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Chorale Belgo-Burundaise CSFA
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2 août 2020

Evangile et homélie du dimanche 2 Août 2020. Multiplication des pains

 

Lectures de la messe

Première lecture

« Venez acheter et consommer » (Is 55, 1-3)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Ainsi parle le Seigneur :
    Vous tous qui avez soif,
venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent,
venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait
sans argent, sans rien payer.
    Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses,
vous vous régalerez de viandes savoureuses !
    Prêtez l’oreille ! Venez à moi !
Écoutez, et vous vivrez.
Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle :
ce sont les bienfaits garantis à David.

    – Acclamons la Parole de Dieu.


Psaume 144 (145), 8-9, 15-16, 17-18)

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.


Deuxième lecture

« Aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ » (Rm 8, 35.37-39)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères,
    qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ?
la détresse ? l’angoisse ? la persécution ?
la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?
    Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs
grâce à celui qui nous a aimés.
    J’en ai la certitude :
ni la mort ni la vie,
ni les anges ni les Principautés célestes,
ni le présent ni l’avenir,
ni les Puissances,
    ni les hauteurs, ni les abîmes,
ni aucune autre créature,
rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu
qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.

    – Parole du Seigneur.


Évangile (Mt 14, 13-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 14, 13-21)

En ce temps-là,
    quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste,
il se retira et partit en barque
pour un endroit désert, à l’écart.
Les foules l’apprirent
et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
    En débarquant, il vit une grande foule de gens ;
il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.

    Le soir venu,
les disciples s’approchèrent et lui dirent :
« L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée.
Renvoie donc la foule :
qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! »
    Mais Jésus leur dit :
« Ils n’ont pas besoin de s’en aller.
Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
    Alors ils lui disent :
« Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »
    Jésus dit :
« Apportez-les moi. »
    Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe,
il prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction ;
il rompit les pains,
il les donna aux disciples,
et les disciples les donnèrent à la foule.
    Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés.
On ramassa les morceaux qui restaient :
cela faisait douze paniers pleins.
    Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille,
sans compter les femmes et les enfants.

    – Acclamons la Parole de Dieu.


Evangile - Extraits de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris-France, 1980-2020. Tous droits réservés.


Homélies ou Méditations du jour

Homélie YouTube

Père, Diacre, Eveque

 



 

Homélies - Abbé Philippe Link

Parfois nous trouvons la vie difficile. C’est l’illustration du fait que le bonheur auquel nous aspirons ne sera jamais, et ne pourra jamais, se réaliser sur cette terre. C’est seulement au ciel, quand nous participerons à la vie même de la Trinité, que nous obtiendrons enfin le bonheur que nous désirons si ardemment. Notre vie sur terre est celle d’un pèlerin. Nous devons souvent nous rappeler cette grande vérité. Un pèlerin est celui qui est en chemin. Il n’a pas atteint sa destination finale et ainsi il ne peut pas s’arrêter. Nous sommes des pèlerins en ce monde car nous voyageons vers le ciel. Sur le chemin, nous cherchons quelque chose qui nous soutiendra, un aliment que le monde, avec ses nombreuses merveilles, ne pourra jamais nous donner. Jésus-Christ s’est donné pour être notre pain quotidien afin de nous soutenir pendant ce grand voyage.

Cette nourriture, le corps et le précieux sang du Christ est un don gratuit. Rien de ce que nous pourrions faire ne mérite ce don extraordinaire d’amour. Rien de ce que nous avons ne pourrait jamais acheter l’eucharistie, parce que l’eucharistie est d’une valeur infinie ; c’est le Fils de Dieu lui-même. Nous ne pouvons rien échanger afin de l’obtenir. Et ainsi, nous sommes menés à contempler, émerveillé et plein de gratitude le don de l’eucharistie. Rendons grâce au Seigneur pour le don de son eucharistie. Nous devons repousser toute indifférence et redécouvrir la beauté, la majesté, et la profondeur de l’amour que Jésus présent dans l’eucharistie suscite. Il nous a donné – à toi et à moi comme membres de son Eglise – le pain de vie. En mangeant ce pain nous sommes fortifiés, renouvelés, transformés et soutenus pendant notre pèlerinage vers le ciel.

Il est possible de se perdre au cours de notre pèlerinage spirituel. Nous pouvons nous fatiguer et avoir envie de nous arrêter. L’attraction du péché peut sembler trop fort pour nous. Peut-être nous ne trouvons plus le courage et la force de continuer. Le Christ nous connaît bien. Il connaît chacune de nos limitations parfaitement. Et il veut être avec nous, pour nous accompagner personnellement. Il ne nous a pas laissés seuls. Il vient à nous dans l’eucharistie. Il reste dans le tabernacle et il est toujours là, nous bénissant, nous attendant. Tout ce que nous avons à faire est d’aller lui rendre visite. Il prendra soin du reste. Il nous redonnera la paix, nous renouvellera et nous remettra de nouveau sur notre chemin. Il est le Pain de Vie, notre compagnon, notre Seigneur, et, parce qu’il l’a voulu ainsi, notre ami.

Seigneur, comme il est grand, le don de l’eucharistie. Je n’ai pas de mots pour exprimer ma gratitude. Je veux te recevoir avec la même humilité, amour et dévotion que Marie dans les années qui ont suivi ton ascension.

Abbé Philippe Link

https://carrefours.alsace



 

Homélies regnumchristi

Prière

Jésus, je viens chercher ma nourriture dans cette méditation de l’Évangile. Nourris-moi de ta Parole !

Demande

Père, donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

 Réflexion

  1. C’est dans un lieu « désert » que se trouve Jésus. Il y a là une claire allusion à un autre épisode de l’histoire du peuple d’Israël. La sortie d’Égypte était loin derrière et la traversée du désert pour atteindre la terre promise se faisait longue. Le peuple se plaignait à Moïse que Dieu les ait fait sortir d’Égypte pour les laisser mourir de faim dans le désert. Mais Dieu est fidèle. Il entendit leur cri et fit en sorte qu’une fine couche de pain apparaisse chaque matin sur le sol. Les Hébreux appelèrent ce pain « manne ». On trouve ce récit dans le livre de l’Exode.  
  2. Ici, c’est Jésus qui va nourrir la foule en lui donnant du pain. Jésus est même plus grand que Moïse, puisque c’est lui-même qui fait apparaître le pain. Mais il ne le fait pas immédiatement. D’abord, il sollicite ses disciples. Il les met à l’épreuve en quelque sorte. Les disciples sont déroutés. Sans doute la foi leur manque. Alors Jésus lève les yeux, bénit les pains, les rompt et les donne aux disciples pour qu’ils en apportent aux gens. La prière et le geste de Jésus préfigurent le don du pain eucharistique. Les verbes « bénir » et « rompre le pain » sont répétés à chaque messe.  
  3. Et si Jésus veut avoir besoin de ses disciples pour faire parvenir ce pain aux foules, c’est qu’il leur confie déjà un ministère. Malgré leur manque de foi, malgré leurs hésitations, Jésus choisit d’agir par la médiation de ses disciples, une médiation eucharistique qu’ils auront ensuite à poursuivre après sa mort et sa Résurrection. Ce sont bien eux qui – aujourd’hui encore – nous donnent l’Eucharistie qui rend la présence de Jésus réelle et actuelle. Après que tous ont mangé, les disciples rapportent douze corbeilles, le chiffre des douze tribus, donc le chiffre d’Israël. C’est vers tout Israël que Jésus est envoyé. Avant d’être le Messie des nations, il est le Messie des Juifs. Jésus disait d’ailleurs qu’il a été envoyé d’abord aux brebis perdues de la maison d’Israël, ensuite seulement et par l’entremise des Juifs, il a rejoint les païens. Telle est la pédagogie que Dieu a mise en place dès les premiers moments de l’histoire de son peuple Israël. Israël commença à exister comme peuple dès qu’il fut libéré du joug égyptien et Dieu prit soin de lui au désert en lui donnant la manne. Désormais, en Jésus, Dieu convoque un nouveau peuple qui réunit les Juifs et les païens, afin de les libérer définitivement du joug de l’esclavage du péché et afin de les nourrir du pain eucharistique, le pain qui fait vivre éternellement.

Dialogue avec le Christ

Jésus, tu me nourris chaque dimanche de ton pain eucharistique, ce pain que tu es toi-même, ce pain qui refait mes forces de semaine en semaine et qui me fait vivre éternellement. Loué sois-tu pour le grand don de toi-même !

Résolution

Relire le chapitre 16 du livre de l’Exode à la lumière de la multiplication des pains, afin de mieux comprendre comment Jésus accomplit les Écritures bibliques.

Emanuelle Pastore, consacrée de Regnum Christi

http://www.regnumchristi.fr

 



 

MÉDITER AVEC LES CARMES

Les premières communautés chrétiennes ont beaucoup médité sur le miracle des pains, à tel point que les Évangélistes ont recueilli dans la tradition orale six récits de l'épisode, dont deux chez Marc et deux chez Matthieu ; Manifestement, ils ont voulu ne rien laisser se perdre des souvenirs de leur communauté.

Et ils ne se sont pas trompés en accordant à ce miracle des pains une place privilégiée dans leur Évangile. C'était un geste qui regardait à la fois vers le passé, vers le présent et vers l'avenir.

Vers le passé, car il rappelait le don de la manne au désert, et donc la providence inlassable de Dieu pour son peuple tout au long de son histoire ; de plus, pour ceux des premiers chrétiens qui connaissaient l'Ancien Testament, la mention des corbeilles pleines de restes évoquait immédiatement le miracle du prophète Élisée, raconté en 2 Rg 4,43-44.

Ainsi, par ce miracle des pains, Jésus se présentait comme supérieur à la fois :

- à Moïse, qui n'avait été que témoin du don de la manne,

 - à Élisée, qui n'avait nourri que cent personnes.

 Pour le présent, le miracle était destiné à susciter la foi en Jésus chez les Galiléens. Depuis des mois, Jésus parlait, dans leurs synagogues et en plein air ; mais ses guérisons avaient finalement plus de succès que son message. Quelques jours auparavant, Jésus venait d'être pratiquement rejeté par ses compatriotes de Nazareth : après quelques prédications dans la synagogue de sa jeunesse, il avait dû se rendre à l'évidence : on ne le suivait pas, on s'obstinait à attendre de lui les prises de position et les entreprises d'un Messie politique.

C'est malheureusement encore dans ce sens que les Galiléens vont réagir au miracle des pains : ils voudront, dit saint Jean, enlever Jésus pour le faire roi, alors que Jésus voulait être perçu comme l'Envoyé de Dieu, le vrai berger d'Israël, capable, au nom et avec la puissance de Dieu, de rassembler et de nourrir son peuple.

Mais en même temps qu'un appel à la foi de tous les Galiléens, le miracle des pains voulait être un enseignement destiné aux Douze. Le souci des foules, la pitié pour les brebis sans berger, l'attention à tous les besoins de l'humanité, tous ces sentiments qui dictaient la conduite journalière de Jésus devaient passer désormais dans le cœur des disciples : "Donnez-leur vous-mêmes à manger".

Au-delà de la faim matérielle des hommes, que les Apôtres ne pourront jamais oublier, Jésus vise une faim plus radicale, qu'il est seul à pouvoir combler : la faim de la parole de Dieu, de cette parole qui ouvre l'avenir et qui met debout ceux qui l'entendent. Nourris par Jésus avec la foule dans le désert, les Apôtres, à leur tour, devront nourrir le peuple de Dieu, avec le pain même de Jésus, le pain de sa révélation et le pain vivant de son Corps ressuscité.

Et c'est là que le miracle des pains pointe vers l'avenir.

Le pain à satiété dans le désert préfigure l'Eucharistie que Jésus donnera à son peuple la veille de sa mort. Vous avez remarqué que les gestes de Jésus lors de la multiplication des pains sont les gestes du chef de famille bénissant le pain à chaque repas, ceux-là mêmes que Jésus refera le soir du Jeudi-Saint : "Jésus prit du pain, le rompit, le bénit et le donna à ses disciples."

Et plus lointainement encore, le miracle du peuple rassasié préfigure, dans la pensée de Jésus, le rassemblement définitif de tous les hommes de bonne volonté dans le Royaume du Père ; c'est un avant-goût du Royaume messianique dont Jésus parle si souvent dans ses paraboles.

D'où l'importance d'un petit détail, que les Évangélistes ont relevé : il restait douze corbeilles ; entendons : les douze tribus d'Israël avaient été rassasiées, le peuple de Dieu tout entier avait trouvé la joie auprès du Messie.

Chaque jour l'Eucharistie de la communauté tourne nos yeux vers le passé, vers le moment de la mort glorifiante de Jésus, cette Heure où, une fois pour toutes, il est passé de ce monde au Père.

En même temps, chaque communion des frères ou des sœurs à l'Eucharistie, à l'action de grâces du Seigneur, pointe vers l'avenir définitif, et anticipe le moment où Jésus viendra de nouveau, pour nous prendre tous, corps et âme, dans sa gloire.

N'attendons pas que l'Eucharistie devienne pour nous évidente. Jésus ne l'a pas instituée pour cela, mais pour nous introduire plus sûrement dans son mystère. Lorsque nous tenons l'Eucharistie dans nos mains, ce que nous voyons, ce que nous touchons, ce que nous goûtons, n'est que l'entrée dans le mystère. Tout repose en définitive sur la parole de Jésus, que nous redisons sans pouvoir en épuiser la richesse : "Ceci est mon Corps ; ceci est mon Sang".

 https://www.mariedenazareth.com

 


 


 

Homélies du père Jacques Fournier

Références bibliques :

Livre du prophète Isaïe: 55. 1 à 3 : »Pourquoi vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? » Psaume 144 : « Tu ouvres ta main. Tu rassasies avec bonté tout ce qui vit. » Lettre de saint Paul aux Romains : 8. 35 à 39 : » Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ, notre Seigneur. » Evangile selon saint Matthieu : 14. 13 à 21 : » Tous mangèrent à leur faim. »

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 La multiplication des pains se trouve racontée dans les quatre évangiles car elle est l’un des événements-clés les plus importants et des plus significatifs de la vie du Christ.

L’HOMME NE VIT PAS SEULEMENT DE PAIN

Il marque en effet une rupture entre le Christ et la foule, le Christ qui donne un signe afin d’entraîner ces hommes dans la découverte du Royaume et la foule qui en reste à la compréhension matérielle du miracle. Jésus s’en plaint d’ailleurs dans le « discours sur le pain de vie. »

Il compare ce moment vécu en Galilée, sur les bords du lac, à celui vécu dans le désert par le peuple hébreu. Celui-ci voulait revenir en Egypte autour des marmites abondantes et Dieu lui donne au jour le jour la manne du matin : »Le pain quotidien ».

Jésus leur donne aujourd’hui une autre nourriture dans cet endroit désert où il se trouve avec eux. « Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez bien mangé. Travaillez donc non seulement pour une nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en Vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’Homme. » (Jean 6. 26 et 27).

Jésus ne refuse pas de se préoccuper de la nourriture terrestre qui se perd, mais, dans le même temps, il leur dévoile ce qui compte le plus pour lui : « Le pain descendu du ciel. » Aujourd’hui encore le Christ nous invite à vivre les deux significations de son geste : vivre pour la nourriture qui se perd, et dépasser ce moment pour vivre de la nourriture éternelle. Partager avec ceux qui ont faim, comme il l’a fait lui-même pour cette foule dont il a eu pitié. Participer au repas eucharistique sur lequel il insiste dans la synagogue de Capharnaüm

 DONNEZ-LEUR A MANGER

 Cet ordre de Jésus nous concerne aujourd’hui et nous n’avons pas à le suivre seulement dans le registre spirituel. Cet ordre est tout un programme contre la faim matérielle des hommes. Le fait miraculeux, extraordinaire qu’il a accompli se situe bien à ces deux niveaux.

 Nous sommes invités au partage dans un monde où tant d’hommes vivent au seuil de la pauvreté et de la faim. Saint Augustin a écrit que n’importe quel champ de blé doit nous apparaître comme une oeuvre divine : « Le Christ a fait ce que Dieu fait chaque jour, usant de son pouvoir de créateur pour multiplier les moissons. »

 « Le Seigneur est bonté en toutes ses oeuvres », chante le psaume de ce dimanche. « Tous espèrent et tu leur donnes la nourriture en son temps. » Si habituels soient les phénomène de la nature, ils n’en sont pas pour le moins merveilleux. Ils n’en sont pas pour le moins exigeants. Quand nous avons en nos mains des corbeilles pleines du pain de la terre, nous nous devons d’aller les porter à ceux qui ont faim, afin que tous « mangent à leur faim ».

Il est aussi, à leur égard, une autre exigence. On peut être gavé de biens matériels et manquer de ces biens plus essentiels que sont ceux du coeur et de l’esprit, de l’amour et des raisons de vivre. Nous avons à les partager à tous les niveaux de notre existence au milieu et avec nos frères. A nous de leur donner de pain de l’amour.

 Et ce pain-là, sur tous les continents, les hommes l’attendent.

 IL PRIT LES PAINS ET RENDIT GRACES

Dans le même temps, il est clair que Jésus n’en reste pas là. Les paroles qu’il prononce, les gestes qu’il accomplit, repris dans les quatre évangiles, sont ceux-là même de la dernière Cène et de l’Eucharistie. Dès la fin de ses quarante jours au désert, alors que Satan cherchait à l’enfermer dans sa faim corporelle en fabriquant miraculeusement du pain, Jésus lui répliqua : »L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4. 4).

 

Le Christ en donne un long commentaire lorsque la foule est venu le chercher. L’homme doit se nourrir de cette Parole de Dieu qui est Jésus de Nazareth, le Pain de vie, « Je suis la Vérité et la Vie ». Cette nourriture que résume la messe, l’action de grâces par excellence, c’est l’Eucharistie, Parole et Pain de Dieu. Nous ne pouvons pas lire les récits de la multiplication des pains, sans reprendre le texte de saint Jean qui, à la suite des années vécues au sein de la communauté chrétienne dispersée dans le monde, rappelle la signification essentielle de ce repas de jadis dans ce lieu désert de Palestine, toujours d’actualité en chaque journée, comme le fut la manne quotidienne du désert pour le peuple libéré de l’esclavage de l’Egypte.

 

L’Eucharistie, célébrée en la Divine Liturgie, quel que soit le nom que nous lui donnons pour exprime, signifie et réalise ce que le Christ nous a demandé de faire « en mémoire ». C’est le don de Dieu qui nous témoigne de « son inépuisable bonté » (prière d’ouverture de la messe d’aujourd’hui), qui restaure pour nous la création et la renouvelle.

ON REMPLIT DOUZE CORBEILLES

« Inépuisable bonté »… La surabondance conclut la multiplication des pains. Elle rappelle le premier miracle de Jésus à Cana quand le vin manqua durant la noce. Jésus en refit 600 litres, 750 bouteilles pour parler selon les mesures des « bons vins » de notre époque.

C’est la puissance infinie de Dieu qui comble nos désirs au-delà de tout ce que nous pourrions espérer de lui. Nous ne pensons pas assez à ce que réalise cette communion possible au Corps et au Sang du Christ qui nous est proposée quotidiennement, presque « trop facilement » au point parfois, de nous paraître « habituelle » et même « routinière », alors qu’elle est étonnante, inépuisable.

Nous estimons trop souvent que Dieu ne nous donne pas assez. Nous attendons toujours plus de lui. Face à l’insatiable désir qui est le nôtre, Dieu répond par cette surabondance que nous devons remarquer. « Le Seigneur nous a aimés comme on a jamais aimé. C’est mon Corps, prenez et mangez ! C’est mon sang, prenez et buvez ! Car je suis la Vie et je suis l’Amour. Oh, Seigneur ! emporte-nous dans ton amour ! »

Saint Paul, à sa manière, nous le redit aussi : »… grâce à celui qui nous a aimés. » La persécution, le dénuement, le danger, l’angoisse, la détresse peuvent nous éloigner. Mais lui, le Seigneur, n’éloignera jamais sa présence et son amour. Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui nous est porté par le Christ.

« Il a fait une alliance éternelle » (Isaïe 1. 3) en chaque Eucharistie, renouvelant pour nous l’offrande à son Père « pour la gloire et le salut du monde ».

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Nous devons donc vivre à ces deux niveaux auquel le Christ s’est situé : combler les affamés de biens matériels, les combler aussi et surtout de sa Parole qui est lui-même, Parole de Dieu venue en ce monde. « Seigneur, entoure d’une constante protection ceux que tu as renouvelés par le pain du ciel. Puisque tu ne cesses de les réconforter, rends-les dignes de l’éternel salut. » (Prière après la communion)

https://eglise.catholique.fr



 

Homélies - evangeli.net

«Apportez-les-moi ici»

Aujourd'hui, Jésus nous démontre à quel point il veut nous faire participer à son travail de rédemption. Lui qui a crée le ciel et la terre à partir de rien, aurait pu, de la même manière, facilement créer un somptueux banquet pour rassasier la multitude.

 Mais il a préféré faire un miracle à partir de la seule chose que ses disciples pouvaient lui apporter. «Nous n'avons là que cinq pains et deux poissons» (Mt 14,18), lui annoncèrent-ils. «Apportez-les-moi ici» (Mt 14,18), leur dit Jésus. Et Jésus a opéré le miracle de la multiplication à partir d'un repas minime -qui n'aurait même pas suffi à alimenter une famille normale- pour rassasier près de 5000 familles.
Le Seigneur a procédé de la même manière lors des Noces de Cana. Lui qui a fait tous les océans aurait pu remplir les jarres de plus de 100 litres avec le vin le plus fin en partant de rien, mais pour opérer le miracle il a préféré le faire avec la participation de ses créatures en leur demandant d'abord de remplir les jarres d'eau.

Et nous pouvons constater que dans l'Eucharistie il applique le même principe. Jésus, l'Hostie, ne se fait à partir de rien, ni à partir de céréales ni de raisins, mais à partir du pain et du vin, qui sont faits grâce au travail de l'homme.

Feu le cardinal Francisco Javier Nguyen van Thuan, prisonnier des communistes vietnamiens de 1975 à 1988, se demandait comment il pouvait servir le Royaume de Dieu en s'occupant de ses fidèles pendant qu'il essayait de surmonter lui-même la souffrance brutale d'une captivité solitaire. Et en se rendant compte du peu qu'il pouvait faire de sa cellule, il pensait qu'au moins il pouvait offrir au Seigneur ses «cinq pains et deux poissons» chaque jour et que le Seigneur ferait le reste. Et le Seigneur a multiplié tous ses petits efforts en les transformant en un témoignage qui a inspiré non seulement les Vietnamiens mais toute l'Église.

Aujourd'hui, le Seigneur demande à chacun de nous, ses apôtres modernes, de "donner à manger à la multitude" (cf. Mt 14,16). Peu importe que nous ayons peu ou beaucoup: il faut tout donner au Seigneur et le laisser agir à partir de cela.

Abbé Roger J. LANDRY     (Hyannis, Massachusetts, Etats-Unis)

http://evangeli.net/evangile



 

Homélies - Père Gilbert Adam

 Quand Jésus apprit cela, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.

En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades. La souffrance de Jésus est activée par la nouvelle de la mort de Jean le Baptiste. Nous pouvons imaginer combien le regard de Jésus est blessé par le martyre de Jean le Baptiste. Quand Jésus plonge son regard dans cette marée humaine, c’est le regard d’un enfant, comme quand il descendait dans le fleuve du Jourdain. L’humanité blessée dont le regard n’est pas pur, l’humanité meurtrie, troublée retrouve une espérance dans le regard de Jésus. C’est le regard d’un enfant, avec tout ce qu’il peut contenir de découverte, d’attente, de questionnement aussi. Jésus est déjà devant sa Passion. Jean Baptiste, le Précurseur, avait annoncé les événements à venir ! Il a subi les violences du « monde » quand il est venu en aide aux pauvres de Jésus, « Il en on fait tout ce qu’ils ont voulu dira Jésus. » Nous pouvons donc imaginer l’angoisse qui étreint Jésus, mais sa tendresse miséricordieuse est toujours à l’œuvre. Déjà se profile la tache des apôtres qui devront continuer son œuvre. Jésus a pitié de cette foule qui vient à sa rencontre, ils sont là, désirant écouter sa parole, recevant de lui une régénération vitale pour leur vie en souffrance. Jésus aime ce peuple et il reconnaît l’image de Dieu dans cette humanité et ces personnes qui le reconnaissent.

Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! »  Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »   Jésus dit : « Apportez-les moi. » Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. Il y a quelque chose de très bouleversant dans cet Evangile. Jésus entretient un véritable cœur à cœur avec ses disciples quand il regarde l’humanité dans la faim, il établit des liens ! Les disciples ont bien vu que les provisions s’épuisaient : Cela faisait trois jours qu’ils sont là avec  cette foule. Nous sommes toujours confronté au ce manque fondamental de l’humanité ! L’angoisse n’est pas loin et la panique peut prendre le relais aujourd’hui encore. Il y a un  mystère de connivence dans cette humanité et Jésus, le fils de l’homme. Jésus sait ce qu’Il va faire, mais Il veut la coopération de ses apôtres qui devront continuer son œuvre de salut. Le rôle des apôtres dans la distribution du pain est nécessaire. L’essentiel de l’action de Jésus est cachée aux yeux de tous. Les disciples, malgré leur fatigue, servent ces gens qui leur paraissaient d’abord encombrants. Ils regardent maintenant et voient combien Jésus est bon.

Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers pleins.  Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants. Ils mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta les restes des morceaux : sept corbeilles ! Ce miracle annonce la nouvelle Création ou Dieu sera tout en tous. C’est ainsi qu’est annoncée aussi l’eucharistie ! Le Seigneur Jésus nourrira son peuple dans la détresse. Il ne fuira pas devant l’adversité mais il s’offrira avec son Corps et son Sang pour que nous ayons la vraie vie. Le peuple qui marche dans les ténèbres est éclairé par la Parole de Vérité et il est nourri du Pain de la vie. "Que chacun se prépare donc avec un ardent désir à se rendre à cette fête ; qu’il écoute le Sauveur l’appeler, car c’est lui qui nous console tous et chacun en particulier. Que celui qui a faim vienne à lui : il est le vrai pain. Que celui qui a soif vienne à lui : il est la source d’eau vive. Que le malade vienne à lui : il est le Verbe, la Parole de Dieu, qui guérit les malades. Si quelqu’un est accablé par les fardeaux du péché et s’en repent, qu’il se réfugie à ses pieds : il est le repos et le port du salut. Que le pécheur ait confiance, car il a dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos, » dit Saint Athanase

 

Nous demandons la grâce d’une confiance de plus en plus grande vis à vis de Jésus

Père Gilbert Adam

http://www.pere-gilbert-adam.org



 

Homélies portail catholique suisse

 Evangile de dimanche: Consommer ou être consommé

 «Renvoie donc la foule… qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture». Dans ce texte, si célèbre, de la multiplication des pains, on ne se concentre pas volontiers sur cette proposition des disciples. Elle sonne comme une nouvelle manifestation de la naïveté des premiers compagnons de Jésus qui, décidément, ont encore beaucoup à apprendre! Pourtant, on aurait tort de balayer, d’un revers de main, cette remarque, nous imaginant plus christianisés, du haut de nos 2000 ans de Tradition, que ces rustres paysans de l’Antiquité. Renvoyer. Acheter. Voici deux verbes utilisés par les disciples qui peuvent interpeller notre attitude de chrétiens immergés dans une société de consommation.

 Renvoyer. «Renvoie donc la foule». Les disciples ont identifié une difficulté. Ils ont bien vu qu’après cette prédication un peu longue de Jésus, un problème d’intendance allait se poser. Mais ils en tirent immédiatement une conclusion qui les exonère de toute responsabilité à l’égard de cette question : la sphère des besoins primaires, ce n’est pas leur affaire. Après avoir entendu le sublime discours du Christ, ses paroles divines, il ne s’agit pas de s’occuper directement d’alimentation! Pas d’abord parce que cela les ennuie. Mais parce qu’il faut bien séparer les domaines de l’existence… Il est beau et profond de nourrir son âme des paroles du Christ, de se laisser porter vers les sommets, vers une vie au goût déjà céleste. Il serait donc inconvenant de penser à l’alimentation dans un tel climat quasi-angélique!

 Pourtant Jésus ne veut pas que la foule soit renvoyée. Il le dit clairement: «ils n’ont pas besoin de s’en aller». Jésus refuse la logique, propre à notre monde moderne, qui consisterait à séparer les sphères de l’existence. Il n’est pas question que sa parole, une parole faite chair, retentisse malgré les contingences matérielles auxquelles les hommes sont confrontés. La parole doit retentir au cœur de celles-ci. Jésus n’est pas venu pour nous faire oublier notre condition humaine ; il est venu pour nous faire aimer notre condition humaine.

 «Jésus refuse la logique, propre à notre monde moderne, qui consiste à séparer les sphères de l’existence»

 Acheter. «Renvoie donc la foule… qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture». La suite de ce verset met en lumière une seconde erreur des disciples. Pas seulement une séparation du sublime domaine religieux d’avec les viles préoccupations quotidiennes, mais l’idée selon laquelle les auditeurs de la Parole constituent une «foule» qu’il s’agit de «gérer». Proposer que chacun aille acheter la nourriture dont il a besoin ne manque pourtant pas de rationalité. Chacun se procurerait ainsi la nourriture qui correspond à son goût et serait en mesure d’acquérir la quantité de mets susceptible de satisfaire son appétit.

 Pourtant, Jésus veut rompre cette logique, intimant aux disciples l’ordre suivant: «donnez-leur vous-mêmes à manger». Ceux qui écoutent la parole du Christ ne constituent pas une foule d’individus que les disciples devraient encadrer. Ils sont appelés à former une communauté. Dans une communauté digne de ce nom, ce qui est premier n’est pas le caractère optimal de son organisation, la variété des services qu’elle propose et qu’elle pourrait se procurer par un achat sur le marché.

 Ce qui est premier est le bien sur lequel elle est fondée, le bien qu’elle vise: la capacité qu’elle offre à chacun de se donner pleinement. Une communauté est le lieu où ce dont chacun dispose -même le peu dont chacun dispose -est une bénédiction pour le groupe car il est donné aux autres. C’est à cela que Jésus invite les disciples. Donner le peu que l’on a. Reconnaître que ce don est une bénédiction. Non parce qu’il permet de répartir de manière optimale un menu nourrissant pour tous. Mais parce qu’il redit à tous l’importance du don qui les unit.

 L’évangile de ce dimanche est une invitation à tordre le cou aux logiques de nos sociétés de consommation

 L’évangile de ce dimanche est une invitation à tordre le cou aux logiques dans lesquelles nos sociétés de consommation peuvent nous entraîner, logiques qui déteignent souvent sur notre vie spirituelle. Jamais le Christ ne nous demande de «renvoyer» nos besoins les plus humains, mais de les Lui présenter comme lieu par excellence de la rencontre avec Lui. Jamais le Christ ne nous demande «d’acheter» ce qui nous constitue comme groupe, mais d’accepter de le recevoir comme un don qui vient de Lui et de nos frères, qui fonde un lien entre nous. Avec le Christ, il n’y a pas d’une part ce que nous contemplons et d’autre part ce que nous consommons. Il n’y a qu’une invitation, radicalement nouvelle : accepter de nous laisser consommer par son amour, de faire, à sa suite, de notre vie un bien donné aux autres.

 Jacques-Benoît Rauscher | Vendredi 31 juillet 2020

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Vision de Maria Valtorta

Dans les évangiles : Mt 14,13-21 ; Mc 6,31-44 ; Lc 9,10-17 ; Jn 6,1-13

 

      273.1 C’est toujours le même endroit. Toutefois, le soleil ne vient plus de l’est en passant à travers le fourré qui borde le Jourdain en ce lieu sauvage près de l’endroit où les eaux du lac déversent dans le lit du fleuve : il arrive du couchant, tout aussi oblique, en descendant dans une gloire de rouge, et en striant le ciel de ses derniers rayons. Sous cet épais feuillage, la lumière est très adoucie et tend vers les teintes paisibles du soir. Les oiseaux, enivrés du soleil qu’ils ont eu toute la journée, de la nourriture abondante qu’ils ont trouvée dans la campagne voisine, se livrent à une bacchanale de trilles et de chants au sommet des arbres. Le soir tombe avec les pompes finales de la journée.

        Les apôtres le font remarquer à Jésus qui donne toujours son enseignement d’après les exemples qui se présentent à lui.

        « Maître, le soir approche, l’endroit est désert, éloigné des maisons et des villages, ombragé et humide. Il ne nous sera bientôt plus possible, ici, de nous voir ou de marcher. La lune se lève tard. Renvoie le peuple pour qu’il aille à Tarichée ou dans les villages du Jourdain acheter de la nourriture et chercher un logement.

        – Il n’est pas nécessaire qu’ils s’en aillent. Donnez-leur à manger. Ils peuvent dormir ici comme ils ont dormi en m’attendant.

        – Il ne nous reste que cinq pains et deux poissons, Maître, tu le sais.

        – Apportez-les-moi.

        – André, va chercher l’enfant. C’est lui qui garde la bourse. Il y a peu de temps, il était avec le fils du scribe et deux autres, occupé à jouer au roi et à se faire des couronnes de fleurs. »

       273.2 André se hâte d’y aller, et Jean accompagné de Philippe se mettent à chercher Marziam dans la foule toujours en déplacement. Ils le trouvent presque en même temps, avec son sac de vivres en bandoulière, une longue branche de clématite enroulée autour de la tête et une ceinture de clématite d’où pend, en guise d’épée, une massette dont la garde est la massette proprement dite, et la lame sa tige. Avec lui, il y en a sept autres pareillement chamarrés, et ils font un cortège au fils du scribe, un enfant très grêle, plus fleuri que les autres qui tient le rôle de roi. Il a ce regard très sérieux de ceux qui ont beaucoup souffert.

        « Viens, Marziam. Le Maître te demande ! »

        L’enfant plante là ses amis et s’en va rapidement, sans même enlever ses… insignes floraux. Mais les autres le suivent et Jésus est vite entouré d’une couronne d’enfants parés de guirlandes. Il les caresse pendant que Philippe sort du sac un paquet avec du pain, au milieu duquel sont enveloppés deux gros poissons : deux kilos de poissons, guère plus. C’est insuffisant même pour les dix-sept personnes – ou plutôt dix-huit avec Manahen – de la troupe de Jésus.

        73.3 On apporte ces vivres au Maître.

        « C’est bien. Maintenant apportez-moi des paniers. Dix-sept, un pour chacun. Marziam distribuera la nourriture aux enfants… »

        Jésus regarde fixement le scribe, qui est toujours resté à ses côtés, et il lui demande :

        « Veux-tu, toi aussi, donner de la nourriture aux affamés ?

        – Cela me plairait, mais j’en suis démuni moi aussi.

        – Donne la mienne. Je te le permets.

        – Mais… tu as l’intention de rassasier presque cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec ces deux poissons et ces cinq pains ?

        – Sans aucun doute. Ne sois pas incrédule. Celui qui croit verra s’accomplir le miracle.

        – Ah ! Dans ce cas, je veux bien distribuer la nourriture, moi aussi !

        – Alors, fais-toi donner un panier, toi aussi. »

        Les apôtres reviennent avec des corbeilles et des paniers larges et peu profonds, ou bien profonds et étroits. Le scribe revient avec un panier plutôt petit. On se rend compte que sa foi – ou son manque de foi – lui a fait choisir celui-ci comme le plus grand.

        « C’est bien. Mettez tout ici devant et faites asseoir les foules en ordre, en rangs réguliers, autant que possible. »

        Pendant ce temps, Jésus élève les pains avec les poissons par dessus, il les offre, prie et bénit. Le scribe ne le quitte pas un instant des yeux. Puis Jésus rompt les cinq pains en dix-huit parts et les deux poissons en dix-huit parts. Il met un morceau de poisson dans chaque panier – un bien petit morceau – et fait des bouchées avec les dix-huit morceaux de pain. Chaque morceau est divisé en plusieurs bouchées. Elles ne sont guère nombreuses : une vingtaine, pas plus. Chaque morceau est placé dans un panier après avoir été fragmenté, avec le poisson.

        « Et maintenant prenez et donnez à satiété. Allez-y. 273.4 Va, Marziam, le donner à tes compagnons.

        – Oh, comme c’est lourd ! » dit Marziam en soulevant son panier et en allant tout de suite vers ses petits amis. Il marche comme s’il portait un fardeau.

        Les apôtres, les disciples, Manahen, le scribe le regardent partir sans savoir que penser… Puis ils prennent les paniers, et en secouant la tête, se disent l’un à l’autre :

        « Ce gamin plaisante ! Ce n’est pas plus lourd qu’avant. »

        Le scribe regarde aussi à l’intérieur et met la main pour tâter au fond du panier parce qu’il n’y a plus beaucoup de lumière, là, sous le couvert où Jésus se trouve, alors que plus loin, dans la clairière, il fait encore assez clair.

        Mais malgré cette constatation, ils se dirigent vers les gens et commencent la distribution. Ils donnent, donnent, donnent… Et de temps à autre, ils se retournent, étonnés, de plus en plus loin, vers Jésus qui, les bras croisés, adossé à un arbre, sourit finement de leur stupeur.

       La distribution est longue et abondante… Le seul à ne pas manifester d’étonnement, c’est Marziam qui rit, tout heureux de remplir de pain et de poisson les mains de tant de pauvres enfants. Il est aussi le premier à revenir vers Jésus, en disant :

        « J’ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup !… parce que je sais ce qu’est la faim… »

        Et il lève son visage, qui n’est plus émacié, mais que ce souvenir fait pâlir, en lui écarquillant les yeux… Mais Jésus lui fait une caresse, et un sourire lumineux revient sur ce visage d’enfant qui s’appuie en toute confiance contre Jésus, son Maître et Protecteur.

        Peu à peu, les apôtres et les disciples reviennent, muets de stupeur. Le dernier est le scribe, qui ne dit rien. Mais il fait un geste qui vaut plus qu’un discours : il s’agenouille et baise la frange du vêtement de Jésus.

        « Prenez votre part, et donnez m’en un peu. Mangeons la nourriture de Dieu. »

        Ils mangent en effet du pain et du poisson, chacun selon son appétit…

       273.5 Pendant ce temps, les gens, rassasiés, échangent leurs impressions. Même ceux qui sont autour de Jésus se risquent à parler en regardant Marziam qui, en finissant son poisson, plaisante avec les autres enfants.

        « Maître, demande le scribe, pourquoi l’enfant a-t-il tout de suite senti le poids, et nous pas ? J’ai même fouillé à l’intérieur. Il n’y avait toujours que ces quelques bouchées de pain et cet unique morceau de poisson. J’ai commencé à en sentir le poids en m’avançant vers la foule, mais si ç’avait été le poids correspondant à la quantité que j’ai distribuée, il aurait fallu un couple de mulets pour le transport ; pas un panier, mais un char plein, chargé de nourriture. Au début, j’y allais avec parcimonie… puis je me suis mis à donner tant et plus et, pour ne pas être injuste, je suis revenu vers les premiers en faisant une nouvelle distribution parce que je leur avais donné peu de chose. Et pourtant, il y en a eu suffisamment.

        – Moi aussi, j’ai senti que le panier s’alourdissait au fur et à mesure que j’avançais, et j’ai donné tout de suite abondamment, car j’ai compris que tu avais fait un miracle, dit Jean.

        – Personnellement, au contraire, je me suis arrêté et me suis assis, pour renverser sur mon vêtement le fardeau et me rendre compte… Alors j’ai vu des pains en quantité, et j’y suis allé, raconte Manahen.

        – Moi, je les ai même comptés pour ne pas faire piètre figure. Il y avait cinquante petits pains. Je me suis dit : “ Je vais les donner à cinquante personnes, puis je reviendrai. ” Et j’ai compté. Mais, arrivé à cinquante, le poids était toujours le même. J’ai regardé à l’intérieur : il y en avait encore autant. Je suis allé de l’avant et j’en ai donné par centaines. Mais cela ne diminuait jamais » relate Barthélemy.

        Thomas dit:

       « Moi, je le reconnais, je n’y croyais pas. J’ai pris dans mes mains les bouchées de pain et ce petit morceau de poisson et je les regardais en pensant : “ A quoi cela va servir ? Jésus a voulu plaisanter !… ” Et je les regardais, je les fixais, restant caché derrière un arbre, espérant et désespérant d’en voir le nombre augmenter. Mais c’était toujours la même chose. J’allais revenir quand Matthieu est passé et m’a dit : “ Tu as vu comme ils sont beaux ? ” “ Quoi ? ” ai-je répondu. “ Mais les pains et les poissons !… ” “ Tu es fou ? Moi je vois toujours des petits morceaux de pain. ” “ Va les distribuer avec foi, et tu verras. ” J’ai jeté dans le panier ces quelques bouchées et j’y suis allé avec réticence… Et puis… pardonne-moi, Jésus, car je suis pécheur !

        – Non, tu es un esprit du monde. Tu raisonnes comme les gens du monde.

        – Moi aussi, Seigneur, dans ce cas » dit Judas. « Au point que j’ai pensé donner une pièce avec le pain en pensant : “ ils iront manger ailleurs. ” J’espérais t’aider à faire meilleure figure. Que suis-je donc, moi ? Comme Thomas ou davantage ?

        – Bien plus que Thomas, tu es “ monde. ”

        – Pourtant, j’ai pensé faire l’aumône pour être Ciel ! C’étaient mes deniers personnels…

        – Aumône à toi-même et à ton orgueil, ainsi qu’aumône à Dieu. Ce dernier n’en a pas besoin et l’aumône à ton orgueil est une faute, pas un mérite. »

        Judas baisse la tête et se tait.

        « De mon côté, dit Simon le Zélote, je pensais que cette bouchée de poisson, ces bouchées de pain, il me fallait les fragmenter pour qu’elles suffisent. Mais je ne doutais pas qu’elles auraient suffi pour le nombre et la valeur nutritive. Une goutte d’eau, donnée par toi, peut être plus nourrissante qu’un banquet.

        – Et vous, qu’en pensiez-vous ? demande Pierre aux cousins de Jésus.

        – Nous nous rappelions Cana… et nous ne doutions pas, dit sérieusement Jude.

        – Et toi, Jacques, mon frère, tu n’as pensé qu’à cela ?

        – Non. J’ai pensé que c’était un sacrement. Comme tu m’en as parlé… Est-ce bien cela ou je me trompe ? »

        Jésus sourit :

        « Oui et non. A la vérité de la puissance d’une goutte d’eau, exprimée par Simon, il faut ajouter ta pensée pour une figure lointaine. Mais ce n’est pas encore un sacrement. »

        73.6 Le scribe garde une croûte de pain entre les doigts.

        « Qu’en fais-tu ?

        – Un… souvenir.

        – Je la garde moi aussi. Je la mettrai au cou de Marziam dans un sachet, dit Pierre.

        – Moi, je la porterai à notre mère, dit Jean.

        – Et nous ? Nous avons tout mangé… disent les autres, mortifiés.

        – Levez-vous. Faites de nouveau le tour avec les paniers, recueillez les restes. Séparez les gens les plus pauvres d’avec les autres et amenez-les moi ici, avec les paniers. Et puis vous, mes disciples, allez tous vers les barques et prenez le large pour vous rendre à la plaine de Génésareth. Je vais congédier les gens après avoir fait une distribution aux plus pauvres, puis je vous rejoindrai. »

        Les apôtres obéissent… et reviennent avec douze paniers pleins de restes, et suivis d’une trentaine de mendiants ou de personnes très misérables.

        « C’est bien. Allez. »

        Les apôtres et les disciples de Jean saluent Manahen et partent avec quelque regret de quitter Jésus. Ils obéissent pourtant. Manahen attend, pour laisser Jésus, que la foule, aux dernières lueurs du jour, s’en aille vers les villages ou cherche un lieu où dormir parmi les joncs hauts et secs. Puis il fait ses adieux. Le scribe est parti avant lui, l’un des premiers même, car, avec son petit garçon, il a suivi les apôtres.

        73.7 Lorsque tout le monde s’en est allé ou s’est endormi, Jésus se lève, bénit les dormeurs et se dirige à pas lents vers la péninsule de Tarichée, surélevée de quelques mètres au-dessus du lac, comme si c’était une avancée de colline dans le lac. Lorsqu’il en a atteint la base, et sans entrer dans la ville, mais en la longeant, il gravit le monticule et s’installe sur un rocher, pour prier, face à l’azur et à la blancheur du clair de lune dans la nuit sereine.

  






Evangile - Extraits de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris-France, 1980-2020. Tous droits réservés.


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