année où l’Église ne célèbre pas la messe : ce Vendredi Saint est un jour tout particulier en ce temps de confinement durant lequel nous en avons été privés pendant presqu’un mois déjà. Notre Sauveur est mort. Il a versé son sang par amour pour ses frères les hommes, remis son esprit dans les mains du Père, est descendu aux enfers, le lieu où les morts attendent la résurrection, pour les conduire au ciel. Vivons dans la mesure du possible notre journée dans la contemplation de ces mystères, dans le recueillement intérieur et la sobriété.
1. « Tout est accompli. Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. »
Comment ne pas contempler aujourd’hui, au-delà de la cruauté physique de la Passion, l’amour infini du Christ envers chacun d’entre nous, qui l’a poussé à souffrir le supplice de la croix pour notre salut ? Avec le regard de la foi, nous pouvons découvrir l’obéissance filiale du Christ qui va jusqu’à donner son sang, en holocauste, sacrifice complet de lui-même. C’est cette obéissance qui répare la désobéissance du premier homme, Adam. C’est cette obéissance qui rétablit et rend de nouveau possible la relation des hommes avec leur Créateur.
2. « Un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. »
Pour s’assurer de la mort du condamné, un soldat lui transperça le cœur avec sa lance. Un geste que l’évangéliste a lu et compris avec le regard de la foi, au-delà du geste règlementaire du soldat voulant vérifier la mort du condamné. Il souligne qu’il en sort du sang et de l’eau. Les scientifiques y verront une preuve de la mort du Christ, les mystiques y voient la naissance d’un grand mystère : « Le Vendredi Saint, l’Église célèbre la mort rédemptrice du Christ. (…) elle adore la croix et elle évoque sa propre origine, en se souvenant qu’elle est issue du Cœur transpercé du Sauveur (cf. Jn 19, 34). » (Directoire sur la piété populaire et la liturgie, n° 142)
C’est de ce Cœur transpercé du Christ sur la croix qu’est issue l’Église ; d’un Cœur qui ne s’est rien épargné tant qu’il pouvait nous montrer, une fois encore, son amour infini, total, personnel et vrai. Le sang versé est symbole de l’amour, de la vie donnée. Le sang du Christ versé sur la croix manifeste la totalité du don de lui-même. C’est pour cela que le Cœur transpercé est toujours vu, dans la tradition chrétienne, comme le fondement de la dévotion au Sacré-Cœur.
Que puis-je faire devant tant d’amour sinon lui donner, à mon tour, mon cœur, ma vie et tout mon être ?
L’eau versée symbolise l’Esprit. Jésus nous laisse son Esprit, par lequel nous allons vivre à partir de maintenant. Jésus accepte de mourir pour vaincre la mort, pour ressusciter et nous ouvrir les portes du ciel où il règnera pour toujours. Cependant, il ne nous laisse pas seuls : il nous envoie son Esprit. C’est cet Esprit qui nous accompagne de manière particulière en ces jours où nous ne pouvons nous rendre dans une église pour nous y recueillir. Cet Esprit qui demeure en nous, depuis notre baptême, et dont nous sommes le Temple vivant. Recueillons-nous un moment pour entrer en nous-même et nous immerger dans cette présence de la Trinité qui habite en nous. Là, le Père nous aime et nous donne son Fils, qui nous vivifie dans l’Esprit.
3. « Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : J’ai soif. »
Encore une fois, au-delà de la soif physique qui l’a certainement torturé, l’Église a toujours vu dans cette parole du Christ la soif de notre amour, la soif d’âmes qui reviennent vers le Père. « Le Cœur du Christ s’identifie au Christ lui-même, Verbe incarné et rédempteur ; dans l’Esprit Saint, le Cœur de Jésus est orienté, par nature, avec un amour infini à la fois divin et humain, vers le Père et vers les hommes, ses frères . » (Directoire sur la piété populaire et la liturgie, n° 166 )
Les chrétiens vivent dans l’Esprit en enfants de Dieu, obéissant à leur Père dans l’amour. À l’exemple du Christ, ils sont disposés à se donner entièrement pour que l’amour infini du Père soit connu de tous leurs frères.
Comment ne pas penser aujourd’hui à tous ceux qui sont morts ces derniers temps, peut-être des proches, et que nous n’avons pu accompagner de notre présence et du réconfort des sacrements au moment de leur grand passage ? Demandons à Jésus crucifié de combler ces manques, de se rendre présent au chevet de chacun d’entre eux pour les fortifier par la grâce et les consoler. Offrons aujourd’hui, comme nous l’avons sans doute fait ces derniers temps, un moment de prière silencieuse pour nous unir spirituellement, dans la communion des saints, à chacun d’entre eux. Allons, avec Marie, au pied de leur croix, et offrons-leur le réconfort de notre présence spirituelle.
Dialogue avec le Christ
À genoux au pied de la croix, je veux aujourd’hui recueillir chaque goutte de ton précieux sang rédempteur afin qu’aucune ne soit perdue. Dans ma prière, je le donne à boire à ceux qui ces derniers temps ou aujourd’hui sont partis dans la maison du Père, seuls, afin que tu les accompagnes de ta présence. J’ouvre mon cœur à tes paroles, testament de ton amour infini pour moi et pour chacun de mes frères les hommes. Je ne serai pas indifférent à tant d’amour.
Résolution
Vivre la journée avec recueillement, évitant toute occupation inutile, afin de me consacrer à la prière personnelle et laisser ainsi les mystères de l’amour du Christ transformer mon cœur.
Amélie Perroy, consacrée de Regnum Christi
http://www.regnumchristi.fr
MÉDITER AVEC LES CARMES
La fête du Christ, Roi universel, pourrait être une pomme discorde entre chrétiens. Les uns, mêlant imprudemment les prérogatives du Christ et la volonté de puissance des croyants, chercheraient à récupérer cette célébration dans un sens triomphaliste, d'autres préféreraient l'éliminer comme une survivance anachronique, en soulignant que l'idée d'un pouvoir royal du Christ ne rejoint plus la sensibilité de notre époque.
En réalité il s'agit de bien autre chose : tout simplement de prendre au sérieux une parole prononcée par Jésus au moment de son procès devant Pilate. Souvent les prisonniers politiques jouent leur tête sur une seule réponse ; et Jésus, face à Pilate, est bien plus qu'un prisonnier politique. Dans l'esprit de plusieurs des dirigeants de son peuple, le procès doit coûte que coûte déboucher sur la liquidation de Jésus, et même ceux qui lui en veulent pour des raisons religieuses vont mettre en avant des griefs politiques : "Il veut se faire roi. Nous n'avons d'autre roi que César !"
Pilate interroge : "Tu es le roi des Juifs ?" ; et Jésus répond en questionnant à son tour. Lui, l'accusé, se pose déjà en juge : "Dis-tu cela de toi-même, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi ?". Autrement dit : "Parles-tu, Pilate, d'un roi politique, au sens où les Romains le comprennent, ou fais-tu allusion à un Roi Messie, tel que l'attend Israël ?"
Réplique de Pilate : "Est-ce que je suis Juif, moi ?" (Je répète ce qu'on m'a dit !). Et aussitôt, avec la franchise brutale du gouverneur : "Qu'as-tu fait ?". Pilate veut savoir si le "roi" en question constitue une menace pour le pouvoir romain. "Mon royaume n'est pas de ce monde. Mon royaume n'est pas d'ici", répond Jésus. Son règne, en effet, vient d'en haut, comme lui-même vient d'en haut. Son règne, c'est le règne de Dieu, un règne à la manière de Dieu: c'est la force de l'amour qui invite à aimer. C'est pourquoi Jésus ne possède ni gardes ni armée pour le défendre.
"Donc tu es roi !", reprend Pilate, énervé. Pour lui comme pour nous, les mots "roi" et "royaume "rendent un son politique. Alors Jésus s'explique solennellement, et c'est cette explication de Jésus qui donne son sens à la fête d'aujourd'hui : "Tu le dis, je suis roi, et je ne suis né, je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix". ("Je suis roi, proclame Jésus, mais je n'ai pas de sujets : je n'ai que des disciples qui, librement, s'en remettent à mon témoignage"). Le Christ revendique bien un pouvoir, les pleins pouvoirs. Il dira lui-même, après sa résurrection : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre". Mais ce pouvoir du Christ, c'est la force rayonnante du message qu'il apporte au monde, c'est la puissance d'une vérité qui transforme, qui juge et qui glorifie, c'est l'énergie d'une parole qui met debout l'homme ou la femme qui la reçoit.
Et Jésus est mort finalement pour attester que sa parole libérante était celle de Dieu. Ressuscité, rendu à la gloire, c'est à nous qu'il confie maintenant le rayonnement de sa vérité ; c'est nous, maintenant, qu'il appelle à son service. Car pour Jésus, à proprement parler, le temps du service est passé. Il est venu parmi nous pour servir, il a cheminé parmi nous, semant le bien ; il s'est fait obéissant jusqu'à la mort et nous a légué son style de témoignage. Mais auprès de Dieu son Père Jésus n'est plus dans la condition du serviteur. Il est la Tête de l'immense Corps qui grandit sur terre au long des siècles. Il est le Premier-né d'entre les morts, le prototype de l'humanité nouvelle ; et au-delà même de l'humanité, sa seigneurie de Ressuscité s'étend, d'une manière pour nous mystérieuse, à l'univers matériel, au cosmos exploré, explorable et inexplorable.
Jésus de Nazareth est devenu Seigneur du temps et de l'espace ; Jésus, le roi bafoué par les hommes, le roi de dérision affublé d'une couronne d'épines et du manteau des fous, est entré, avec les cicatrices de son temps de service, dans la gloire qu'il avait auprès du Père avant le lancement du monde. Il est l'Alpha et l'Oméga ; il est le commencement, il sera la fin, et en notre temps déjà il est avec nous.
Avec nous il fait l'histoire du monde. Chaque jour, par la lumière de sa parole et la force de son Eucharistie, il nous donne d'inscrire, dans le cœur des hommes, le salut qui vient de Dieu.
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Enseignement de Jésus à Maria Valtorta
Les différents procèsCeux qui avaient arrêté Jésus l'amenèrent devant Caïphe, le grand prêtre, chez qui s'étaient réunis les scribes et les anciens. Quant à Pierre, il le suivait à distance, jusqu'au palais du grand prêtre ; il entra dans la cour et s'assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait.https://valtorta.fr
« Tu as contemplé la souffrance de mon agonie spirituelle du jeudi. Tu as vu ton Jésus, angoissé comme un homme frappé à mort qui sent sa vie s’enfuir par les blessures qui le vident de son sang, ou comme une personne dominée par un traumatisme psychique plus grand que ses forces. Tu as vu ce traumatisme s’aggraver progressivement, jusqu’à l’effusion sanguine provoquée par le déséquilibre circulatoire dû à mes efforts pour me dominer et résister au poids qui m’écrasait.
J’étais, je suis, le Fils du Très-Haut. Mais j’étais aussi le Fils de l’homme. Je désire par ces pages établir clairement ma double nature, également totale et parfaite.
C’est ma parole qui vous permet d’avoir foi en ma divinité, car elle a des accents qui ne peuvent appartenir qu’à Dieu. Mon humanité vous est montrée par les besoins, les passions, les souffrances que je vous présente et que j’ai subis dans ma chair d’homme véritable, et elle vous est proposée en modèle pour votre humanité, de la même manière que j’instruis votre esprit par ma doctrine de vrai Dieu.
Tant ma très sainte divinité que ma très parfaite humanité ont été affadies au cours des siècles sous l’action désagrégeante de “ votre ” humanité imparfaite ; leur représentation a été déformée. Vous avez rendu mon humanité irréelle, inhumaine, tout comme vous avez rapetissé ma figure divine en en niant de nombreux aspects qui vous gênaient ; vous n’arriviez plus à reconnaître ces aspects, tant vos esprits étaient étouffés par le vice, l’athéisme, l’humanisme ou le rationalisme.
En cette heure tragique qui annonce des malheurs universels, je viens vous rafraîchir l’esprit sur ma double nature de Dieu et d’homme, afin que, de nouveau, vous la connaissiez après tout l’obscurantisme dont vous avez recouvert vos esprits, et afin que vous l’aimiez, que vous y reveniez et que vous soyez sauvés par elle. C’est la figure de votre Sauveur. Ceux qui la connaîtront et l’aimeront seront sauvés.
603.2 Ces jours-ci, je t’ai montré mes souffrances physiques. Elles ont torturé mon humanité. Je t’ai révélé mes souffrances morales qui étaient étroitement liées, entrelacées, à celles de ma Mère, en union totale. On ne peut comparer cette unité dans la douleur qu’aux lianes inextricables des forêts équatoriales : il est impossible de les séparer pour en écarter une, il faut les couper d’un même coup de machette pour se frayer un passage, et les tuer ensemble. Ou, pour prendre un meilleur exemple, il est impossible que la mort d’une mère enceinte n’atteigne pas le bébé qu’elle porte, puisque ce sont, la chaleur, la nourriture, le sang, la vie de la mère qui, au rythme des battements de son cœur, pénètrent par des membranes internes jusqu’à l’enfant et achèvent de le mettre au monde.
Elle, ma pure Mère, ne m’a pas porté neuf mois seulement comme toute femme porte le fruit de l’homme, mais sa vie durant. Nos cœurs étaient unis par des fibres spirituelles et ont toujours battu ensemble ; aucune larme de ma Mère n’a coulé sans strier mon cœur de son sel, et chacune de mes lamentations intérieures a résonné en elle et réveillé sa douleur.
Vous éprouvez de la peine devant la mère d’un fils condamné par quelque maladie inguérissable, ou devant la mère d’un condamné à mort par la rigueur de la justice humaine. Pensez donc à ma Mère ! Dès l’instant de ma conception, elle a tremblé à l’idée que j’allais être le Condamné… Lorsqu’elle a déposé son premier baiser sur le corps doux et rose du nouveau-né que j’étais, elle a senti d’avance les plaies de son Enfant… Elle aurait cent fois donné sa vie pour m’empêcher de devenir homme et de parvenir au moment de l’Immolation… Elle savait et devait désirer cette heure terrible pour accepter la volonté du Seigneur, pour la gloire de Dieu, par bonté pour l’humanité. Non, il n’y a pas eu d’agonie plus longue que celle de Marie, qui s’est achevée en une douleur plus grande encore.
603.3 Jamais il n’y eut douleur plus horrible et plus complète que la mienne. Je ne faisais qu’un avec le Père. De toute éternité, il m’avait aimé comme seul Dieu peut aimer. Il avait mis en moi toute sa complaisance et avait trouvé en moi sa joie divine. Et moi, je l’avais aimé comme seul Dieu peut aimer et j’avais trouvé ma joie divine dans mon union avec lui. Il est impossible de vous expliquer les relations inexprimables qui lient éternellement le Père et son Fils, même par ma parole, car, si elle est parfaite, votre intelligence ne l’est pas, de sorte que vous ne pouvez comprendre et connaître qui est Dieu tant que vous n’êtes pas avec lui au Ciel. Eh bien, je sentais croître heure par heure, comme l’eau qui monte et fait pression sur une digue, la sévérité du Père à mon égard.
En guise de témoignage contre ces brutes que sont les hommes qui ne voulaient pas comprendre qui j’étais, il a ouvert le Ciel à trois reprises pendant ma vie publique : au Jourdain, au Thabor et à Jérusalem, à la veille de la Passion. Mais c’est pour les hommes qu’il l’a fait, et non pour me réconforter. Moi, désormais, j’étais l’Expiateur.
Il arrive fréquemment, Maria, que Dieu fasse connaître aux hommes l’un de ses serviteurs afin que cela les frappe et que, par cette personne, ils reviennent à lui. Mais là encore, c’est grâce à la souffrance de ce serviteur que cela se produit. C’est lui qui paie, en mangeant le pain amer de la sévérité de Dieu, le réconfort et le salut de ses frères. N’est-ce pas vrai ? Les victimes d’expiation connaissent la rigueur de Dieu. La gloire vient ensuite, une fois que la justice est apaisée. Il n’en est pas comme pour mon amour, qui donne des baisers à ses victimes. Moi, je suis Jésus, je suis le Rédempteur, celui qui a souffert et qui sait, par expérience personnelle, ce qu’est la souffrance d’être regardé sévèrement par Dieu et d’être abandonné de lui ; c’est pourquoi je ne suis jamais sévère, et je n’abandonne jamais personne. Je consume aussi, mais dans un incendie d’amour.
603.4 Plus l’heure de l’expiation approchait, plus je sentais le Père s’éloigner. Toujours plus séparée du Père, mon humanité se voyait de moins en moins soutenue par la divinité de Dieu. Cela me faisait atrocement souffrir. La séparation de Dieu entraîne la peur, l’attachement à la vie, l’accablement, la fatigue, l’ennui. Plus elle est profonde, plus ces conséquences sont fortes. Quand elle est totale, elle conduit au désespoir. Et celui qui, par décret de Dieu, la subit sans l’avoir méritée, en souffre d’autant plus, parce que son âme vivante sent la coupure de Dieu comme une chair vive sent la coupure d’un membre. Cela provoque un douloureux étonnement, angoissant, qu’il faut avoir connu pour le comprendre.
Moi, j’ai connu cela. Il m’a fallu tout connaître pour pouvoir plaider devant le Père en votre faveur, et dans tous les domaines. Il m’a donc fallu éprouver votre désespoir, au point que j’ai pu dire : “ Je suis seul. Tous m’ont trahi, abandonné. Même le Père, même Dieu ne me vient plus en aide. ” Et c’est pour cette raison que j’opère de mystérieux prodiges de grâce dans les pauvres cœurs submergés par le désespoir, et que je demande à mes bien-aimés de boire à ma coupe, rendue si amère par l’expérience, afin que ces personnes qui coulent au fond de la mer du désespoir ne refusent pas la croix que je leur offre en guise d’ancre et de salut, mais s’y agrippent. Je pourrai ainsi les amener au bienheureux rivage où seule règne la paix.
603.5 Je suis seul à savoir si, en ce jeudi soir, j’allais avoir besoin du Père ! Mon esprit agonisait déjà sous l’effort d’avoir surmonté ces deux insupportables douleurs de l’homme : l’adieu à une mère tendrement aimée, et la proximité d’un ami infidèle. Ces deux plaies me brûlaient le cœur, l’une par ses larmes, l’autre par sa haine.
Il m’avait fallu partager mon pain avec mon Caïn. J’avais dû lui parler en ami pour ne pas l’accuser devant les autres : je n’étais pas sûr qu’ils puissent maîtriser leur violence, et je voulais empêcher un crime, d’ailleurs inutile puisque tout était déjà écrit dans le grand livre de la vie : ma sainte mort, comme le suicide de Judas. D’autres morts réprouvées par Dieu étaient inutiles. Nul autre sang que le mien ne devait être versé, et il en fut ainsi. La corde brisa cette vie en enfermant dans le sac immonde du corps du traître son sang impur d’homme vendu à Satan, car ce sang ne devait pas se mêler, en tombant sur la terre, au sang très pur de l’Innocent.
Ces deux plaies auraient suffi à faire de moi un agonisant intérieur. Mais j’étais l’Expiateur, la Victime, l’Agneau. Avant d’être immolé, l’agneau connaît la marque brûlante, les coups, le dépouillement, la vente au boucher, enfin le froid du couteau qui pénètre dans sa gorge, le saigne et le tue. Il lui faut d’abord tout abandonner : le pâturage où il a grandi, la mère qui l’a nourri et réchauffé, ses compagnons de vie. Tout. J’ai tout connu, moi, l’Agneau de Dieu.
603.6 Satan est alors venu, tandis que le Père se retirait aux Cieux. Il était déjà venu me tenter dans les débuts de ma mission, pour m’en détourner. Il était de retour. C’était son heure. L’heure infernale, satanique.
Des hordes de démons s’étaient répandues cette nuit-là sur la terre, pour porter à son terme la séduction des cœurs et les disposer à souhaiter le meurtre du Christ le lendemain. Chaque membre du Sanhédrin avait le sien, tout comme Hérode, Pilate, et chaque juif qui allait demander que mon sang retombe sur lui. Les apôtres eux-mêmes avaient un tentateur auprès d’eux pour les endormir au moment où, moi, je souffrais, et pour les préparer à la lâcheté. Remarque le pouvoir de la pureté. Jean, le pur, fut le premier à se libérer des griffes démoniaques, et il s’empressa de revenir auprès de son Jésus ; il comprit mon désir inexprimé et me conduisit Marie.
Mais Judas comme moi avions Lucifer, lui dans le cœur, moi à mes côtés. Nous étions les deux principaux personnages de la tragédie, et Satan s’occupait personnellement de nous. Après avoir conduit Judas au point de non-retour, il s’en prit à moi.
Avec une ruse parfaite, il me présenta les tortures physiques avec un réalisme inoui. Dans le désert déjà, il avait commencé par la chair. Je le vainquis par la prière. L’esprit a dominé les peurs de la chair.
Il me montra alors l’inutilité de ma mort, alors qu’il serait bien plus avantageux de vivre pour moi-même sans m’occuper des hommes ingrats. Vivre riche, heureux, aimé. Vivre pour ma Mère, pour lui éviter toute souffrance. Vivre pour amener à Dieu par un long apostolat des hommes nombreux. Il m’exposa que ma mort ne leur apporterait rien, puisqu’ils allaient m’oublier, alors que, si je restais leur Maître, non pas trois ans seulement, mais pendant des dizaines d’années, ils finiraient par s’approprier ma doctrine. Ses anges allaient m’aider à séduire les hommes. Est-ce que je ne voyais pas que les anges de Dieu ne venaient pas à mon secours ? Plus tard, Dieu m’aurait pardonné à la vue de la moisson de croyants que je lui aurais amenés. Au désert aussi, il m’avait poussé à tenter Dieu par l’imprudence. Je l’ai vaincu par la prière. L’esprit a dominé la tentation morale.
603.7 Il souligna l’abandon de Dieu. Le Père ne m’aimait plus. J’étais chargé de tous les péchés du monde. Je lui faisais horreur. Il était absent, il me laissait seul. Il m’abandonnait à la risée d’une foule féroce. Il ne m’accordait pas le moindre réconfort divin. J’étais absolument seul. Il n’y avait plus, à cette heure, que Satan auprès du Christ. Dieu et les hommes étaient absents, parce qu’ils ne m’aimaient pas. Ils me haïssaient ou étaient indifférents. Je priais pour couvrir ces paroles sataniques. Mais ma prière ne s’élevait plus vers Dieu. Elle retombait sur moi comme les pierres d’une lapidation et m’écrasait sous son poids. Prier avait toujours été pour moi caresser le Père, c’était une voix qui s’élevait et à laquelle répondaient des caresses et des paroles du Père. Mais ma prière était désormais morte, pesante, vaine, et elle butait contre les Cieux clos.
J’ai alors senti toute l’amertume du fond de la coupe, le goût du désespoir. Et c’était bien ce que voulait Satan : m’amener à désespérer pour faire de moi son esclave. Mais j’ai vaincu ce désespoir, je l’ai vaincu par mes propres forces, parce que je l’ai voulu. Par mes seules forces humaines. Je n’étais plus que l’Homme, mais un homme que Dieu ne secourait plus. Quand Dieu vient à notre aide, il est facile de soulever le monde et de le soutenir comme un jouet d’enfant. Mais quand il n’intervient plus, le poids d’une simple fleur nous écrase.
J’ai vaincu le désespoir et Satan son créateur, pour servir Dieu et vous servir en vous donnant la Vie. Mais j’ai connu la Mort. Non pas la mort physique d’un crucifié — celle-là fut moins atroce — mais la Mort totale, consciente, du lutteur qui tombe, après avoir triomphé, le cœur brisé et le sang qui s’extravase dans le traumatisme d’un effort supérieur à ses possibilités. Et j’ai sué du sang. J’ai sué du sang pour rester fidèle à la volonté de Dieu.
603.8 Voilà pourquoi l’ange de ma douleur m’a exposé l’espérance de tous les sauvés par mon sacrifice comme remède à ma mort.
Vos noms ! Chacun fut pour moi une goutte médicinale infusée dans mes veines pour leur rendre du tonus et leur permettre de remplir leur fonction, chacun fut pour moi vie qui revenait, lumière et force. Au moment des tortures inhumaines, je me suis répété vos noms pour ne pas hurler ma souffrance d’homme, et pour ne pas désespérer de Dieu et l’accuser de se montrer trop sévère et injuste envers sa Victime. Je vous ai vus. Dès cet instant, je vous ai bénis et je vous ai portés dans mon cœur. Et lorsque votre heure est venue de paraître sur cette terre, je me suis penché du haut des Cieux pour accompagner votre naissance, tout heureux à l’idée qu’une nouvelle fleur d’amour était née dans le monde et qu’elle allait vivre pour moi.
Ah ! Mes bénis ! Consolation du Christ agonisant ! Ma Mère, Jean le disciple bien-aimé, les saintes femmes assistaient à ma mort, mais vous étiez présents, vous aussi. Mes yeux de mourant voyaient, à côté du visage déchiré de ma Mère, vos visages aimants, et c’est ainsi qu’ils se sont fermés, tout au bonheur de vous avoir sauvés, ô hommes qui méritez le sacrifice d’un Dieu. »
« Je t’ai fait connaître toutes les souffrances qui ont précédé ma Passion proprement dite. Je te révèle maintenant celles de la Passion en acte. Ce sont celles qui vous frappent le plus lorsque vous les méditez.
Mais vous le faites trop rarement. Vous ne réfléchissez pas au prix que vous m’avez coûté, ni à quelles tortures est dû votre salut. Vous qui vous plaignez d’une écorchure, d’un choc contre un coin, d’une migraine, vous ne tenez pas compte que je n’étais qu’une plaie, et que ces plaies étaient irritées par bien des moyens créés, qui servaient au tourment de leur Créateur, parce qu’ils augmentaient la torture de Dieu le Fils, sans respect pour le Père de toute création qui les avait formés.
Mais les moyens n’étaient pas coupables. C’est toujours l’homme qui est coupable, depuis le jour où il a écouté Satan au paradis terrestre. Jusqu’alors la création n’avait ni épine, ni poison ni férocité pour l’homme, cette créature élue. Dieu avait fait un roi de cet homme créé à son image et ressemblance et, dans son amour paternel, il n’avait pas voulu que la création puisse nuire à l’homme. Satan, lui, s’en prit à l’homme et lui tendit des pièges, en commençant par son cœur. Il atteignit ensuite l’homme lui-même, avec la punition du péché, les ronces et les épines.
603.10 Moi, l’Homme, je n’ai donc pas seulement dû souffrir à cause de l’homme, mais aussi par ses instruments et leurs forces. Des hommes, j’ai reçu insultes et sévices, les instruments en furent les armes.
Dieu avait donné à l’homme une main pour le distinguer des bêtes sauvages, il lui avait appris à l’utiliser, il l’avais mise en relation avec l’intelligence pour qu’elle exécute les ordres de l’esprit. Une main si parfaite aurait dû ne servir qu’à caresser le Fils de Dieu, dont elle avait reçu caresses et guérison lorsqu’elle en avait besoin. Or elle s’est révoltée contre lui, elle le gifla, lui donna des coups de poing, s’arma de fouets, se fit tenaille pour lui arracher les cheveux et la barbe, et maillet pour enfoncer les clous.
Les pieds de l’homme n’auraient dû lui servir qu’à courir adorer le Fils de Dieu, mais ils se hâtèrent de venir m’arrêter, me pousser et m’entraîner vers mes bourreaux, en me lançant plus de coups de pied qu’on ne le ferait à l’encontre d’une mule rétive.
La bouche de l’homme aurait dû être l’instrument de la parole, cette parole qui, de toute la création, a été accordée aux seuls hommes, pour louer et bénir le Fils de Dieu, mais elle s’est emplie de blasphèmes et de mensonges pour en proférer, avec sa bave, contre ma personne.
L’intelligence de l’homme, qui est la preuve de son origine céleste, s’efforça d’inventer des tourments d’une cruauté raffinée.
603.11 C’est l’homme tout entier qui a torturé le Fils de Dieu. Pis, il a appelé la terre et ses produits à son secours. Des galets des torrents, il fit des projectiles pour me blesser ; il utilisa des branches en guise de matraques ; le chanvre retors fut utilisé pour former des cordes pour me traîner, en m’entaillant les chairs ; il tressa des épines en une couronne de feu brûlant sur ma tête épuisée ; il se servit des minéraux pour rendre plus cruel le fouet ; le roseau devint un instrument de torture ; les pierres du chemin furent un obstacle sous les pieds vacillants de Celui qui, déjà mourant, montait vers sa mort en croix.
Le ciel s’est uni à la terre : le froid de l’aube sur mon corps épuisé par l’agonie dans le jardin, le vent qui exacerbe la douleur des blessures, sans oublier le soleil, qui avive les brûlures et la fièvre, amène mouches et poussière, et éblouit mes yeux fatigués sans que mes mains ligotées puissent les en protéger.
A tout cela s’unirent les fibres offertes à l’homme pour revêtir sa nudité : le cuir devint fouet, la laine du vêtement colla aux plaies ouvertes par les coups, causant des irritations telles que chaque mouvement m’était un supplice.
603.12 Tout, absolument tout a servi à torturer le Fils de Dieu. A l’heure où il était devenu Hostie offerte à Dieu, lui, par qui toute chose fut créée, les eut toutes contre lui. Non, Maria, rien n’a apporté le moindre réconfort à ton Jésus. A l’exemple de vipères féroces, tout ce qui existe s’en est pris à moi pour me mordre et accroître mon supplice.
Vous devriez penser à cela lorsque vous souffrez ; si vous comparez votre imperfection à ma perfection et ma souffrance à la vôtre, vous devriez reconnaître que le Père vous aime comme il ne m’a pas aimé, moi, en cette heure-là, et l’aimer de tout votre être, comme je l’ai aimé en dépit de sa sévérité. »
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Homélies - evangeli.net
«Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l`esprit»
Abbé Francesc CATARINEU i Vilageliu
(Sabadell, Barcelona, Espagne)
Aujourd'hui nous célébrons le premier jour du Triduum pascal. C'est donc le jour de la croix victorieuse, d'où Jésus nous a laissé le meilleur de Lui-même: Marie comme mère, le pardon —à ses bourreaux aussi— et la confiance totale en Dieu le Père. Nous l'avons entendu dans la lecture de la Passion d'après le témoignage de saint Jean, présent sur le Calvaire avec Marie, la Mère du Seigneur, et les saintes femmes. C'est un récit riche en symboles, où chaque petit détail a un sens. Mais le silence et l'austérité de l'Église, aujourd'hui, nous aident aussi à vivre dans un climat d'oraison, bien attentifs au don que nous célébrons. Devant ce grand mystère, nous sommes avant tout appelés à voir. La foi chrétienne ne consiste pas à révérer un Dieu lointain et abstrait que nous méconnaissons, mais dans l'adhésion à une Personne, vrai homme comme nous et aussi vrai Dieu. L'Invisible s'est fait chair de notre chair, il s'est fait homme jusqu'à la mort et à la mort sur une croix. Mais ce fut une mort acceptée pour le rachat de tous, une mort rédemptrice, une mort qui nous donne la vie. Ceux qui se trouvaient là et le virent, nous ont transmis les faits et, en même temps, nous découvrent le sens de cette mort. Nous nous sentons avant tout reconnaissants et plein d'admiration. Nous savons le prix de l'amour: «Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (Jn 15,13). La prière chrétienne ne consiste pas seulement à demander, mais —avant tout— à admirer avec reconnaissance. Jésus, pour nous, est un modèle qu'il faut imiter, c'est-à-dire reproduire en nous. Nous devons être des personnes qui aiment jusqu'à se donner et qui confient dans le Père en toute circonstance. Voilà qui contraste avec l'atmosphère indifférente de notre société; c'est pourquoi notre témoignage doit être plus courageux que jamais, car le don est à tous. Comme le dit Méliton de Sardes, «Il nous a fait passer de l'esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. Il est la Pâque de notre salut».
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Homélies - Père Gilbert Adam