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Chorale Belgo-Burundaise CSFA
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21 mai 2020

Évangile et Homélie du Jeudi 21 Mai 2020. Ascension du Seigneur

Lectures de la messe
Première lecture
« Tandis que les Apotres le regardaient, il s’éleva » (Ac 1, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Cher Théophile,
dans mon premier livre
j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné
depuis le moment où il commença,
    jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel,
après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions
aux Apôtres qu’il avait choisis.
    C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ;
il leur en a donné bien des preuves,
puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu
et leur a parlé du royaume de Dieu.

    Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux,
il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem,
mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père.
Il déclara :
« Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche :
    alors que Jean a baptisé avec l’eau,
vous, c’est dans l’Esprit Saint
que vous serez baptisés d’ici peu de jours. »
    Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient :
« Seigneur, est-ce maintenant le temps
où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »
    Jésus leur répondit :
« Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments
que le Père a fixés de sa propre autorité.
    Mais vous allez recevoir une force
quand le Saint-Esprit viendra sur vous ;
vous serez alors mes témoins
à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie,
et jusqu’aux extrémités de la terre. »

    Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient,
il s’éleva,
et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.
    Et comme ils fixaient encore le ciel
où Jésus s’en allait,
voici que, devant eux,
se tenaient deux hommes en vêtements blancs,
    qui leur dirent :
« Galiléens,
pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ?
Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous,
viendra de la même manière
que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

    – Parole du Seigneur.


Psaume 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9

Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre.

Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.
Sonnez pour notre Dieu, sonnez,
sonnez pour notre roi, sonnez !

Car Dieu est le roi de la terre :
que vos musiques l’annoncent !
Il règne, Dieu, sur les païens,
Dieu est assis sur son trône sacré.


 

Deuxième lecture
« Dieu l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux » (Ep 1, 17-23)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères,
    que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ,
le Père dans sa gloire,
vous donne un esprit de sagesse
qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître.
    Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur,
pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel,
la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles,
    et quelle puissance incomparable
il déploie pour nous, les croyants :
c’est l’énergie, la force, la vigueur
    qu’il a mise en œuvre dans le Christ
quand il l’a ressuscité d’entre les morts
et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux.
    Il l’a établi au-dessus de tout être céleste :
Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination,
au-dessus de tout nom
que l’on puisse nommer,
non seulement dans le monde présent
mais aussi dans le monde à venir.
    Il a tout mis sous ses pieds
et, le plaçant plus haut que tout,
il a fait de lui la tête de l’Église
    qui est son corps,
et l’Église, c’est l’accomplissement total du Christ,
lui que Dieu comble totalement de sa plénitude.

    – Parole du Seigneur.


 

Évangile (Mt 28, 16-20)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 28, 16-20)

    En ce temps-là,
    les onze disciples s’en allèrent en Galilée,
à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
    Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes.
    Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
    Allez ! De toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
    apprenez-leur à observer
tout ce que je vous ai commandé.
Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.



Homélie de Jean-Paul II - Ascension 2001

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l´épiscopat,
Très chers frères et soeurs!

1. Nous sommes rassemblés autour de l´autel du Seigneur pour célébrer son Ascension au Ciel. Nous avons écouté ses paroles: « Mais vous allez recevoir une force, celle de l´Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins […] jusqu´aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Depuis deux mille ans, ces paroles du Seigneur ressuscité poussent l´Eglise « au large » de l´histoire, la rendent contemporaine de toutes les cultures du monde.

Nous les écoutons à nouveau aujourd´hui pour accueillir avec une ferveur renouvelée l´impératif « duc in altum! – prends le large! » – que Jésus adressa un jour à Pierre: un impératif que j´ai voulu faire retentir dans toute l´Eglise dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte et qui, à la lumière de la solennité liturgique d´aujourd´hui, prend une signification encore plus profonde. L´altum vers lequel l´Eglise doit aller, n´est pas seulement un engagement missionnaire plus profond, mais, plus encore, un engagement contemplatif plus intense. Nous sommes également invités, comme les apôtres témoins de l´Ascension, à fixer le regard sur le visage du Christ, enveloppé par la splendeur de la gloire divine.

Assurément, contempler le ciel ne signifie pas oublier la terre. Si cette tentation nous venait à l´esprit, il nous suffirait d´entendre à nouveau les « deux hommes en robes blanches » de la page de l´Evangile d´aujourd´hui: « Pourquoi regardez-vous le ciel? ». La contemplation chrétienne ne nous exempte pas de l´engagement historique. Le « ciel » dans lequel Jésus a été assumé n´est pas un éloignement, mais une dissimulation et une protection d´une présence qui ne nous abandonne jamais, jusqu´à ce qu´Il vienne dans la gloire. Entre temps, c´est l´heure exigeante du témoignage, pour qu´au nom du Christ « le repentir en vue de la rémission des péchés soit proclamé à toutes les nations » (cf. Lc 24, 47).

2. C´est précisément pour raviver cette conscience, que j´ai voulu convoquer le Consistoire extraordinaire qui se termine aujourd´hui. Les Cardinaux du monde entier, que je salue avec une affection fraternelle, se sont réunis au cours de ces journées avec moi, pour affronter certains des thèmes les plus importants de l´évangélisation et du témoignage chrétien dans le monde d´aujourd´hui, au début d´un nouveau millénaire. Il s´est agi tout d´abord pour nous d´un moment de communion, au cours duquel nous avons ressenti un peu de cette joie qui envahit l´âme des apôtres, après que le Ressuscité, les bénissant, se soit détaché d´eux pour monter au ciel. Luc dit en effet que « s´étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient constamment dans le temple à bénir Dieu » (Lc 24, 52-53).

La nature missionnaire de l´Eglise plonge ses racines dans cette icône des origines. Elle en porte les traits. Elle en repropose l´esprit. Elle le repropose en commençant par l´expérience de la joie, que le Seigneur Jésus a promise à ceux qui l´aiment: « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jn 15, 11). Si notre foi dans le Seigneur ressuscité est vivante, l´âme ne peut être que comblée de joie, et la mission se présente comme un « débordement » de joie, qui nous pousse à apporter à tous la « belle nouvelle » du salut avec un courage exempt de peurs et de complexes, même si cela devait être au prix du sacrifice de notre vie.

La nature missionnaire de l´Eglise, qui part du Christ, trouve son soutien dans la collégialité épiscopale et est encouragée par le Successeur de Pierre, dont le ministère vise à promouvoir la communion dans l´Eglise, en garantissant l´unité dans le Christ de tous les fidèles.

3. Ce fut précisément cette expérience qui fit de Paul l´ »Apôtre des nations », le conduisant à parcourir une grande partie du monde alors connu, sous l´impulsion d´une force intérieure qui l´obligeait à parler du Christ: « Vae mihi est si non evangelizavero – Oui, malheur à moi si je n´annonçais pas l´Evangile! » (1 Co 9, 16). J´ai voulu moi aussi, au cours du récent pèlerinage apostolique en Grèce, en Syrie et à Malte, me mettre sur ses traces, en complétant presque, de cette façon, mon pèlerinage jubilaire. J´ai fait l´expérience, au cours de celui-ci, de la joie de partager avec une admiration affectueuse divers aspects de la vie de nos biens-aimés frères catholiques orientaux et de voir s´ouvrir de nouvelles perspectives oecuméniques dans les relations avec nos frères orthodoxes, que nous aimons tout autant: avec l´aide de Dieu, des pas significatifs ont été accomplis vers l´objectif espéré de la pleine communion.

La rencontre avec les musulmans a également été belle. De même qu´au cours de mon pèlerinage tant désiré sur la Terre du Seigneur, accompli au cours du grand Jubilé, j´ai eu l´occasion de souligner les liens particuliers de notre foi avec celle du peuple juif, ainsi, le moment du dialogue avec les fidèles de l´Islam a été très intense. En effet, le Concile Vatican II nous a enseigné que l´annonce du Christ, unique Sauveur, ne nous empêche pas, mais au contraire nous suggère, d´avoir des pensées et des gestes de paix envers les croyants appartenant à d´autres religions (cf. Nostra aetate, n. 2).

4. Vous serez mes témoins! Ces paroles de Jésus aux apôtres, avant l´Ascension, déterminent bien le sens de l´évangélisation de toujours, mais elles retentissent de façon particulièrement actuelle à notre époque. Nous vivons à une époque où la parole est surabondante, multipliée de façon invraisemblable par les moyens de communication sociale, qui ont un grand pouvoir sur l´opinion publique, tout autant en bien qu´en mal. Mais la parole dont nous avons besoin est celle qui est riche de sagesse et de sainteté. C´est pourquoi j´ai écrit dans Novo millennio ineunte que « la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté » (n. 30), cultivée dans l´écoute de la Parole de Dieu, dans la prière et dans la vie eucharistique, en particulier à l´occasion de la célébration hebdomadaire du « Dies Domini ». Ce n´est que grâce au témoignage de chrétiens véritablement engagés à vivre l´Evangile de façon radicale que le message du Christ peut pénétrer dans notre monde.

L´Eglise doit aujourd´hui affronter d´immenses défis, qui mettent à l´épreuve la confiance et l´enthousiasme des annonciateurs. Il ne s´agit pas seulement de problèmes « quantitatifs », dus au fait que les chrétiens constituent une minorité, alors que le processus de sécularisation continue à miner la tradition chrétienne, également dans des pays d´antique évangélisation. Des problèmes encore plus graves découlent d´un changement général du panorama culturel, dominé par la primauté des sciences expérimentales inspirées des critères de l´épistémologie scientifique. Même lorsqu´il se montre sensible à la dimension religieuse et qu´il semble justement la redécouvrir, le monde moderne accepte tout au plus l´image du Dieu Créateur, alors qu´il trouve difficile d´accueillir – comme cela arriva aux auditeurs de Paul à l´aréopage d´Athènes (cf. Ac 17, 32-34) – le « scandalum crucis » (cf. 1 Co 23), le « scandale » d´un Dieu qui, par amour, entre dans notre histoire et se fait homme, mourant et ressuscitant pour nous. Il est facile de comprendre le défi que cela comporte pour les écoles et les Universités catholiques, ainsi que pour les centres de formation de philosophie et de théologie des candidats au sacerdoce, des lieux dans lesquels il faut offrir une préparation culturelle qui soit à la hauteur du moment culturel présent.

Des problèmes supplémentaires dérivent du phénomène de la mondialisation qui, si elle offre l´avantage de rapprocher les peuples et les cultures, en rendant plus accessibles à chacun d´innombrables messages, ne facilite cependant pas le discernement et une synthèse mûre, favorisant une attitude relativiste qui rend plus difficile d´accepter le Christ comme « chemin, vérité et vie » (Jn 14, 6) pour chaque homme.

Que dire ensuite de ce qui apparaît dans le domaine des interrogations morales? Jamais autant qu´aujourd´hui, en particulier sur le plan des grands thèmes de la bioéthique, ainsi que sur celui de la justice sociale, de l´institution familiale, de la vie conjugale, l´humanité n´a été interpellée par des questions graves, qui remettent en question son destin lui-même.

Le Consistoire a longuement réfléchi sur certaines de ces questions, en développant des analyses approfondies et en proposant des solutions réfléchies. Plusieurs questions seront reprises lors du prochain Synode des Evêques, qui s´est révélé être un instrument valable et efficace de la collégialité épiscopale, au service des Eglises locales. Je vous suis reconnaissant, vénérés frères Cardinaux, des contributions précieuses que vous venez d´offrir: à partir de cellesci, j´entends tirer des orientations concrètes opportunes, pour que l´action pastorale et évangélisatrice dans toute l´Eglise se développe dans un objectif missionnaire, avec une pleine conscience des défis d´aujourd´hui.

5. Le mystère de l´Ascension nous ouvre aujourd´hui l´horizon idéal dans lequel cet engagement doit se placer. C´est tout d´abord l´horizon de la victoire du Christ sur la mort et sur le péché. Il monte au ciel comme roi d´amour et de paix, source de salut pour l´humanité tout entière. Il monte pour « paraître maintenant devant la face de Dieu en notre faveur », comme nous l´avons écouté dans l´Epître aux Hébreux (9, 24). Ce qui nous vient de la Parole de Dieu est une invitation à la confiance: « Celui qui a promis est fidèle » (He 10, 23).

En outre, l´Esprit que le Christ a répandu sans limites, nous donne de la force. L´Esprit est le secret de l´Eglise d´aujourd´hui, comme il l´a été pour l´Eglise de la première heure. Nous serions condamnés à l´échec, si la promesse faite par Jésus aux premiers apôtres ne continuait pas à être valable pour nous: « Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu´à ce que vous soyez revêtus de la force d´en-haut » (Lc 24, 49). L´Esprit, le Christ, le Père: toute la Trinité est engagée avec nous!

Oui, chers frères et soeurs! Nous ne serons pas seuls à parcourir le chemin qui nous attend. Nous sommes accompagnés par les prêtres, les religieux et les laïcs, jeunes et adultes, sérieusement engagés pour donner à l´Eglise, sur l´exemple de Jésus, un visage de pauvreté et de miséricorde en particulier à l´égard des plus indigents et des laissés-pour-compte, un visage qui doit resplendir grâce au témoignage de la communion dans la vérité et dans l´amour. Nous ne serons pas seuls, en particulier parce que la Très Sainte Trinité sera avec nous. Les engagements que j´ai confiés comme consigne à toute l´Eglise dans Novo millennio ineunte, les problèmes sur lesquels le Consistoire a réfléchi, ne seront pas affrontés uniquement avec des forces humaines, mais avec la puissance qui vient d´ »en-haut ». Telle est la certitude qui trouve sans cesse sa confirmation dans la contemplation du Christ monté au ciel. En Le regardant, nous accueillons volontiers l´avertissement de l´Epître aux Hébreux, à garder « indéfectible la confession de l´espérance, car celui qui a promis est fidèle » (10, 23).

Notre engagement renouvelé devient chant de louange, alors qu´avec les paroles du Psaume, nous indiquons à tous les peuples du monde le Christ ressuscité et monté au ciel: « Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu en éclats de joie […] C´est [Dieu] le roi de toute la terre » (Ps 46/47, 1.8).

C´est donc avec une confiance renouvelée que « nous prenons le large » en son nom!

Homélie de Jean-Paul II, CITE DU VATICAN, Jeudi 31 mai 2001 (ZENIT.org)

https://fr.zenit.org



Homélie de Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège. Ascension 2020

Chers Frères et Sœurs,

Nous voici quarante jours après Pâques pour fêter l’Ascension de Jésus. Quarante jours, c’est l’espace de temps pendant lequel Jésus est apparu à ses disciples, d’après les Actes des Apôtres. Quarante est un chiffre symbolique, qui dans la Bible signifie la nouveauté, la transition d’une situation vers une autre. Pourquoi ? Parce que 40, c’est le nombre de jours qui séparent la pleine lune de la nuit sans lune du mois suivant. Ainsi Pâques tombe toujours à la pleine lune, et l’Ascension, quarante jours plus tard, tombe à une nuit sans lune, ce qu’on appelle aussi la nouvelle lune. Allez voir le ciel ce soir : vous verrez que la lune n’y est pas visible : on attend la nouvelle lune. Quarante, c’est donc le passage du blanc au noir, ou du noir au blanc. C’est souvent le signe d’un changement positif. Pensons aux quarante ans de séjour du peuple d’Israël dans le désert à sa sortie d’Égypte. Après 40 ans le peuple a découvert la Terre promise. Pensons aux quarante jours de Jésus au désert : c’était un moment de tentation et d’épreuve, dont Jésus est sorti vainqueur et qui lui a permis de commencer sa mission. Mais qu’en est-il des quarante jours après Pâques ? Pour Jésus, c’est le temps de la gloire, c’est-à-dire de l’élévation vers Dieu son Père. C’est le moment de révélation de sa nature divine. En effet, la hauteur, le ciel, la nuée, ce sont toutes des symboles pour dire Dieu, dans sa grandeur et dans son universalité. L’Ascension signifie que Jésus – le crucifié de Jérusalem – est dans la grandeur de Dieu.

Mais pour les disciples, c’est une épreuve. Car la présence de Jésus ressuscité, déjà limitée aux moments des apparitions, cesse définitivement de manière tangible.  On ne peut plus voir Jésus physiquement. Ainsi des anges disent aux disciples (Ac 1,11) : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »

Cette épreuve des disciples me fait penser aux épreuves que nous vivons en ce temps de coronavirus. On est dans le flou, on ne sait pas trop ce qu’il faut croire, ce qu’il faut faire. On est dans la peur et dans l’incertitude. Certains affrontent les souffrances de la maladie ; d’autres se dévouent pour les soigner et pour les soulager. C’est cela aussi que vivaient les disciples après la résurrection de Jésus. Certes Jésus leur est apparu ; mais souvent il n’était pas là visiblement. Les disciples étaient comme Thomas : ils doutaient de leur foi. Ils devaient s’épauler mutuellement pour affronter le danger de la situation. Les disciples restaient menacés, enfermés. Ils ne sortiront qu’à la Pentecôte.

Ils ont dû affronter l’inconnu, l’incertitude ! Je pensais à cela quand je composais cette homélie et je suivais d’une oreille distraite une émission de TV sur KTO, qui était consacrée au philosophe français Jacques Maritain. J’entends que celui-ci était non-croyant dans sa jeunesse et que sa femme Raïssa était en recherche de sens pour sa vie. Alors, ils ont réagi et Raïssa témoigne de cela dans son Journal : « Nous décidâmes donc de faire pendant quelque temps encore confiance à l’inconnu ». « Faire confiance à l’inconnu » : c’est sur base qu’ils se sont convertis et Jacques Maritain est devenu un des plus grands philosophes chrétiens, et même ami du pape Paul VI.

Je me dis que nous aussi, dans le monde d’aujourd’hui, nous devons faire confiance à l’inconnu. Nous devons avancer, même si l’avenir est inconnu et mystérieux. C’est ainsi que les apôtres ont réagi à l’ascension de Jésus : ils ont été perturbés, mais ils ont fait confiance à Jésus devenu inconnu, invisible. Le ciel noir de l’Ascension, la nuit sans lune, c’est aussi l’annonce de la nouvelle lune, de la nouvelle lumière qui va venir.

C’est pourquoi des anges ont dit aux disciples : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière ». Jésus allait revenir dans leur vie, d’une façon nouvelle, par l’Esprit Saint, lors de la Pentecôte. De même Jésus vient dans nos vies par son Esprit aujourd’hui.

Ce qui a pu consoler les disciples, c’est de penser que Jésus, par son ascension, a introduit mystérieusement dans la vie divine son corps crucifié, avec ses traces des souffrances. L’Ascension, c’est le signe que l’humanité de Jésus avec son corps meurtri et blessé, est prise dans le sein de Dieu. « Les plaies restent pour toujours dans le corps du Christ », disait saint Cyprien (De baptismo Christi).

Dans notre situation de souffrance actuelle et dans notre partage de la souffrance des autres, nous avons la consolation de savoir que la souffrance est aussi présente au cœur de Dieu et qu’il nous délivre de l’aspect définitif de la souffrance pour nous faire partager une joie définitive. Alors, nous aussi, comme Raïssa et Jacques Maritain, « faisons confiance à l’inconnu », à la nouvelle lune de l’Ascension. Ne nous laissons pas abattre par les épreuves et gardons confiance dans la présence invisible du Christ. Vivons ce 40e jour après Pâques comme un temps de changement positif, une sortie d’épreuve, une libération en vue d’un monde meilleur. Sachons en témoigner autour de nous ! Comme dit Jésus aux disciples : « Vous serez mes témoins à Jérusalem… et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8).

Jésus chasse de nos vies l’immobilisme, le découragement, la résignation. Il nous donne une force pour changer le monde. Et rappelons-nous toujours sa dernière parole, d’après l’évangéliste Matthieu : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Bonne fête de l’Ascension à chacun!

 

Homélie de Mgr Jean-Pierre Delville

https://www.evechedeliege.be


 


Homélies - Abbé Philippe Link

Si nous restons seulement au seuil de cette fête de l’Ascension, il se pourrait qu’elle nous paraisse fade et désuète. C’est ainsi de tous les mystères divins : ils ne peuvent se goûter que de l’intérieur !

 Pour entrer de plain-pied dans la fête, prenons le temps de faire mémoire de la marche que le Seigneur nous a fait faire dans les terres arides de notre condition terrestre.



Pendant quarante jours de carême et de repentir, nous avons fait face à notre péché, nous avons senti le poids de nos fautes ; et cette marche laborieuse n’avait d’autre but que de nous libérer.

 La marche du carême sans l’entrée dans la Pâques serait pure folie !
L’ascèse n’a qu’un seul but : la conversion. La Passion est la porte d’entrée dans la vie nouvelle de la Résurrection.

 Pourtant, pour les disciples, le matin de Pâques n’est pas un terminus !
Ils ne sont pas encore entrés dans le lieu du repos, le pays ruisselant de lait et de miel promis au peuple hébreux.



Pâques commence par les bouleverser. Ils goûtent déjà la joie, mais ils leur faut encore du chemin pour y entrer pleinement.

 Pendant quarante jours, Jésus ressuscité va leur apparaître 
pour leur parler du Royaume de Dieu, pour les préparer à un autre passage.

 Nous aussi, nous avons marché avec eux, tout au long de ces quarante jours du temps pascal.
 Quarante jours pour être enseignés sur l’Église, à partir de la lecture des Actes des Apôtres. Quarante jours pour être initiés aux «choses d’en haut» ;
car ainsi que nous le dit l’apôtre Paul :
«Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est désormais le Christ assis à la droite du Père. Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre» (Col 3,1-2).



Le Fils de Dieu est venu parmi nous non seulement pour que nous vivions de sa vie dans notre vie terrestre, mais pour que nous vivions avec lui dans le Royaume céleste.

 Il est allé nous préparer une demeure dans la maison de son Père (cf. Jn 14,2),
et c’est pour que nous y demeurions avec lui, non pour que nous restions orphelins sur la terre.

 Au moment où Jésus se sépare de ses disciples, il leur donne ainsi la feuille de route de leur vie terrestre : « Allez, de toutes les nations faites des disciples,…et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés ».

Allez, rassemblez la famille humaine en mon nom, attirez tous les hommes à moi, car la demeure que je vous prépare n’a qu’une seule table, pour que tous les hommes partagent un seul banquet : celui des noces de l’humanité avec son Créateur.



L’appel de Dieu nous introduit dans une espérance inouïe : le partage de sa gloire dans un même amour. Et cette espérance est déjà une réalité : c’est le Christ Jésus, qui nous rassemble en lui auprès du Père.

Abbé Philippe Link

https://carrefours.alsace



Homélies regnumchristi

Prière

« Quand ils le virent, ils se prosternèrent. » Tu es avec moi mon Dieu. J’ai foi en toi, j’espère en toi et je t’aime.

Demande

Dieu le Père, donne-moi ton esprit de sagesse pour que je te connaisse et que j’accueille de plus en plus cette vie éternelle, cette communion avec toi et avec mes frères que tu veux me donner.

Réflexion

1. Cette fête de l’Ascension que la liturgie nous donne à contempler et qui s’actualise pour nous en ce jour pose les fondements de notre être disciple-missionnaire pour reprendre l’expression chère à notre pape François. Tout d’abord disciple car le Christ invite les apôtres à faire de toutes les nations des disciples en les baptisant. Être disciple, c’est avant tout recevoir le baptême, c’est-à-dire être plongé dans le Christ, devenir un membre de son corps, être greffé à lui comme le sarment à la vigne. Il est là où nous sommes, comme il le dit à la fin de cet Évangile, et nous sommes là où il est. « De même que lui est monté, mais sans s'éloigner de nous, de même sommes-nous déjà là-haut avec lui, et pourtant ce qu'il nous a promis ne s'est pas encore réalisé dans notre corps. » (Saint Augustin) Soyons sûrs que par notre baptême nous sommes déjà ressuscités avec le Christ, nous sommes déjà unis au Père, même si nous ne le sommes pas encore en plénitude.

2. Cette sainteté, ou pour le dire autrement cette plénitude à laquelle Dieu nous appelle, se réalise par la communion et c’est l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est le don que Dieu le Fils nous envoie pour que nous gardions ses commandements. Sans l’Esprit Saint, sans l’amour comment répondre au commandement de l’amour que le Christ nous laisse, comment vivre les béatitudes, comment redevenir un petit enfant pour reprendre le dialogue entre Jésus et Nicodème ? Célébrer l’Ascension, c’est en quelque sorte appuyer sur le bouton de l’ascenseur, c’est appeler l’Esprit Saint, c’est se préparer à la Pentecôte. Cette œuvre de communion qu’il opère en nous, l’Esprit la mène aussi dans le monde pour ramener tous les hommes au Christ. Jésus veut rassembler tous les membres de son corps auprès du Père. « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes. » (Mt 23, 37) a-t-il dit ! Il veut que nous soyons un comme lui et son Père sont un. Cette fête de l’Ascension nous rappelle le désir du Christ : que nous parvenions tous ensemble à la vie éternelle qui est de le connaître et de connaître celui qui l’a envoyé. En ce jour de l’Ascension et à chaque Eucharistie au moment de l’envoi, écoutons ce désir du Christ.

3. Soyons donc missionnaires selon son cœur en ayant dans le nôtre ces deux phrases qu’il nous laisse comme bâton et comme sandale : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » ; « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Dialogue avec le Christ

Seigneur, tu règnes déjà sur ton trône de gloire et il te tarde d’y voir tous tes fils unis dans une même louange et action de grâce. Tu m’as choisi comme ton disciple et ton apôtre. Montre-moi la route que tu veux emprunter avec moi pour que j’annonce ton nom et te glorifie !

Résolution

Répéter une phrase de l’Évangile d’aujourd’hui ou ce verset plusieurs fois dans la journée : « Tous les peuples, battez des mains. Acclamez Dieu par vos cris de joie ! »

Jeanne Mendras, consacrée de Regnum Christi

http://www.regnumchristi.fr



 

MÉDITER AVEC LES CARMES

Saint Paul écrivait aux chrétiens de Colosses : "Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en haut, là où se trouve le Christ assis à la droite de Dieu" ( Col 3,1). Or, dans le récit de l'ascension de Jésus, les messagers s'adressent aux disciples en leur disant : "Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?"

Serait-ce donc que saint Luc contredit saint Paul ? Regarder le ciel, est-ce notre devoir, ou est-ce un luxe qui nous démobilise ? En relisant l'Écriture, en pénétrant davantage dans le mystère de l'Ascension, nous pouvons répondre : tout dépend de la qualité de notre regard.

Si nous regardons vers le ciel comme des gens frustrés et des orphelins, si nous scrutons le ciel vide comme Marie de Magdala fouillait des yeux le tombeau vide, et surtout si notre regard déçu nous tient lieu de réponse au mystère, alors nous encourons le reproche des messagers : "Pourquoi restez-vous là plantés à regarder le ciel ?"

 Mais si notre regard est un regard de foi, tout change ! Si nous disons : "Seigneur, de là où je suis, je te rejoins par la foi dans la gloire où tu es ; Seigneur, tu es assis pour toujours à la droite de Dieu, tu vis assis, glorieux, et rien ni personne ne te fera lever jusqu'à la fin des temps ; Seigneur, je le crois, tout pouvoir t'a été donné au ciel et sur la terre."

Si notre regard dit cela au Christ Seigneur, alors ne nous lassons pas de rechercher les choses d'en haut, là où notre amour retrouve le Christ, assis à la droite de Dieu, pour le repos et pour une œuvre incessante dans le cœur  des hommes. Si notre regard est porteur d'espérance, alors il rend gloire à Dieu et à son Christ. La dernière image que les disciples ont gardée dans les yeux, c'est celle de Jésus, les mains levées, bénissant, et c'est en bénissant qu'il a été emporté au ciel, c'est-à-dire dans le monde de la gloire, dans le monde de Dieu. 

La dernière parole qu'ils ont entendue de la bouche du Ressuscité, c'est : "Je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps". "Vous êtes mes témoins pour toutes les nations … Vous allez recevoir la force d'en haut". Et c'est pourquoi le départ de Jésus, son départ définitif, (après ses quarante jours d'apparitions), loin de nous laisser tristes et paralysés, galvanise toutes les forces de notre fidélité, car nous savons ce que Jésus glorieux attend de nous :

- tout d'abord demeurer dans la ville : resserrer dans la joie nos liens d'Église, les liens de sa communauté - puis bénir Dieu ensemble dans son temple - attendre ensemble le moment où, d'en haut, nous serons "revêtus de puissance", c'est-à-dire : attendre la promesse de Dieu, l'Esprit Paraclet, unanimes dans la prière avec la Mère de Jésus - et puis partir... Partir sur place, laisser partir au loin notre amour jusqu'aux confins de l'œuvre du Christ, jusqu'aux extrémités du monde, jusqu'au dernier village où l'Évangile est annoncé ; et, plus immédiatement repartir chaque jour pour vivre l'Évangile et témoigner de Jésus, au milieu de ceux qu'il nous donne à aimer, à comprendre, à porter : les petits, qui entendent si peu parler de Dieu et de son Christ, les jeunes, qui ont tant besoin de nous voir espérer, l'époux ou l'épouse, trop souvent  renvoyé(e) à sa solitude, parce qu'on laisse grandir au foyer des habitudes d'égoïsme ou des réflexes d'agressivité, le frère ou la sœur, dans la communauté, isolé(e) dans sa fidélité ou dans sa souffrance, et qui a l'impression de n'exister pour personne.

Oui, partons avec la force d'en haut, et quand la fatigue survient, quand le courage fléchit, quand la joie de servir risque de nous quitter, regardons là-bas, regardons le ciel. 

Jésus, les bras levés, nous suit du regard et nous bénit.

https://www.mariedenazareth.com



Homélies - evangeli.net

«Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre»

Aujourd'hui il nous est donné de contempler la bénédiction par les mains – ce dernier geste du Seigneur sur terre (Lc 24,51). Ou bien ces empreintes gravées sur un monticule – le dernier signe visible du passage de Dieu sur notre terre. Il arrive parfois que ce monticule soit représenté comme une roche, et l’empreinte de ses pas reste gravée non pas sur la terre, mais bien sur le roc. Comme si l’allusion était faite à cette pierre qu’Il avait annoncée et qui bientôt sera scellée par le vent et le feu de la Pentecôte. Depuis l’Antiquité, l’iconographie emploie ces symboles suggestifs, notamment ce nuage mystérieux – ombre et lumière tout à la fois- qui accompagne tant de manifestations de Dieu depuis l’Ancien Testament. Le visage du Seigneur nous éblouira.

Saint Léon le Grand nous aide à méditer cet évènement : « ce qui était visible en notre Sauveur est passé dans ses mystères ». Dans quels mystères? Ceux-là mêmes qu’Il a confiés à son Église. Le geste de sa bénédiction se déploie dans toute la liturgie, les traces sur la terre marquent le chemin des sacrements. Et ce chemin nous conduit à la plénitude de la rencontre définitive avec Dieu.

Au cours de ces quarante jours, les Apôtres auront eu le temps de s’habituer à cette autre façon d’être du Maître –comme nous le rapportent les exégètes- Il « n’apparaît » pas, mais –selon une traduction fidèle- Il se « laisse voir ». Ainsi, au moment de cette dernière rencontre, l’étonnement ressurgit. Car ils découvrent que dorénavant, non seulement ils annonceront la Parole, mais ils insuffleront la vie et la santé, avec le geste visible et la parole audible, par le baptême et par tous les autres sacrements.

“Toute autorité m’a été donnée au ciel et sur la terre” (Mt 28,18). Tout pouvoir.... Aller vers toutes les Nations... Et enseigner à observer tout... Et Il sera avec eux – avec son Église, avec nous- tous les jours jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28,19-20). Ce “tout” retentit à travers l’espace et le temps, nous réaffirmant dans notre espérance.

http://evangeli.net/evangile

+Abbé Josef ARQUER (Berlin, Allemagne)



Homélies - Père Gilbert Adam

"Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Devant les doutes qui sont en nous, Jésus nous fait entrer dans la patience de Dieu, dans sa tendresse et sa miséricorde. Le temps d’une longue patience commence. Jésus est avec nous, différemment. C’est un monde nouveau qui se crée doucement devant les yeux des apôtres. Le monde de la Résurrection est l’œuvre pour la conversion de chacun. La douceur vaincra, elle conciliera les oppositions intérieures et extérieures par la force de l’Esprit Saint. Il nous faut nous ouvrir, nous aimer de son Amour. Pendant quarante jours, Jésus est apparu aux disciples, il leur a dit : Je vous enverrai ce que le Père a promis, l’Esprit Saint. C’est désormais sa Vie que Jésus nous donne. Accepter un dépassement de nous mêmes pour nous mettre au rythme de l’amour de Dieu n’est pas si facile ! « Mon Dieu je crois, mais augmente ma foi. » La Résurrection de Jésus s’impose à nous, et cependant, il y a ce que nous avons à faire, et que nous voulons faire.

"Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Jésus nous propose de redécouvrir notre appel en lui, à la lumière de sa Résurrection. Notre volonté peut se fondre dans le pouvoir sans limite de Jésus qui nous est donné. Le Père nous donne Jésus ressuscité, il a agit sur la terre, il va agir du ciel. Jésus, élevé dans la gloire après son abaissement, nous envoie annoncer la bonne nouvelle. Il veut nous entraîner à sa suite, pour permettre à l’humanité de vivre de son amour. Jésus est l’unique, le bien-aimé du Père. Nous devenons nous aussi les enfants du Père. Quand Dieu prend chair de la Vierge Marie, Il fait entrer l’humanité dans l’amour de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Nous sommes situés dans l’amour éternel de Jésus qui vient, vit, souffre, meurt, et ressuscite : « L’ascension de ton Fils est déjà notre victoire, prie la liturgie. » Nous vivons dans la foi, l’espérance et dans la charité car nous sommes le corps du Christ, l’épouse bien-aimée de l’Agneau.

"Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit," apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. La charité de Jésus a traversé la mort violente et l’injustice, elle se fait douceur, encouragement, accueil de la volonté du Père. Devenir disciple de Jésus élevé "au-dessus de tout," est une ascension de notre condition humaine. "Notre vie, dira l’apôtre Paul, est désormais dans le Christ." Elle est cachée dans le cœur de Dieu. Nous voulons entrer dans la volonté de Jésus qui exprime son désir pour nous. Il nous faut une grande foi pour annoncer un tel amour de Dieu. Les dons de Dieu nous donnent de vivre dans l’Esprit Saint. En mission sur terre en ce temps, nous sommes déjà, dans la foi, avec Jésus ressuscité emporté au ciel. Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, nous emporte avec lui. Désormais notre vie est en lui, dans la foi, l’espérance et l’amour, elle est assumée par l’instant éternel de Dieu. Le Mystère du Dieu Trinité peut s’inscrire en toute chair : « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Nous voulons grandir dans ce mystère de la vie de Jésus qui a pris chair de la Vierge Marie, qui s’est incarné : "Il est venu, il a souffert, il est mort, il est ressuscité."

Nous demandons la grâce d’annoncer Jésus pour être fortifiés dans notre foi.

Père Gilbert Adam

http://www.pere-gilbert-adam.org



Evangile au Quotidien

L'Ascension du Christ au ciel

L’Ascension du Christ fut conforme à la raison (…) pour trois motifs : premièrement, le ciel lui était dû à cause de sa nature. Car il est conforme à la nature que chaque être retourne là d’où il tire son origine. Or le Christ tire son origine de Dieu, qui est au-dessus de tout. Jésus dit en effet à ses Apôtres (Jn 16, 28) : « Je suis sorti du Père et je suis venu au monde : maintenant je quitte le monde et je vais au Père. » (…)

Les saints aussi montent au ciel, cependant ils n’y montent pas de la même manière que le Christ ; le Christ en effet s’est élevé aux cieux de sa propre puissance, mais les saints s’y élèvent comme entraînés par le Christ. Aussi lui disons-nous avec l’épouse du Cantique (1, 3) : « Seigneur, entraîne-nous à ta suite. » On peut dire également que personne ne monte au ciel si ce n’est le Christ. Le Christ en effet est la Tête de l’Église, et les saints ne montent au ciel que parce qu’ils sont ses membres. Deuxièmement, le ciel était dû au Christ Jésus en raison de sa victoire.

Le Christ en effet fut envoyé dans le monde pour lutter contre le diable, et il sortit victorieux du combat : « Moi, j’ai été vainqueur, dit Jésus (Ap 3,21), et je suis allé siéger avec mon Père sur le trône. » Enfin, le Christ méritait d’être au ciel à cause de son humilité. En effet, aucune humilité n’est aussi grande que celle du Christ, car alors qu’il était Dieu, il voulut devenir homme ; alors qu’il était Seigneur, il voulut prendre la condition de l’esclave, se rendant obéissant jusqu’à la mort (cf. Ph 2,7) et il descendit jusqu’en enfer : aussi mérita-t-il d’être exalté jusqu’au ciel, au trône de Dieu.

L’humilité en effet est la voie qui conduit à l’exaltation. « Celui qui s’abaisse, dit le Seigneur, (Lc 14, 11) sera élevé, et saint Paul écrit aux Éphésiens (4, 10) : « Celui qui est descendu, c’est le même qui est aussi monté par-delà tous les cieux.

http://levangileauquotidien.org

Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) théologien dominicain, docteur de l'Église
Commentaire du Credo (Le Credo; trad. par un moine de Fontgombault; collection Docteur Commun; Nouv. éd. latines, 1969; p. 137.139; rev.)



Récit de l'Ascension dans la vision de Maria Valtorta

 

 638.7 Une fois le repas fini, Jésus ouvre les mains au-dessus de la table en faisant son geste habituel devant un fait inéluctable, et il dit :

     « Voici venue l’heure où je dois vous quitter pour retourner vers mon Père. Ecoutez les dernières paroles de votre Maître.

     Ne vous éloignez pas de Jérusalem ces jours-ci. Lazare, à qui j’ai parlé, a veillé une fois encore à réaliser les désirs de son Maître : il vous cède la maison de la dernière Cène pour que vous ayez une demeure où réunir l’assemblée et vous recueillir en prière. Restez à l’intérieur pendant ces jours, et priez avec assiduité pour vous préparer à la venue de l’Esprit Saint qui vous perfectionnera pour votre mission. Rappelez-vous que moi, qui pourtant suis Dieu, je m’étais préparé par une sévère pénitence à mon ministère d’évangélisateur. Ce sera toujours plus facile et plus court pour vous. Je n’exige rien d’autre de vous. Il me suffit que vous priiez assidûment, en union avec les soixante-douze disciples et sous la conduite de ma Mère, que je vous recommande avec l’empressement d’un fils. Elle sera pour vous une mère et une maîtresse d’amour et de sagesse parfaite.

     J’aurais pu vous envoyer ailleurs pour vous préparer à recevoir l’Esprit Saint, mais je tiens à ce que vous restiez ici, car c’est Jérusalem négatrice qui doit s’étonner de voir se continuer les prodiges divins, accomplis pour répondre à ses réfutations.

     Plus tard, l’Esprit Saint vous fera comprendre la nécessité que l’Eglise surgisse précisément dans cette ville qui, d’un point de vue humain, est la plus indigne de la posséder. Mais Jérusalem, c’est toujours Jérusalem, même si le péché y est à son comble et si c’est ici qu’a eu lieu le déicide. Cela ne lui servira à rien. Elle est condamnée. Mais si elle est condamnée, tous ses habitants ne le sont pas. Restez ici pour les rares justes qui s’y trouvent. Restez-y parce que c’est la cité royale et la cité du Temple. Comme les prophètes l’ont prédit ici, où le Roi Messie a été oint et acclamé et où il s’est levé, c’est à Jérusalem que doit commencer son règne sur le monde, et c’est ici encore, où la synagogue a reçu de Dieu le libelle de répudiation à cause de ses crimes trop horribles, que doit surgir le Temple nouveau vers lequel accourront toutes les nations.

     Relisez les prophètes : ils ont tout prédit. Ma Mère d’abord, puis l’Esprit Paraclet, vous feront comprendre les paroles des Prophètes pour cette époque.

     638.8 Restez ici jusqu’au moment où Jérusalem vous répudiera comme elle m’a répudié, et haïra mon Eglise comme elle m’a haï, en fomentant de noirs desseins pour l’exterminer. Alors portez ailleurs le siège de cette Eglise que j’aime, car elle ne doit pas périr.

     Je vous le répète : l’enfer même ne prévaudra pas sur elle. Mais si Dieu vous assure de sa protection, ne tentez pas le Ciel en exigeant tout du Ciel.

     Allez en Ephraïm comme votre Maître y est allé, parce que ce n’était pas l’heure pour lui d’être pris par ses ennemis. Sous ce nom d’Ephraïm, j’entends une terre d’idoles et de païens. Mais ce ne sera pas Ephraïm de Palestine que vous devez choisir comme siège de mon Eglise. Rappelez-vous combien de fois je vous ai parlé de cela, à vous tous ou à l’un de vous en particulier, et je vous ai prédit qu’il vous faudrait fouler les routes de la terre pour arriver à son cœur et fixer là mon Eglise. C’est du cœur de l’homme que le sang se diffuse dans tous les membres. C’est du cœur du monde que le christianisme doit se propager sur toute la terre.

     Pour l’heure, mon Eglise est semblable à une créature déjà conçue, mais qui se forme encore dans la matrice. Jérusalem est cette matrice. Son cœur encore menu répand ses petites ondes de sang aux membres peu nombreux de l’Eglise naissante. Mais une fois arrivée l’heure marquée par Dieu, la matrice marâtre expulsera la créature qui s’est formée en son sein. Celle-ci partira vers une terre nouvelle, où elle grandira pour devenir un grand Corps qui s’étendra sur toute la terre, et les battements du cœur de l’Eglise devenu fort se propageront dans tout son grand Corps. Le cœur de l’Eglise, affranchie de tout lien avec le Temple, éternelle et victorieuse sur les ruines du Temple détruit, battra au cœur du monde pour dire aux juifs comme aux païens que Dieu seul triomphe et veut ce qu’il veut, et que ni la haine des hommes ni les troupes d’idoles n’arrêtent sa volonté.

     Mais cela viendra par la suite, et en ce temps-là vous saurez quoi faire. L’Esprit de Dieu vous conduira. Ne craignez pas.

     Pour le moment, réunissez à Jérusalem la première assemblée de fidèles. Puis d’autres assemblées se formeront à mesure que leur nombre grandira. En vérité, je vous dis que les habitants de mon Royaume se multiplieront comme des semences jetées dans une excellente terre. Mon peuple se propagera par toute la terre.

     Le Seigneur dit au Seigneur : “ Parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. ” Bénédiction est mon nom, mon signe et ma loi, là où ils sont reconnus souverains.

     638.9 L’Esprit Saint, le Sanctificateur, va venir et vous en serez remplis. Faites en sorte d’être purs comme tout ce qui doit approcher le Seigneur. J’étais Seigneur, moi aussi, comme lui. Mais sur ma Divinité, j’avais endossé un vêtement pour pouvoir être parmi vous, et non seulement pour vous instruire et vous racheter par les organes et le sang de ce vêtement, mais aussi pour porter le Saint des Saints parmi les hommes, sans qu’il soit inconvenant que tout homme, même impur, puisse poser les yeux sur celui que craignent de contempler les séraphins.

     Mais l’Esprit Saint viendra sans être voilé par la chair, il se posera sur vous, il descendra en vous avec ses sept dons et il vous conseillera.

     Maintenant, le conseil de Dieu est une grâce si sublime qu’il convient de vous préparer par une volonté héroïque à une perfection qui vous rende semblables à votre Père et à votre Jésus, et à votre Jésus dans ses rapports avec le Père et l’Esprit Saint. Ayez donc une charité parfaite et une pureté parfaite, pour pouvoir comprendre l’Amour et le recevoir sur le trône de votre cœur.

     638.10 Perdez-vous dans le gouffre de la contemplation. Efforcez-vous d’oublier que vous êtes des hommes, essayez de vous changer en séraphins. Lancez-vous dans la fournaise, dans les flammes de la contemplation. La contemplation de Dieu ressemble à une étincelle qui jaillit du choc du silex contre le briquet et produit feu et lumière. Le feu est purification, il consume la matière opaque et toujours souillée et la transforme en une flamme lumineuse et pure.

     Vous n’aurez pas le Royaume de Dieu en vous si vous n’avez pas l’amour. En effet, le Royaume de Dieu, c’est l’Amour ; il apparaît avec l’amour, et par l’amour il s’établit en vos cœurs au milieu de l’éclat d’une lumière immense qui pénètre et féconde, enlève l’ignorance, donne la sagesse, dévore l’homme et crée le dieu, le fils de Dieu, mon frère, le roi du trône que Dieu a préparé pour ceux qui se donnent à lui pour avoir Dieu, Dieu seul. Soyez donc purs et saints grâce à l’oraison ardente qui sanctifie l’homme, parce qu’elle le plonge dans le feu de Dieu qu’est la charité.

     Vous devez être saints. Non pas dans le sens relatif que ce mot avait jusqu’alors, mais dans le sens absolu que je lui ai donné en vous proposant la sainteté du Seigneur comme exemple et comme limite, c’est-à-dire la sainteté parfaite. Chez nous, on qualifie de saints le Temple et l’endroit de l’autel, et de Saint des Saints le lieu voilé où se trouvent l’arche et le propitiatoire. Mais je vous dis en vérité que ceux qui possèdent la grâce et vivent saintement par amour pour le Seigneur sont plus saints que le Saint des Saints, parce que Dieu ne se pose pas seulement sur eux, comme sur le propitiatoire qui est dans le Temple pour transmettre ses ordres, mais il habite en eux pour leur donner son amour.

     638.11 Vous rappelez-vous mes paroles de la dernière Cène ? Je vous avais alors promis l’Esprit Saint. Il est sur le point de venir vous baptiser, non plus avec l’eau comme Jean l’a fait avec vous pour vous préparer à moi, mais avec le feu pour vous préparer à servir le Seigneur comme il le veut. Dans quelques jours, il sera ici. Après sa venue, vos capacités vont croître sans mesure et vous serez capables de comprendre les paroles de votre Roi et de faire les œuvres qu’il vous a demandé d’accomplir pour étendre son Royaume sur la terre.

     – Après la venue de l’Esprit Saint, vas-tu donc reconstruire le Royaume d’Israël ? demandent-ils en l’interrompant.

     – Il n’y aura plus de Royaume d’Israël, mais mon Royaume. Et il s’accomplira quand mon Père l’a décidé. Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père s’est réservés en son pouvoir. Mais vous, en attendant, vous recevrez la force de l’Esprit Saint qui viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux confins de la terre, en fondant des assemblées là où des hommes sont réunis en mon nom ; en baptisant les gens au nom très saint du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, comme je vous l’ai dit, pour qu’ils aient la grâce et vivent dans le Seigneur ; en prêchant l’Evangile à toutes les créatures, en enseignant ce que je vous ai enseigné, en faisant ce que je vous ai commandé. Et moi, je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

     638.12 Et je veux encore ceci : ce sera Jacques, mon frère, qui présidera l’assemblée de Jérusalem.

     Pierre, comme chef de toute l’Eglise, devra souvent entreprendre des voyages apostoliques, parce que tous les néophytes désireront connaître le Pontife, chef suprême de l’Eglise. Mais l’ascendant de mon frère sur les fidèles de cette première Eglise sera grand. Les hommes sont toujours des hommes, et ils voient en hommes. Il leur semblera que Jacques prend ma suite, uniquement parce qu’il est mon frère. En vérité, je vous dis qu’il est plus grand et semblable au Christ par sa sagesse que par sa parenté. Mais c’est ainsi. Les hommes, qui ne me cherchaient pas pendant que j’étais parmi eux, me chercheront maintenant en mon parent. D’ailleurs, Simon-Pierre, tu es destiné à d’autres honneurs…

     – Que je ne mérite pas, Seigneur. Je te l’ai dit quand tu m’es apparu et je te le répète en présence de tous. Tu es non seulement sage, mais aussi bon, divinement bon, et c’est avec justice que tu as jugé que moi, qui t’ai renié dans cette ville, je n’étais pas fait pour en être le chef spirituel. Tu veux m’épargner des mépris bien fondés… »

     Mais, de sa place, Jacques s’incline pour rendre hommage à Pierre :

     « Nous avons tous été pareils, Simon, sauf deux. Moi aussi, j’ai fui. Ce n’est pas à cause de cela, mais à cause des raisons qu’il a données, que le Seigneur m’a destiné à cette place ; mais tu es mon chef, Simon, fils de Jonas. Je te reconnais comme tel, et en présence du Seigneur et de tous les compagnons, je te promets obéissance. Je ferai de mon mieux pour t’aider dans ton ministère, mais, je t’en prie, donne-moi tes ordres, car tu es le Chef et moi ton subordonné. Quand le Seigneur m’a rappelé une lointaine conversation, j’ai incliné la tête pour signifier : “ Qu’il soit fait selon ta volonté. ” C’est ce que je te dirai à partir du moment où, le Seigneur nous ayant quittés, tu seras son représentant sur la terre. Et nous nous aimerons en nous aidant dans le ministère sacerdotal.

     – Oui, aimez-vous et aidez-vous mutuellement, parce que c’est mon commandement nouveau et le signe que vous appartenez vraiment au Christ.

     638.13 Que rien ne vous trouble. Dieu est avec vous. Vous pouvez faire ce que je veux de vous. Je ne vous imposerais rien que vous ne puissiez accomplir, car je ne veux pas votre perte, mais votre gloire.

     Je vais préparer votre place à côté de mon trône. Soyez unis à moi et au Père dans l’amour. Pardonnez au monde qui vous hait. Appelez fils et frères ceux qui viennent à vous, ou sont déjà avec vous par amour pour moi.

     Soyez dans la paix, avec la certitude que je suis toujours prêt à vous aider à porter votre croix. Je serai avec vous dans les fatigues de votre ministère et à l’heure des persécutions ; vous ne périrez pas, vous ne succomberez pas, même si ceux qui voient avec les yeux du monde en auront l’impression. Vous serez accablés, affligés, lassés, torturés, mais ma joie sera en vous, car je vous aiderai en tout. En vérité, je vous dis que, lorsque vous aurez pour Ami l’Amour, vous comprendrez que tout ce que l’on subit et vit par amour pour moi devient léger, même la lourde torture du monde. Car pour celui qui revêt d’amour chaque acte volontaire ou imposé, le joug de la vie et du monde se change en un joug proposé par Dieu, par moi. Et, je vous le répète, la charge que je vous impose est toujours proportionnée à vos forces, et mon joug est léger, car je vous aide à le porter.

     638.14 Vous le savez, le monde ne sait pas aimer. Mais vous, dorénavant, aimez le monde d’un amour surnaturel pour le lui apprendre. Et s’ils vous disent en vous voyant persécutés : “ Est-ce ainsi que Dieu vous aime ? En vous faisant souffrir, en étant la cause de votre douleur ? Ce n’est pas la peine d’appartenir à Dieu ! ”, répondez : “ La douleur ne vient pas de Dieu, mais Dieu la permet. Nous en savons la raison et nous nous glorifions d’avoir la part qu’a eue le Sauveur Jésus, Fils de Dieu. ” Répondez : “ Nous nous glorifions d’être crucifiés et de continuer la Passion de notre Jésus. ” Répondez par ces paroles tirées du livre de la Sagesse : “ C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde ” et “ Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la souffrance des vivants. Tout ce qu’il a créé est vie et salut. ” Répondez : “ A présent nous semblons persécutés et vaincus, mais au jour de Dieu, les sorts sont inversés : nous les justes, qui étions persécutés sur la terre, nous serons glorieux devant ceux qui nous ont tourmentés et méprisés. ”

     Mais ajoutez à cela : “ Venez à nous ! Venez à la vie et à la paix. Notre Seigneur ne veut pas votre perte, mais votre salut. Il a donné son Fils bien-aimé afin que vous soyez tous sauvés. ”

     638.15 Réjouissez-vous donc de participer à mes souffrances pour pouvoir être ensuite avec moi dans la gloire. “ Je serai […] ta très grande récompense ”, a promis le Seigneur à Abraham, et en lui à tous ses fidèles serviteurs. Vous savez comment conquérir le Royaume des Cieux : par la force, et en passant par de nombreuses tribulations. Mais celui qui persévère, comme moi j’ai persévéré, sera là où je suis.

     Je vous ai dit quels sont le chemin et la porte qui conduisent au Royaume des Cieux. Je suis le premier à avoir emprunté ce chemin et je suis retourné au Père par cette porte. S’il y avait une autre voie, je vous l’aurais indiquée, car j’ai pitié de votre faiblesse d’hommes. Mais il n’y en a pas d’autre… En vous l’indiquant comme unique chemin et unique porte, je vous répète quel est le remède qui donne la force nécessaire pour y passer : c’est l’amour, toujours l’amour. Tout devient possible quand nous avons l’amour en nous. Et tout l’amour vous sera donné par l’Amour qui vous aime, si vous demandez en mon nom assez d’amour pour devenir des athlètes de sainteté.

     638.16 Maintenant, donnons-nous le baiser d’adieu, mes amis bien-aimés. »

     Il se lève pour les embrasser. Tous l’imitent. Mais alors que Jésus a un sourire paisible, d’une beauté vraiment divine, eux pleurent. Ils sont tous troublés. Jean, secoué par des sanglots qui lui rompent la poitrine tant ils sont déchirants, s’abandonne sur la poitrine de Jésus. Voyant le désir de tous, il demande en leur nom :

     « Donne-nous au moins ton Pain pour qu’il nous fortifie à cette heure !

    – Qu’il en soit ainsi ! » lui répond Jésus.

     Prenant un pain, il le partage en morceaux après l’avoir offert et bénit, en disant les paroles rituelles. Il fait la même chose avec le vin, en répétant ensuite : “ Faites ceci en mémoire de moi ”, mais il ajoute : “ qui vous ai laissé ce gage de mon amour pour être encore et toujours avec vous, jusqu’à ce que vous soyez avec moi au Ciel. ”

     Il les bénit et dit :

     « Maintenant, partons. »

     638.17 Ils sortent de la pièce, de la maison…

     Jonas, Marie, son épouse, et Marc, leur fils, sont là dehors, et ils s’agenouillent pour adorer Jésus.

     « Que la paix reste avec vous, et que le Seigneur vous récompense pour tout ce que vous m’avez donné » dit Jésus en guise de bénédiction.

     Marc se lève pour l’avertir :

    « Seigneur, les oliviers, le long du chemin de Béthanie, sont remplis de disciples qui t’attendent.

     – Va leur demander de se diriger vers le champ des Galiléens. »

     Marc s’éloigne de toute la vitesse de ses jeunes jambes.

     « C’est donc que tous sont venus » se disent les apôtres.

     638.18 Plus loin, assise entre Marziam et Marie, femme de Cléophas, se trouve la Mère du Seigneur. Elle se lève en le voyant venir, pour l’adorer de tous les battements de son cœur de Mère et de fidèle.

     « Viens, Mère, et toi aussi, Marie… » les invite Jésus en les voyant arrêtées, clouées sur place par sa majesté qui resplendit comme au matin de la Résurrection.

     Comme il ne veut pas qu’elles en soient accablées, il demande affablement à Marie, femme d’Alphée :

     « Tu es seule ?

     – Les autres… les autres ont pris de l’avance… Elles sont avec les bergers, avec Lazare et toute sa famille… Mais elles nous ont laissées ici, nous, parce que… Oh ! Jésus ! Jésus ! Jésus !… Comment tiendrai-je sans te voir, Jésus béni, mon Dieu, moi qui t’ai aimé avant même ta naissance, moi qui ai tant pleuré à cause de toi quand je ne savais pas où tu étais après le massacre… moi qui ai trouvé mon soleil dans ton sourire quand tu es revenu, et ai reçu tout bien de toi ?… Que de bienfaits tu m’as accordés ! Maintenant, je deviens vraiment pauvre, veuve, seule… Tant que tu étais là, j’avais tout… Je croyais avoir tout connu de la souffrance, ce soir-là… Mais la douleur elle-même, toute la douleur de ce jour, m’avait hébétée et… oui, elle était moins forte que maintenant… Du reste, tu devais ressusciter. Il me semblait ne pas le croire, mais je m’aperçois aujourd’hui que je le croyais, car je n’éprouvais pas ce que j’éprouve actuellement… »

     Elle pleure et suffoque sous les sanglots.

     « Ma bonne Marie, tu t’affliges vraiment comme un enfant qui croit que sa mère ne l’aime pas et l’a abandonné parce qu’elle est allée en ville lui acheter des cadeaux qui feront sa joie, un enfant qui ignore qu’elle sera bientôt de retour pour le couvrir de caresses et de présents. N’est-ce pas ce que je fais avec toi ? Est-ce que je ne vais pas te préparer ta joie ? Est-ce que je ne pars pas pour revenir te dire : “ Viens, ma bien-aimée parente et disciple, toi la mère de mes disciples bien-aimés ” ? Est-ce que je ne te laisse pas mon amour ? Je te fais le don de mon amour, Marie ! Tu sais bien que je t’aime ! Ne pleure pas ainsi, mais réjouis-toi, car tu ne me verras plus méprisé, épuisé, poursuivi, et riche seulement de l’amour d’un petit nombre. Et avec mon amour, je te laisse ma Mère. Jean sera son fils, mais toi, sois pour elle une bonne sœur comme toujours. Tu vois ? Elle ne pleure pas, ma Mère. Elle sait que, si la nostalgie de moi sera la lime qui lui rongera le cœur, l’attente sera brève par rapport à la grande joie d’une éternité d’union, et elle sait aussi que notre séparation ne sera pas absolue au point de lui faire s’écrier : “ Je n’ai plus de Fils. ” C’était le cri de douleur du jour de la douleur. Maintenant, dans son cœur, chante l’espérance : “ Je sais que mon Fils monte vers le Père, mais il ne me privera pas de son amour spirituel. ” C’est ce que tu crois toi, et tous… 638.19 Voici les uns et les autres. Voici mes bergers. »

     Apparaissent le visage de Lazare et de ses sœurs au milieu de tous les serviteurs de Béthanie, le visage de Jeanne semblable à une rose sous un voile de pluie, ceux d’Elise et de Nikê, déjà marqués par l’âge — c’est maintenant la peine qui creuse leurs rides, car c’est toujours une peine pour la créature, même si l’âme jubile à la vue du triomphe du Seigneur — et celui d’Anastasica, et encore les visages de lys des premières vierges, l’ascétique visage d’Isaac et celui, inspiré, de Matthias, le visage viril de Manahen et ceux, austères, de Joseph et de Nicodème… Visages, visages, visages…

     Jésus appelle auprès de lui les bergers, Lazare, Joseph, Nicodème, Manahen, Maximin, tous ceux qui font partie des soixante-douze disciples. Mais il garde surtout près de lui les bergers pour leur signifier :

     « Venez ici, vous qui vous êtes approchés du Seigneur descendu du Ciel, qui vous êtes penchés sur son anéantissement, venez tout près du Seigneur qui retourne au Ciel, avec vos âmes heureuses de sa glorification. Vous avez mérité cette place car vous avez su croire malgré les circonstances défavorables et vous avez su souffrir pour votre foi. Je vous remercie tous de votre amour fidèle.

     Je vous remercie tous. Toi, Lazare, mon ami. Toi, Joseph, et toi, Nicodème, qui avez tant fait preuve de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger. Toi, Manahen, qui as su mépriser les faveurs sordides d’un être immonde pour marcher sur mon chemin. Toi, Etienne, fleur couronnée de justice qui as quitté l’imparfait pour le parfait et qui seras couronné d’un diadème que tu ne connais pas encore, mais que les anges t’annonceront. Toi, Jean, qui es pour un bref moment mon frère au sein très pur et qui es venu à la Lumière plus qu’à la vue. Toi, Nicolaï le prosélyte, qui as su me consoler de la douleur des fils de cette nation. Et vous, mes disciples bonnes et plus courageuses, dans votre douceur, que Judith.

     638.20 Quant à toi, Marziam, mon enfant, tu porteras désormais le nom de Martial, en souvenir du petit Romain tué sur le chemin et déposé à la grille de Lazare avec un écriteau de défi : “ Demande maintenant au Galiléen de te ressusciter, s’il est le Christ et s’il est vraiment ressuscité. ” Ce petit garçon était le dernier des innocents de Palestine qui ont perdu la vie pour me servir — bien qu’inconsciemment —, les prémices des innocents de toute nation qui, venus au Christ, seront pour cela haïs et tués prématurément, comme des boutons de fleurs arrachés à leur tige avant d’éclore. Et ce nom, Martial, t’indique ton destin futur : sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur comme mon amour a conquis le jeune Romain pour le Ciel.

     638.21 Je vous bénis tous au moment de cet adieu, et je demande au Père de vous accorder la récompense de ceux qui ont consolé le douloureux chemin du Fils de l’homme.

     Bénie soit la partie choisie de l’humanité qui existe chez les juifs comme chez les païens, et qui s’est montrée dans l’amour qu’elle a eu pour moi.

     Bénie soit la terre avec ses plantes et ses fleurs, ses fruits qui tant de fois m’ont fait plaisir et m’ont restauré. Bénie soit-elle avec ses eaux et ses tiédeurs, ses oiseaux et ses animaux qui bien des fois ont surpassé les êtres humains pour réconforter le Fils de l’homme. Béni sois-tu, soleil et toi, mer, et vous, montagnes, collines et plaines. Bénies soyez-vous, étoiles qui avez été pour moi des compagnes dans la prière nocturne et dans la douleur. Et toi aussi, lune qui m’as éclairé pour me diriger dans mon pèlerinage d’évangélisateur.

     Soyez bénies, toutes les créatures, qui êtes l’œuvre de mon Père, mes compagnes en cette heure mortelle, les amies de celui qui avait quitté le Ciel pour enlever à l’humanité affligée les tribulations dues à la Faute qui coupe de Dieu.

     Et bénis soyez-vous, instruments innocents de ma torture : épines, métaux, bois, cordages tordus, parce que vous m’avez aidé à accomplir la volonté de mon Père ! »

     Quelle voix de tonnerre a Jésus ! Elle se répand dans l’air chaud et paisible comme le son d’un bronze qu’on a frappé, elle se propage en ondes sur la mer des visages qui le regardent de tous côtés.

     638.22 Ils sont des centaines à entourer Jésus qui monte, avec les plus aimés, vers le sommet de l’Oliveraie. Arrivé près du champ des Galiléens — où il n’y a plus de tentes à cette époque entre les deux fêtes —, Jésus ordonne aux disciples :

     « Faites arrêter les gens là où ils se trouvent, puis suivez-moi. »

     Il gravit encore le sommet le plus haut de la montagne, celle qui est déjà plus proche de Béthanie — qu’elle domine — que de Jérusalem. Sa Mère, les apôtres, Lazare, les bergers et Martial se pressent autour de lui. Plus loin, les autres disciples forment un demi-cercle pour tenir en arrière la foule des fidèles.

     638.23 Jésus est debout sur une large pierre qui dépasse un peu, toute blanche au milieu de l’herbe verte d’une clairière. Il est inondé de soleil, ce qui rend son vêtement blanc comme neige et fait briller comme de l’or ses cheveux. Ses yeux brillent d’une lumière divine.

     Il ouvre les bras en un geste d’étreinte. Il paraît vouloir serrer sur son sein toutes les multitudes de la terre que son esprit voit représentées dans cette foule.

     Son inoubliable, son inimitable voix donne son dernier ordre :

     « Allez en mon nom évangéliser jusqu’aux extrémités de la Terre. Que Dieu soit avec vous, que son amour vous réconforte, que sa lumière vous guide, que sa paix demeure en vous jusqu’à la vie éternelle. »

     Il se transfigure en beauté. Qu’il est beau ! Beau comme sur le Thabor, davantage encore. Tous tombent à genoux pour l’adorer. Tandis que déjà il se soulève de la pierre sur laquelle il est posé, il cherche encore une fois le visage de sa Mère, et son sourire atteint une puissance que personne ne pourra jamais rendre… C’est son dernier adieu à sa Mère.

     Il s’élève, s’élève… Le soleil, encore plus libre de l’embrasser, maintenant que nul feuillage, même léger, ne vient intercepter ses rayons, frappe de son éclat le Dieu-Homme qui monte avec son corps très saint au Ciel, et dévoile ses plaies glorieuses qui resplendissent comme de vifs rubis.

     Le reste est un sourire de lumière nacrée. C’est vraiment la Lumière qui se manifeste pour ce qu’elle est, en ce dernier instant comme dans la nuit de la Nativité. La Création étincelle de la lumière du Christ qui s’élève. Lumière qui dépasse celle du soleil… Lumière surnaturelle et bienheureuse… Lumière qui descend du Ciel à la rencontre de la Lumière qui monte…

     Et Jésus Christ, le Verbe de Dieu, disparaît de la vue des hommes dans un océan de splendeurs…

     Sur terre, deux bruits seulement rompent le silence profond de la foule en extase : le cri de Marie quand il disparaît : “ Jésus ! ” et la plainte d’Isaac.

     Un étonnement religieux a rendu les autres muets, et ils restent là, jusqu’à ce que deux lumières angéliques d’une extraordinaire pureté apparaissent sous une forme humaine, pour dire les paroles rapportées dans le premier chapitre des Actes des Apôtres.

Maria Valtorta. L'Évangile tel qu'il m'a été révélé 

Éditions Centro Editoriale Valtortiano - Traduction de 2017 par Yves d'Horrer

https://valtorta.fr

 

 

 






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