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Chorale Belgo-Burundaise CSFA
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27 mars 2020

La prière du Notre père: homélies complètes à partir d’une étude du Père Carmignac

INTRODUCTION [Abbaye Saint Louis du Temple]

Le Notre père est une prière parfaitement structurée et composée selon un plan précis-Une invocation solennelle : " Notre Père qui es aux cieux" et 7 demandes : dans les trois premières l'homme pense à Dieu, dans les quatre autres, l'homme demande à Dieu de penser à lui.
Trois vœux adressés à Dieu et pour Dieu : "Toi":
  • sanctification du Nom de Dieu
  • la venue du Règne de Dieu
  • l'accomplissement de la Volonté de Dieu sur la terre comme au ciel (littéralement au ciel et sur la terre)
Quatre demandes concernant l'homme, "nous":
  • le pain
  • le pardon personnel et le pardon que l'on fait à autrui
  • la tentation
  • la libération du Mal.
Le chiffre 7 est le chiffre de la perfection, de la création. Le 3 est le chiffre divin par excellence (la Trinité), 4 reste le chiffre de la terre (le concret...).L'accomplissement de la création divine se trouve dans l'union du spirituel et du matériel qui sont nos deux sources de vie.
[ndlr: chorale-csfa] Le secrétariat de la chorale-CSFA vous propose de méditer cette merveilleuse compilation d'homélies sur la prière du Notre Père à partir d’une étude du Père Carmignac. Si vous ne pouvez pas tout méditer en un jour, lisez chaque demande jour après jour, ça vaut la peine! 

[ndlr: chorale-csfa]

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 11, 1-13)

01 Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »

02 Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.

03 Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.

04 Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

05 Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : “Mon ami, prête-moi trois pains,

06 car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.”

07 Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.”

08 Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.

09 Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira.

10 En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.

11 Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ?

12 ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ?

13 Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »


Evangile - Extraits de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris-France, 1980-2020. Tous droits réservés.


Préambule : Notre Père !

Mes frères,

Puisque saint Luc, dans son Evangile, nous rapporte aujourd’hui une version du Notre Père, je pense qu’il nous serait profitable de méditer ensemble cette prière venue du ciel. D’une part les versions que nous en avons manquent de précision comme en témoignent les études récentes d’un spécialiste de Qumrân, le Père Carmignac. D’autre part, tous les chrétiens reçoivent le Notre Père comme leur prière commune. Enfin, puisqu’elle a été composée par le Christ, nous devons présumer importantes les vérités de foi qu’elle renferme.

Nous n’épuiserons point le sujet aujourd’hui. Mais comme nous la retrouvons à chaque messe, à un tournant capital de l’action liturgique, nous pourrons y revenir sans scrupule.

Dans le Sermon sur la Montagne, saint Matthieu nous en rapporte un texte un peu plus long que saint Luc : en hébreu il s’agit même d’un beau poème construit selon l’art poétique de cette époque et incompatible avec de quelconques retouches. Au temps de Jésus, en effet, si l’on parlait l’araméen, on écrivait les textes importants en hébreu, langue officielle et liturgique. C’est d’ailleurs le texte de Matthieu que la Tradition a retenu dans la liturgie et la catéchèse.

La prière commence ainsi : « Notre Père qui es aux cieux ! »

Pourquoi Jésus nous demande-t-il d’appeler Dieu Notre Père ? Jusqu’ici les scribes et les rabbins enseignaient que Dieu aimait les hommes, les instruisait et au besoin les corrigeait comme un père. Mais aucun d’entre eux n’avait accordé une importance primordiale à la paternité divine.

Or pour Jésus qui est le véritable fils, le Fils unique, participant à la même nature que lui, Dieu est essentiellement père. Et tous les hommes, à la suite de leur sauveur, doivent le considérer ainsi. L’enseignement du Christ rappelle sans cesse la tendresse et la providence paternelle de Dieu au point qu’il est le seul à mériter ce nom de Père.

Mais comme l’incarnation du Fils a pour but d’apporter aux hommes la possibilité de devenir enfants de Dieu par adoption et par participation à la nature divine, on comprend que l’essentiel de la mission du Christ ait été d’apprendre aux hommes à vivre en enfants de Dieu, c’est à dire à rechercher sa gloire, à faire sa volonté, à l’imiter jusque dans la miséricorde et le pardon.

Ainsi, lorsque le Christ dit : Père, il exprime sa propre filiation divine et nous, notre filiation adoptive. Et puisque c’est par le Christ que nous devenons enfants de Dieu, notre prière filiale est une participation à la prière même du Christ.

Enfants d’un même Père, dans le Christ, nous sommes tous frères et nous devons donc nous aimer et nous traiter comme tels : c’est la base de la morale et de la spiritualité chrétienne !

Il faut préciser que cette fraternité acquise par la grâce de Dieu dépasse et transcende la fraternité naturelle des hommes. Nous disons qu’elle est d’ordre surnaturel. Elle porte donc en elle une puissance et une richesse inconcevables. C’est pourquoi notre prière ne saurait être individuelle : elle est portée par la grande famille des enfants de Dieu en un seul hommage et une seule imploration : Notre Père !

On peut regretter que les traductions ajoutent qui es aux cieux, comme si l’insistance portait sur la demeure de Dieu. Certes il s’agit bien ici d’une traduction littérale du texte de saint Matthieu, mais l’hébreu n’a pas la possibilité d’écrire Notre Père du Ciel ou Notre Père céleste. Or l’Evangile oppose souvent, pour les distinguer les pères terrestres du Père céleste. (Matt. 7/11 ; 23/9. Jo. 1/13) D’ailleurs, pour les juifs, à l’époque, dire notre père désignait Abraham, le père terrestre de leur race. (Luc 3/8 ; Jo 8/35 ; Jo 8/53 ; Jo 8/56 ; Act. 7/2; Rom. 4/1-12) C’est pourquoi saint Luc, écrivant pour les païens, avait jugé bon de supprimer cette précision, utile aux seuls Juifs.

Ainsi la traduction la plus fidèle au texte hébreu pris dans son contexte serait une de celles-ci : Notre Père céleste ou Notre Père du Ciel ou Notre Père des Cieux

Ces réflexions nous aideront à comprendre dans le bon sens la formule officielle – actuelle – et, en nous rapprochant de la vérité, à mieux prier. Nous continuerons cette méditation : pour l’instant, nous allons nous unir dans la proclamation d’une même foi. AMEN.


1ère demande :« Que ton nom soit sanctifié ! »

Mes frères,

Aujourd’hui, nous allons continuer notre méditation sur l’oraison dominicale.

Dimanche dernier, nous avons vu pourquoi, à la suite du Christ, nous appelions Dieu, Père ! Nous avons également précisé le sens de la proposition qui es aux Cieux. Maintenant nous allons passer à la première demande, à savoir : Que ton nom soit sanctifié ! 

Cette petite phrase demeure incompréhensible pour tous ceux qui n’ont pas la culture biblique. Elle contient en effet deux mots dont la richesse de sens est quasiment impossible à rendre dans les autres langues.

En effet,lorsque les Hébreux ou les Juifs parlent du nom du Seigneur, ils l’identifient à sa personne même. Aussi attachent-ils à ce nom le même respect et la même adoration qu’à Dieu. Dans l’Ecriture, on trouve plusieurs fois le mot « nom » dans le sens de « Dieu », employé à la place du mot « Dieu ». Lorsque Jésus dit qu’il a fait connaître et manifesté le nom de son Père, il veut simplement dire qu’il a fait connaître son Père…

On pourrait citer de très nombreux exemples dans ce sens. Ainsi donc dans cette prière, nous souhaitons non seulement que le nom divin soit traité avec respect mais que Dieu lui-même soit vraiment honoré. 

Quel est maintenant le sens exact de «  sanctifié » ? Que veut dire sanctifier Dieu ?Serait-ce souhaiter la sainteté à celui qui est la sainteté même ? Nous aurions alors une formule creuse et inutile.

En hébreu le mot quâdash, que nous traduisons par sainteté, évoque en priorité l’idée de séparation, de distinction. Appliqué à Dieu, il signifie sa transcendance. Dieu est saint voudra dire : Dieu est le tout autre, l’être essentiellement supérieur, le tout-puissant, l’incomparable.

« Aussi, en définitive, sanctifier le nom de Dieu, c’est entourer Dieu d’obéissance, d’honneur, de respect, c’est reconnaître et admirer sa grandeur, sa puissance, sa justice, ses merveilles, c’est proclamer sa gloire. » (Carmignac) 

Mais par qui doit être sanctifié le nom de Dieu ? Serait-ce seulement par toutes les créatures du ciel et de la terre ? Dieu ne pourrait-il pas tout seul assurer efficacement sa gloire ? A-t-il même besoin de nous pour cela ?

Certes, Dieu n’a besoin de personne. Mais, en nous créant, il a voulu précisément nous associer à son bonheur et, parce qu’il nous a créés libres, il ne réalise pas le bien en nous si nous ne le voulons pas.

Or notre raison d’être comme créatures c’est finalement de refléter la gloire de Dieu en mettant notre vie en harmonie avec la volonté divine ; c’est d’entrer librement dans l’ordre magnifique du cosmos, l’œuvre de Dieu, et de s’offrir à tous et à chacun comme un signe de Dieu.

Mais comme cela nous est impossible à réaliser sans l’aide de la grâce, il est normal que nous demandions l’aide du Père « de qui vient tout don parfait ».

« De toute façon, cette prière initiale revêt une extrême importance. La première demande, que nous présentons à Notre Père du ciel, ne nous replie pas sur nous-mêmes, elle nous jette dans ses bras. Elle exprime ce que doit être l’aspiration essentielle de notre foi : la louange et la gloire du Dieu trois fois saint. Elle nous fait participer à l’hommage des anges, tel que nous pouvons l’entrevoir dans l’hymne de Noël et dans les liturgies célestes de l’Apocalypse. Elle nous apprend à désirer remplir notre vocation éternelle à la louange de Dieu. » (Carmignac) 

En conclusion nous dirons que le mot hébreu, traduit en français par son correspondant sanctifier, devrait plutôt être rendu par glorifier. Pour beaucoup, ce serait plus simple et plus clair. En attendant, les deux premières lignes du Notre Père deviennent alors, dans notre esprit, lorsque nous prononçons la formule officielle :

Notre Père des Cieux,

Que ton nom soit glorifié !

C’est bien là le sens qu’il faut lui donner.

Dimanche prochain, nous poursuivrons nos réflexions en demandant à l’Esprit-Saint d’éclairer notre esprit afin de nous amener à prier comme il faut. AMEN


2ème demande : « Que ton règne vienne ! »

Mes frères,

La deuxième demande du Notre Père se formule ainsi : « Que ton règne vienne ! » Elle fera donc aujourd’hui notre sujet de méditation.

Après avoir souhaité à notre Père du Ciel que toute la création lui rende gloire, nous formulons le vœu que son règne s’étende. En fait, personne ne peut contester que le monde appartient à son Créateur et que celui-ci peut en conséquence exercer sur lui son pouvoir. Or c’est l’image humaine de règne qui a été retenue pour désigner ce rapport de Dieu avec la création. En principe, rien ne devrait s’opposer au règne de Dieu. Mais Dieu a laissé à ses créatures libres un temps pour choisir. Certaines se sont déjà révoltées définitivement par orgueil, d’autres hésitent d’autres adhèrent pleinement. Dans la mesure où Dieu peut exercer son influence sanctifiante dans les cœurs, nous disons que son règne s’étend. Il s’étend aussi sur les rebelles au fur et à mesure qu’ils reçoivent le châtiment mérité. Toutes les créatures libres, qui acceptent le règne de Dieu sur elles, constituent le Royaume du Christ et de Dieu. Et ce Royaume se trouvera définitivement constitué lorsque tous les élus auront accueilli pleinement le Règne de Dieu dans leur cœur.

Ainsi donc, dans le Notre Père, nous demandons que le pouvoir royal de Dieu puisse s’exercer plus totalement et plus largement sur des sujets plus nombreux et plus obéissants et qu’ils reconnaissent pleinement sa Royauté. 

L’ancienne traduction disait : « Que votre règne arrive ! » Nous disons maintenant : « Que ton règne vienne ! »

Le règne de Dieu est commencé. Il a été inauguré par Jésus, il se prolonge par la vie de l’Eglise mais il n’aura son plein épanouissement que dans la gloire céleste.

Si l’on pense à ce plein épanouissement du règne de Dieu, il est normal de souhaiter que son règne vienne. En français, le verbe venir marque un mouvement vers le lieu où l’on se trouve, mais sans préciser la position actuelle de l’être en mouvement. Or cette vision des choses semble oublier que le Règne de Dieu est déjà parmi nous, même s’il ne l’est qu’en partie. C’est ce qu’affirme saint Luc au chapitre 17/21. D’autres passages d’Evangile disent « qu’il est tout proche, à notre porte. » Lorsque vous attendez votre famille et que leur voiture pénètre dans votre cour ou se montre au détour du chemin, vous ne dites pas qu’ils viennent mais qu’ils arrivent. En effet, le verbe arriver marque un mouvement qui est en train d’aboutir à destination, un mouvement qui touche à la rive.

Or le Règne de Dieu, déjà inauguré par la venue du Christ, va en se développant progressivement à mesure qu’il gagne de nouvelles âmes. Par l’action mystérieuse de la grâce, il agit dans le cœur des hommes pour les guider et les gouverner selon la volonté de Dieu, en les acheminant vers la participation à sa gloire du Ciel. Dans le Notre Père, nous supplions Dieu de faire parvenir son Règne à des âmes de plus en plus nombreuses et de plus en plus soumises à sa volonté, à sa royauté. Puisque le mouvement d’approche de ce Règne de Dieu est déjà terminé, il est plus logique de demander, non pas qu’il vienne comme s’il était lointain, mais que vraiment il arrive dans le cœur des élus et cela le plus vite possible.

Une traduction n’est jamais définitive, mais nous devons respecter et garder le texte officiel ; dans le cas précis, puisque les verbes venir et arriver sont toutefois synonymes, la pensée peut se permettre de donner à venir le sens d’arriver et d’apporter ainsi à la prière la précision qui manque.

Le texte français du Notre Père est un texte œcuménique et le sens que nous donnons ici à cette demande pouvait heurter la théologie protestante qui rejette la sanctification des âmes par la grâce. Il ne nous est pas interdit, à nous, de restituer aux mots, par la pensée, toutes leurs richesses. Et puis nous y verrons une invitation à prier pour les Chrétiens des autres confessions qui ne possèdent pas, comme le disait le concile, la plénitude de la vérité révélée : nous devons souhaiter qu’ils y accèdent le plus vite possible. AMEN.


3ème demande : « Que ta volonté soit faite ! »

Mes frères,

Continuant notre commentaire du Notre Père d’après les récents travaux de l’abbé Carmignac, spécialiste des manuscrits de Qumrân et des langues orientales, nous aborderons aujourd’hui la troisième demande formulée ainsi : « Que ta volonté soit faite. »

A première vue, elle n’ajoute pas grand chose à la deuxième mais elle insiste sur l’aspect primordial de l’extension du règne de Dieu. Le règne de Dieu n’arrive dans les cœurs que dans la mesure où premièrement la volonté divine y est accomplie.

L’expression faire la volonté de Dieu est fréquemment employée dans l’Ecriture. Le mot volonté ne désigne pas proprement la puissance de décision irrésistible qui est en Dieu mais le plan, le dessein auquel il veut soumettre sa création et les lois qui y président. Faire la volonté de Dieu veut donc dire entrer dans le plan divin et obéir aux commandements.

En Jésus, la volonté du Père s’est pleinement réalisée sur terre. Lui-même disait : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé… , or cette volonté c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés… » (Jo. 4/sq.) C’est pourquoi, à Gethsémani, pour que le plan du Père s’accomplisse, le Christ accepte le calice de sa passion douloureuse : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! » (Luc 22/42)

Disciples du Christ, appelés à imiter notre Sauveur, nous devons chercher, nous aussi, à connaître la volonté de Dieu pour la mettre en pratique. Saint Paul écrivait aux Thessaloniciens 4/3 : « Telle est la volonté de Dieu : votre sanctification. Que chacun de vous sache user de son corps avec sainteté et respect… Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté mais à la sainteté. » Et encore : « Réjouissez-vous toujours, priez sans cesse, rendez grâce en tout : telle est envers vous la volonté de Dieu dans le Christ Jésus. Lorsque le jeune homme riche demanda à Jésus ce qu’il fallait faire pour avoir la vie éternelle, Jésus lui répondit : « Observe les commandements : tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage etc. »

« En somme, la volonté de Dieu sur les hommes, c’est qu’ils se conduisent parfaitement selon les commandements ; et la volonté de Dieu sur le Christ, c’est qu’il conduise les hommes à la vie éternelle. » (Carm.)

Pour le Christ, obéir à son Père c’était le moyen d’entrer en pleine communion avec lui. Dans sa nature humaine il ne pouvait évacuer l’obéissance qui était devenue pour lui depuis l’Incarnation la condition et le signe de son amour.

A plus forte raison, nous, simples créatures, devons-nous comprendre que l’obéissance au plan et à la loi de Dieu est le seul moyen d’entrer en communion avec lui. Toute créature appartient nécessairement à son créateur mais une volonté libre ne lui appartient pleinement que si elle se tient dans l’obéissance.

Bien plus, en demandant que la volonté de Dieu soit faite nous souhaitons non seulement que Dieu la mette à exécution mais que nous-mêmes sachions y collaborer le mieux possible. Or pour cela ne faut-il pas aller comme le Christ, jusqu’à « renoncer à sa volonté propre, en tout ce qu’elle renferme d’égoïsme instinctif, pour la fondre dans la sainte volonté divine ? » (Carmignac)

Cette troisième demande du Notre Père exige un grand détachement de soi-même si on veut la dire sans hypocrisie. Mais pour entrer dans le Royaume de Dieu, n’est-il pas demandé d’avoir le cœur pur, c’est à dire un cœur sans mélange, droit et sincère ? Exigence difficile ! Mais ne perdons pas confiance, car dans le domaine spirituel c’est Dieu qui nous donne, par sa grâce, la force qui nous manque et qui vient au secours de nos efforts sincères.

Quoi qu’il en soit, lorsque la volonté de Dieu est faite et prépare ainsi l’arrivée de son règne, nous lui rendons la gloire que nous lui devons en tant que créatures et fils. Ainsi les trois premières demandes du Notre Père témoignent d’une harmonie parfaite, non seulement entre elles, mais avec tout l’Évangile et les lettres des apôtres.

Nous verrons dimanche prochain comment sa forme littéraire originelle et originale lui apporte une précision lumineuse que déjà le Catéchisme du concile de Trente enseignait, mais qui était tombée dans l’oubli.

Demandons au Seigneur de nous faire prier aujourd’hui comme il faut pendant cette messe. Car la bonne prière fait le bon chrétien. AMEN.


Précisions à partir de la péricope : « Sur la terre comme au ciel. »

Mes frères,

Nous arrivons aujourd’hui à la fin de la première strophe du Notre Père, cette magnifique prière, composée en hébreu par le Christ et transmise fidèlement par saint Matthieu.

En la méditant, nous avons pris une conscience plus aiguë de notre filiation adoptive. Nous sommes vraiment devenus enfants de Dieu par le baptême : grâce à la foi et à la charité nous participons à la nature divine – non point certes en plénitude comme le Christ – et nous sommes destinés à partager le même héritage avec lui.

Dieu le Père n’est pas comme nos pères de la terre ; il est notre Père céleste, celui qui en Dieu est l’origine du Fils, le Verbe éternel et avec lui source de l’Esprit-Saint.

Puisque nous sommes ses créatures libres, il veut nous associer à la glorification de son nom, c’est à dire de lui-même, car toute la création n’a de sens que si elle reflète la gloire de son Créateur. Or cette glorification se réalise dans la mesure où l’influence de l’Esprit de Dieu peut s’exercer dans les intelligences et les volontés arrachées au péché, ce qui exige une obéissance totale à la sainte volonté divine, à son plan de salut et aux commandements qui montrent le chemin du ciel. C’est pourquoi, à l’invitation du Christ, nous disons :

Notre Père du Ciel

Que ton nom soit glorifié,

Que ton règne arrive,

Que ta volonté soit faite !

Et nous ajoutons : Sur la terre comme au ciel.

Faut-il rattacher ce complément à la troisième à la troisième demande seulement ou à toutes ?

Dès l’an 233, un prêtre érudit d’Alexandrie écrivait : « La prière qui nous est demandée pourrait être la suivante : Que ton nom soit sanctifié sur la terre comme au ciel, qu’advienne ton règne sur la terre comme au ciel, que soit faite ta volonté sur la terre comme au ciel. Le nom de Dieu est sanctifié par les habitants du Ciel ; le règne de Dieu s’est établi parmi eux ; la volonté de Dieu est faite parmi eux. Toutes ces choses, incomplètes pour les habitants de la terre, peuvent être réalisées si nous savons nous montrer dignes d’être exaucés par Dieu. »

En 1566, après une reprise de cette idée par plusieurs théologiens du Moyen-Age, le catéchisme du concile de Trente recommandait aux pasteurs « d’avertir le peuple des fidèles que les paroles sur la terre comme au ciel peuvent se rapporter à chacune des demandes précédentes.

En tout cas, les études récentes sur l’art poétique des manuscrits de la Mer Morte justifient tout à fait cette interprétation. Le Notre Père a une structure essentiellement poétique et sa première strophe, tout comme la seconde, groupe cinq vers. Le cœur de cette première strophe est formé de trois demandes parfaitement parallèles :

Que ton nom soit glorifié,

Que ton règne arrive,

Que ta volonté soit faite !

On ne peut donc pas, sans troubler l’harmonie de l’ensemble, accrocher un vers supplémentaire à la seule troisième demande. La symétrie exige « qu’on voie dans le premier vers une invocation qui introduit chacune des trois demandes, puis dans le cinquième vers, un complément qui affecte également chacune des trois demandes. » (Carmignac)

On y compare le ciel à la terre. Il ne s’agit pas seulement des cieux visibles, de la voûte céleste, mais aussi et surtout des cieux invisibles, « de la cour céleste où les saints anges chantent sans cesse la gloire de Dieu. Tout comme Dieu est glorifié par la révolution merveilleuse du soleil, de la lune et des étoiles, tout comme il est glorifié bien plus encore par l’hommage mystérieux des liturgies angéliques, nous désirons et nous demandons qu’il soit glorifié par la libre adoration de ses fils de la terre… Tout comme Dieu règne souverainement sur le cours des astres et tout comme il règne en plénitude sur les êtres qu’il a choisis comme associés de sa vie éternelle, nous désirons et nous demandons qu’il exerce une influence aussi totale et aussi bienfaisante sur les êtres plus charnels qui n’ont pas encore terminé leur pèlerinage terrestre. Tout comme les astres qui répondent à l’appel de Dieu, tout comme les anges qui sont les serviteurs de Dieu, nous désirons et nous demandons que les hommes deviennent tellement dociles à Dieu que sa volonté se réalise parfaitement dans l’adhésion respectueuse de leurs volontés. » (Carmignac)

Malheureusement il est difficile de trouver en français une traduction qui invite clairement à une telle interprétation : si nous voulons montrer, dans notre langue, qu’un complément affecte plusieurs verbes, nous le plaçons normalement avant ces verbes. Nous obtiendrions alors la traduction suivante :

Notre Père du Ciel,

Que sur terre comme au ciel,

( ou mieux : Que, sur la terre aussi,)

Ton nom soit glorifié,

Ton règne arrive,

Ta volonté soit faite !

En tout cas c’est là le sens qu’il faut donner au texte liturgique officiel.

D’autres surprises nous attendent dans l’interprétation de la deuxième strophe. Mais aurions-nous entre les mains la traduction la plus fidèle possible, seul l’Esprit-Saint, en définitive, peut nous donner de prier chaque jour cette prière comme il faut, dans la sincérité et l’élan du cœur. AMEN. 


4ème demande : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ! »

Mes frères,

Nous abordons aujourd’hui l’étude de la deuxième strophe du Notre Père. Cette prière, nous l’avons dit, a été composée en hébreu, langue liturgique et sacrée des juifs. Le texte originel a été perdu mais, si nous retraduisons dans cette langue le texte grec, nous nous apercevons, au dire des spécialistes, qu’il a une forme essentiellement poétique et que les mots eux-mêmes ont perdu une grande partie de leurs richesses et de leur puissance d’évocation, lorsqu’ils ont été traduits dans d’autres langues. Grâce aux travaux du Père Carmignac, nous avons essayé d’en serrer le sens de plus près et déjà la première strophe nous est apparue sous un nouveau jour. La traduction la plus claire en français serait celle-ci : 

Notre Père du Ciel,

Que, sur la terre aussi,

Ton nom soit glorifié,

Ton règne arrive,

Ta volonté soit faite !

La deuxième strophe commence ainsi dans la traduction liturgique actuelle : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. » Notons d’abord qu’après avoir souhaité la gloire de Dieu, notre Père, nous lui demandons son aide. Deux mots font difficulté dans cette première demande : le mot pain et son complément de ce jour.

En hébreu, le mot que nous traduisons par pain ne désigne pas seulement le pain matériel pétri et cuit ; il peut s’appliquer à toute espèce de nourriture. Bien plus, il peut prendre un sens métaphorique ou figuré et représenter, en particulier dans l’Evangile, soit l’activité salvatrice de Jésus, soit le Royaume de Dieu, soit Jésus lui-même dont la chair est une nourriture de vie éternelle. En tout cas, lorsque le Christ emploie le mot pain (Marc 8/15 ; Matth. 16/6-12 ; Luc 12/1 ; Jo. 4/32-38), il ne veut pas d’abord parler de l’aliment matériel mais avant tout de la nourriture spirituelle qui donne à notre âme la vie véritable, la vie des enfants de Dieu. 

Si nous lisons en saint Jean (6/26-59) le discours de Jésus sur le pain de vie, nous apprenons que le Sauveur va donner au monde un pain spirituel, un pain venu du Ciel, plus merveilleux que la manne. La manne était bien sûr un aliment matériel, mais elle symbolisait la Parole de Dieu dont il ne faut jamais cesser d’avoir faim : « Dieu t’a fait manger la manne, lit-on au Deutéronome (8/3), afin de te faire savoir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de la Parole qui sort de la bouche de Dieu. » La manne préfigurait en outre l’Eucharistie : « Vos pères ont mangé la manne dans le désert et ils sont morts… Moi, je suis le Pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour l’éternité. Et le pain que je donnerai c’est ma chair au profit de la vie du monde. »

Ainsi donc, lorsque dans le Notre Père, nous demandons du pain, il s’agit bien entendu de la nourriture pour notre corps mais aussi et surtout du « pain spirituel qui nourrit l’âme par la Parole de Dieu et par l’Eucharistie. » 

Les traducteurs ont toujours été embarrassés pour traduire le terme suivant que le texte liturgique rend par de ce jour. Pourquoi ? Parce que le grec emploie ici un adjectif unique, inventé par le traducteur – un néologisme ! – introuvable dans la langue des auteurs classiques. La difficulté disparaîtrait si nous avions le texte hébreu originel ou des copies du 1er siècle. Saint Jérôme, qui a traduit le premier la Bible en latin au 4ème siècle, affirme que les textes hébreux qui circulaient encore de son temps employaient un mot qui avait le sens de demain dans une expression qu’on pourrait traduire par jusqu’à demain. Or c’est également l’un des sens possibles de l’adjectif grec employé dans la traduction des Septantes… On pourrait donc traduire : « Donne-nous aujourd’hui notre pain jusqu’à demain ! » En demandant ainsi à Dieu la nourriture du jour seulement, nourriture matérielle et nourriture spirituelle, qui permette de tenir jusqu’au lendemain, nous restons en plein accord avec les autres paroles du Christ : « A chaque jour suffit sa peine… Ne vous inquiétez pas du lendemain. » (Matt.6/34) 

En donnant toute leur richesse aux mots dont nous venons de parler, nous aurons une conscience plus vive de cette perpétuelle libéralité de Dieu qui renouvelle chaque jour ses dons matériels et ses grâces et nous serons amenés peu à peu « à compter jour après jour sur la Providence de notre Père céleste, dans une attitude de filial abandon. »

Le Notre Père est la plus sûre école de l’Évangile. AMEN.


5ème demande : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »

Mes frères,

Notre plus belle prière, celle que le Seigneur lui-même a composée pour nous en hébreu, dans la langue sacrée et liturgique des Juifs, contient, au dire du Catéchisme du concile de Trente, « tout ce que nous pouvons désirer, espérer ou demander pour notre bien. » Nous avons vu, dimanche dernier, qu’en demandant à notre Père du Ciel, les nourritures matérielles et spirituelles qui nous sont nécessaires chaque jour pour atteindre le lendemain, nous restions fidèles à l’esprit de l’Evangile qui nous invite à une confiance totale en la Providence. Nous en arrivons aujourd’hui à méditer cette autre demande capitale : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »

Faut-il le rappeler, nous avons ici, à l’usage des fidèles, un texte dont l’original en saint Matthieu a été traduit par ces mots dans la Bible de Jérusalem : « Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs. » Les termes de dettes et de débiteurs sont évidemment pris au sens figuré et désignent bien nos fautes, nos péchés ou nos offenses. Mais ils ont l’avantage de nous rappeler que nos fautes nous font contracter une véritable dette de peines, dette à « acquitter soit par des pénitences appropriées soit par la souffrance. » (C.T.)

Nous oublions trop souvent, surtout de nos jours, que le péché reste le mal le plus grave et que sur ce point aucun homme n’est innocent. Au livre des Proverbes, nous lisons : « Qui peut dire : mon cœur est pur ; je suis exempt de péché ? » (Prov. 20/9) Et saint Jean écrit (1ère épître 1/8) : « Si nous nous disons sans péchés, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous ! » Le concile de Milève est formel : « Si quelqu’un interprète ces paroles de l’Oraison dominicale Pardonnez-nous nos offenses comme si les saints ne les prononçaient que par humilité et non point avec sincérité et vérité, qu’il soit anathème ! »

Et le péché est le mal le plus grave et le plus profond. En même temps qu’il incarne une révolte contre Dieu, il introduit un désordre fondamental dans notre nature. Le péché nous sépare réellement de Dieu notre Créateur, notre Providence et notre Sauveur. Il nous fait mépriser ses dons et ses grâces et nous « voue au démon, à la plus misérable des servitudes. » « Il viole la sainteté de notre âme, profane en elle le temple du Seigneur, infecte notre raison et notre volonté. » Et comme l’univers voulu par Dieu est UN, le désordre du péché rejaillit profondément sur l’ordre du monde et l’équilibre de la création.

Dieu est donc en droit de demander des comptes au pécheur. Mais puisque à l’égard de sa Majesté et de son amour infinis nous sommes des débiteurs insolvables, nous devons chercher à nous appliquer les mérites, acquis par le Christ sur la croix, en ayant recours aux sacrements de Pénitence et d’Eucharistie. Sûrs alors de cette Miséricorde qui nous a donné le Sauveur, nous pouvons dire : « Père acquitte-nous nos dettes… Pardonne-nous nos offenses ! »

Ces paroles, nous devons les prononcer d’abord avec le souvenir amer de nos propres fautes et la douleur sincère d’avoir offensé la Tendresse infinie. Nous devons ensuite les prononcer avec une absolue confiance en l’infinie Miséricorde d’un Dieu qui prend pour nous le nom de Père et attend avec impatience le retour du prodigue repenti !

Le pape Jean-Paul II veut faire de l’Année sainte, l’année du retour parfait au Père dans le sacrement de Pénitence. Aucun péché grave, aucun péché mortel, comme celui par exemple de négliger la sanctification du dimanche par la messe, celui de l’asservissement au plaisir ou encore de la malveillance et de la malfaisance à l’égard d’autrui, ne peuvent être remis sans le recours au sacrement de Pénitence. Et le Seigneur qui a confié à son Église le pouvoir de remettre les péchés en son nom, ne saurait écouter celui qui lui demanderait pardon sans au moins désirer ardemment la grâce de ce sacrement. Un vrai repentir l’exige.

Pour rester brefs, nous arrêterons là aujourd’hui nos réflexions. Nous verrons dimanche prochain qu’une autre condition indispensable à la sincérité de notre prière consiste à pardonner nous-mêmes à nos frères leurs offenses avant d’implorer le pardon de Dieu. Nous nous plaignons parfois de ne pas être exaucés : mais avons-nous su tout mettre en œuvre pour cela ? AMEN.


 

5ème demande (suite) : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »

Mes frères,

Vivre fidèlement sa foi chrétienne n’est pas chose facile, même avec le secours de la grâce. Je n’insisterai pas : tout le monde peut en faire la triste expérience. Or comme nous l’enseigne le catéchisme du concile de Trente, le seul catéchisme officiel et universel de l’Église (1), « il n’y a rien de plus difficile à notre nature dégradée que de pardonner les injures ou les offenses ! » Combien de gens se fâchent pour des riens et ne se parlent plus ! Combien de familles gardent de vieilles rancunes ! Si l’on cherchait à savoir pourquoi la rancune demeure alors que souvent la cause a disparu, on se rendrait compte que le véritable obstacle est l’orgueil : on ne veut ni faire les premiers pas ni s’humilier le premier.

Or nous dit le Seigneur : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes envers vous, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres contre lui ; mais si vous ne pardonnez rien aux hommes, votre Père ne pardonnera point non plus vos péchés. » Voilà le commentaire que le Christ lui-même a fait de la 5ème demande du Notre Père, qui retient aujourd’hui notre attention : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »

Nous avons vu, dimanche dernier, quels sentiments devaient susciter en nous la malice du péché, sa gravité, ses conséquences désastreuses, avant d’oser en demander pardon à Dieu dont la Tendresse infinie a été en même temps bafouée. Mais Dieu est notre Père et il est prêt à nous pardonner si notre prière est sincère. Or nous apprenons aujourd’hui que nous ne pouvons pas demander pardon avec sincérité si d’abord nous ne nous efforçons pas de pardonner les offenses que nous avons reçues d’autrui.

Quelle en est la raison ? C’est tout d’abord parce que, enfants de Dieu, nous sommes tenus d’imiter notre Père. Jésus nous dit : « Aimez vos ennemis, faites du bien, prêtez sans rien espérer, alors votre récompense sera grande et vous serez les enfants du Très-Haut, car lui, il est bienveillant envers les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés… » (Luc 6/35-38) 

En second lieu, une prière ne peut être agréable à Dieu que si elle repose sur une volonté de bienveillance et de bienfaisance à l’égard des autres. Dans le cas contraire nous nous trouverions nous-mêmes privés de charité et donc ennemis de Dieu : comment alors serions-nous sincères ? Et comment Dieu écouterait-il notre prière ? Aussi, le Christ nous en avertit : « Si tu présentes ton offrande sur l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque grief contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère puis, viens présenter ton offrande. » Alors seulement cette offrande pourra devenir agréable à Dieu !

Dieu aime particulièrement ceux qui savent pardonner car « l’amour des ennemis et le pardon des offenses fait briller en eux une ressemblance particulière avec Dieu notre Père, lui qui s’est réconcilié avec les hommes pécheurs en les rachetant de la damnation éternelle par la mort de son propre Fils. » (Cat. C. Tr.)

Certes du fait de notre faiblesse nous ne pouvons pas toujours pardonner avec perfection ni oublier totalement. Mais il suffit que nous ayons la volonté profonde et sincère d’y arriver avec la grâce de Dieu. Car notre prière est celle de toute l’Eglise et elle repose sur les mérites des saints. D’ailleurs en la formulant « nous prions Dieu en même temps de nous accorder ce qui est nécessaire pour mériter d’être exaucés. Nous demandons le pardon de nos péchés et le don d’une vraie pénitence ; nous demandons la douleur intérieure, l’horreur et la détestation de nos fautes et la grâce d’en faire au prêtre une pieuse et sincère confession… Et, pour la sincérité de notre prière, nous demandons enfin la grâce de nous réconcilier avec nos ennemis. » (Cat. C. Tr.)

Oui, Père, « acquitte-nous de nos dettes, comme nous aussi avons acquitté nos débiteurs », « pardonne-nous nos offenses comme nous avons nous aussi pardonné à ceux qui nous ont offensés ! » 

Puisse cette prière nous amener à comprendre l’importance des vertus de douceur et de miséricorde et nous porter à les cultiver chaque jour en nous. AMEN.

(1) Texte écrit avant la parution du Catéchisme de l’Église Catholique (novembre 1992)


6ème demande : « Ne nous soumets pas à la tentation ! »

Mes frères,

Nous arrivons aujourd’hui à la sixième demande du Notre Père, celle qui a toujours offert le plus de difficultés aux traducteurs. Le texte liturgique en vigueur, sous une forme d’ailleurs très critiquée et très critiquable, la formule ainsi : « Ne nous soumets pas à la tentation. »

Pour comprendre en effet cette dernière traduction en cohérence avec la Révélation, il faut pour le moins attribuer à tentation le sens peu courant d’épreuve. Dieu peut assurément éprouver quelqu’un pour le faire progresser dans la vertu et proposer sa fidélité en exemple. « Le Seigneur votre Dieu vous tente, c’est à dire vois éprouve, dit Moïse aux Hébreux, pour que se manifeste mieux votre amour pour lui. » (Deut. 13/13) Ainsi avait-il éprouvé Abraham dans sa foi, son espérance et son obéissance lorsqu’il lui avait demandé de lui immoler son propre fils : et en même temps il voulait lui faire comprendre qu’il rejetait de tels sacrifices, inventés, sous l’inspiration du démon, par les religions païennes.

Si donc le mot tentation veut dire ici épreuve, le sens de cette sixième demande devrait être la suivant : « Ne nous éprouve pas au-delà de nos forces ! » Mais, comme le dit le Christ lui-même, demander une telle chose à notre Père céleste, qui sait parfaitement nos besoins et qui veut avant tout notre salut et notre bien, constitue un réel manque de confiance.

Il faut en second lieu ajouter une autre considération : « Pour exprimer ce qui n’est qu’une permission de la part de Dieu, la sainte Ecriture emploie quelquefois des termes qui, pris à la lettre, désignent une action positive. » (Cat. C. Tr.) A ce moment-là, il est nécessaire de rétablir le sens par la pensée et d’attribuer l’action, non pas à Dieu, mais à notre propre faiblesse ou au démon. En effet, en raison de sa sainteté et de sa bonté infinie, Dieu ne peut pas porter au mal ses créatures. Le sens de la sixième demande deviendrait donc : « Fais que nous ne soyons pas soumis à des épreuves qui dépassent nos forces ! » Mais à moins que ses enfants ne soient des pécheurs invétérés ou des criminels, comment pourrait-on imaginer que notre Père les laisse à leur faiblesse devant le danger ? Serait-ce conforme à sa charité, à sa justice même ?

En réalité, toutes ces difficultés viennent de la mauvaise traduction d’un passage difficile… D’après les études scientifiques du Père Carmignac, le texte original – disparu – employait le mot équivalent à tentation dans le sens d’incitation au mal venue du démon et non dans celui d’épreuve tonifiante envoyée par Dieu.

Que le démon puisse inciter au mal est un enseignement évangélique qu’on trouve dans tous les livres du Nouveau Testament. « Le Christ et ses contemporains croient à l’existence des anges déchus et à leur influence démoniaque sur les hommes. Cette influence s’exerce par la tentation, qui essaie de séduire la liberté humaine au point que deux fois le démon est appelé tout simplement le Tentateur. » (Carmignac) (Cf. Matt. 4/3 et 1 Thess.3/5)

Faut-il rappeler quelques paroles du Christ à ses apôtres la veille de sa passion : « Simon, Simon, Satan vous a demandés pour vous vanner comme le blé, mais j’ai prié pour toi afin que ta foi ne disparaisse pas et toi, quand tu seras revenu, fortifie tes frères. » - « Veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation… »

Or précisément le verbe grec employé dans le Notre Père, tout comme le verbe hébreu sous-jacent sur lequel on l’a calqué, a le sens comme ci-dessus de faire venir, de faire entrer avec l’idée de pénétrer dans. »

Mais voilà que vient s’ajouter le problème capital de la négation ! Prenons un exemple en français. Quand nous disons : Je ne dois pas mentir, nous comprenons habituellement : Je suis obligé à ne pas mentir alors qu’on pourrait tout aussi bien comprendre : Je ne suis pas obligé à mentir. Voyez le contre-sens que ferait un traducteur s’il remplaçait le verbe devoir par son synonyme être obligé à !

Or en hébreu et dans les langues sémitiques il existe une conjugaison particulière pour exprimer une idée de causalité, laquelle se rend en français par l’entremise d’un verbe auxiliaire. Par exemple le causatif de entrer dans est faire entrer dans. Mais comment traduire sans erreur un causatif hébreu, formé lui d’un seul mot et précédé d’une négation ? Doit-on la faire porter, dans la traduction française, sur l’auxiliaire ou sur le verbe principal ? Faut-il dire : Ne me fais pas entrer ou bien fais que je n’entre pas ? On voit tout de suite que l’agent de l’action exprimée par le verbe principal n’est pas le même dans les deux expressions !

Or pour que cette sixième demande du Notre Père soit cohérente avec l’Evangile, la théologie et même tout simplement avec le contexte, il faudrait dire non pas : Ne nous fais pas entrer dans la tentation mais : Fais que nous n’entrions pas dans la tentation. Ce qui peut se rendre en bon français par : Garde-nous d’entrer dans la tentation ou bien : Garde-nous de consentir – ou de céder – à la tentation.

Avec cette formule, tous les graves problèmes énoncés plus haut sont supprimés : « D’abord Dieu exerce un rôle très positif, mais il agit en nous empêchant de consentir à la tentation et non pas en nous soumettant à cette tentation ou en nous abandonnant à nos faiblesses. Sa bonté et sa sainteté ne sont pas compromises, mais au contraire pleinement reconnues et affirmées : nous lui demandons de les manifester en remédiant à notre irrémédiable faiblesse et nous avons confiance en sa toute puissante sagesse pour incliner vers lui notre volonté si souvent rebelle. Ensuite, nous ne risquons plus d’outrager Dieu en lui imputant l’intention de vouloir jeter ses enfants dans les pièges de leur ennemi, car nous ne lui demandons plus de renoncer à une complicité qui ne pourrait être que perverse. Bien au contraire, nous confessons que sa Providence veut notre bien et veut nous préserver du pire malheur, le péché. S’il permet ou s’il tolère la tentation c’est parce que sa grâce voudrait nous en rendre victorieux. Aussi, nous conformons notre volonté à la sienne en le priant de nous garder de toute faute. Et nous reconnaissons que c’est sa grâce qui détourne notre volonté du consentement que sans cesse elle risque d’accorder aux séductions de Satan. » (Carmignac)

Notre souhait et le souhait d’un grand nombre de chrétiens est que cette malheureuse formule qui se veut œcuménique soit au plus tôt changée… Oui, Père, garde-nous de consentir à la tentation. AMEN.


7ème demande : « Mais délivre-nous du Mal. »

Mes frères,

Voici qu’aujourd’hui la septième et dernière demande du Notre Père s’offre à notre méditation. Certains pourront penser qu’une phrase aussi simple : Délivre-nous du Mal,ne doit pas offrir de difficultés. Qu’ils se détrompent ! En effet le mot grec, traduit en français par Mal, a un autre sens bien plus précis et moins restreint à la fois ; malheureusement la grammaire ne peut nous éclairer car dans la fonction où ce mot est ici employé, il prend en grec la même forme quel que soit son sens.

Pour plus de clarté, disons qu’il s’agit d’un adjectif pris comme nom. Lorsque cet adjectif est employé comme nom neutre, il signifie le mal, t o  p o n h r o n. Si on l’emploie comme nom masculin,  o   p o n h r o s, il veut dire l’esprit malin, le diable. Or ces deux genres prennent au datif (cas du complément) la même forme t o u  p o n h r o u , et il n’est plus possible de les distinguer sauf par le contexte littéraire ou l’usage de l’époque.

Les Pères grecs des quatre premiers siècles ont toujours compris ce mot comme désignant le démon. Saint Augustin l’affirme également. A cette époque on trouvait encore le texte hébreu original sur lequel on pouvait s’appuyer.

Mais c’est dans la vie et l’enseignement du Christ que cette opinion plonge ses plus fortes racines. « Le Christ est venu, nous dit saint Jean, pour défaire les œuvres du diable. » Celui qu’il appelle l’Adversaire, Jésus commence par l’affronter au désert. Il met en garde ses disciples contre le démon qui sème la mauvaise semence du péché (Matt. 13/39) ; qui enlève des cœurs la Parole de Dieu (Luc 8/12) ; qui a pris possession du cœur de Judas (Jo. 6/71) ; qui est le Prince de ce monde (Jo. 12/31). Mais Jésus se présente comme le vainqueur du démon qu’il jettera dehors (Jo. 12/31).

Les lettres des apôtres sont remplies de mise en garde à son sujet et je les résumerai par cette phrase de saint Pierre : « Frères, veillez et priez, car votre adversaire, le diable, comme un lion en furie, circule cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi. »

Lorsque vous entrez dans une cour de maison où se trouve attaché un chien méchant, vous savez parfaitement qu’il ne pourra vous atteindre si vous n’approchez pas trop près. Or, par nos péchés, nos faiblesses et nos infidélités, nous nous mettons à la portée de Satan. Nous comprenons alors pourquoi le Christ a voulu que nous demandions à notre Père du ciel de nous écarter du démon. Car Satan est non seulement l’auteur du péché, mais aussi l’agent principal des maux qui nous arrivent dans le monde, à cause de nos péchés.

Si, contrairement au reste des hommes les croyants ne sont plus à la merci du démon, il lui est permis cependant de les persécuter, comme il a persécuté le Christ. Mais ces persécutions servent au salut de tous en purifiant les uns et en devenant sources de mérites pour l’ensemble. Satan ne pourrait nous vaincre que dans la mesure où nous nous livrerions à lui, en renonçant au Christ. Aussi, à cause de notre faiblesse, n’hésitons pas à répéter cette prière : « O notre Père, écarte-nous du démon ; tiens-nous loin de son influence, de ses entreprises perverses ; empêche-nous de tomber dans ses pièges ; abrite-nous contre ses assauts ! »

Tout en demandant à notre Père du Ciel de nous tenir loin du démon, auteur du péché comme du mal qui en découle, nous l’implorons en même temps d’être préservés de ce mal multiforme qui nous assiège chaque jour. Si nous n’obtenons pas toujours ce que nous demandons c’est que, dans sa sagesse, par crainte de nous voir tomber dans le péché ou pour fortifier notre vertu, le Seigneur veut nous éprouver. En ce cas il exauce notre prière non pas en supprimant l’épreuve mais en nous donnant avec elle la force de la supporter.

Ainsi se termine notre méditation sur la deuxième strophe du Notre Père. Certes, nous y présentons à Dieu les besoins de nos frères et les nôtres, mais pour concourir malgré tout à sa gloire de Créateur et de Père… En effet, quand nous lui demandons de nourrir notre vie, en reproduisant chaque jour pour nous le miracle de la manne, nous proclamons qu’il est toujours aussi puissant et aussi attentionné que le Dieu de nos Pères. Et bien entendu c’est la vie spirituelle de nos âmes, bien plus que la vie matérielle de nos corps que nous le prions de sustenter par sa Parole et son Eucharistie… Quand nous le supplions d’acquitter nos dettes, de pardonner nos offenses, nous reconnaissons en lui la tendresse du père de l’Enfant prodigue et nous honorons sa miséricorde inlassable, en sachant que jamais nos ingratitudes et nos infidélités ne pourront la décourager. Pour que notre prière ne soit pas hypocrite, nous avons dû au préalable pardonner à nos frères leurs offenses et, par-là, nous avons contribué à l’arrivée de son Règne…

Quand nous implorons son assistance contre les tentations…, nous recourons à la puissance de son intervention qui, sans violer l’autonomie de notre liberté, peut la maintenir dans l’adhésion fidèle à ses préceptes…

Quand nous réclamons sa protection pour nous soustraire aux attaques du démon et nous éloigner le plus possible de son influence perverse, nous attestons qu’il est toujours capable de maîtriser les esprits infernaux et que le cours des évènements n’échappe jamais à sa main toute puissante. » (Carm.)

Si donc les trois premières demandes du Notre Père expriment notre adoration en chantant la gloire de Dieu, les quatre dernières y contribuent également en plaidant notre faiblesse.

Il ne nous reste plus à croire qu’en priant notre Père du Ciel, nous sommes aussitôt exaucés, même si l’objet de nos demandes ne nous arrive pas sous la forme que nous aurions souhaitée ou seulement au moment choisi par sa Providence. Et redisons-nous chaque jour : « Si un père sait donner de bonnes choses à ses enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent. » AMEN.

Source: http://michel.desnoues.pagesperso-orange.fr

 

[ndlr: chorale-csfa]. Si comme nous vous avez encore une soif de l'Enseignement du Notre-Père, relire la Vision de Maria Valtorta, dans les évangiles : Mt 6,9-15 ; 7,7-11 ; Lc 11,1-4 ; 9-13. Voici, selon cette vision l'explication du Notre Père (par Jésus lui-même à Maria Valtorta). C'est extraordinaire, on comprend encore mieux!

[...]

 03.5 – Ecoutez. Quand vous priez, dites ceci : “ Notre Père qui es aux Cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne sur la terre comme il est dans le Ciel, et que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, remets-nous nos dettes, comme nous les remettons à nos débiteurs. Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin. ” »

      « Rien d’autre n’est nécessaire, mes amis. Dans ces mots est renfermé comme en un cercle d’or tout ce qu’il faut à l’homme pour son âme comme pour sa chair et son sang. Avec cela, demandez ce qui est utile à celui-là ou à ceux-ci. Et si vous accomplissez ce que vous demandez, vous acquerrez la vie éternelle. C’est une prière si parfaite que les vagues des hérésies et le cours des siècles ne l’entameront pas. Le christianisme sera désuni sous la morsure de Satan et beaucoup de parties de ma chair mystique seront détachées, morcelées, formant des cellules particulières dans le vain désir de se créer un corps parfait comme le sera le Corps mystique du Christ, c’est-à-dire formé de tous les fidèles unis dans l’Eglise apostolique qui sera, tant que la terre existera, l’unique véritable Eglise. Mais ces petits groupes séparés, privés par conséquent des dons que je laisserai à l’Eglise Mère pour nourrir mes enfants, garderont toujours le titre d’églises chrétiennes en raison de leur culte pour le Christ et, au sein de leur erreur, elles se souviendront toujours qu’elles sont venues du Christ. Eh bien, elles aussi prieront avec cette prière universelle. Souvenez-vous-en. Méditez-la continuellement. Appliquez-la à votre action. Il ne faut pas autre chose pour se sanctifier. Si quelqu’un était seul, dans un milieu païen, sans église, sans livre, il aurait déjà tout ce que l’on peut savoir en méditant cette prière ainsi qu’une église ouverte dans son cœur pour la réciter. Il aurait une règle de vie et une sanctification assurée.

       203.6 “ Notre Père ”.

       Je l’appelle “ Père ”. C’est le Père du Verbe, c’est le Père de Celui qui s’est incarné. C’est ainsi que je veux que vous l’appeliez vous aussi, car vous faites un avec moi, si vous demeurez en moi. Il fut un temps où l’homme devait se jeter face à terre pour soupirer, en tremblant d’épouvante : “ Dieu ! ” Celui qui ne croit pas en moi ni en ma parole est encore pris par cette crainte paralysante… Observez l’intérieur du Temple. Non seulement Dieu, mais aussi le souvenir de Dieu, est caché aux yeux des fidèles par un triple voile. Sépara­tion par la distance, séparation par les voiles, tout a été pris et appliqué pour signifier à celui qui prie : “ Tu es fange. Lui, il est Lumière. Tu es abject. Lui, il est Saint. Tu es esclave. Lui, il est Roi. ”

       Mais maintenant !… Relevez-vous ! Approchez-vous ! Je suis le Prêtre éternel. Je peux vous prendre par la main et vous dire : “ Venez. ” Je peux saisir les rideaux du vélarium et les écarter, ouvrant tout grand l’inaccessible lieu, fermé jusqu’à aujourd’hui. Fermé ? Pourquoi ? Fermé à cause de la faute originelle, oui, mais encore plus étroitement fermé par la conscience corrompue des hommes. Pourquoi est-il fermé si Dieu est amour, si Dieu est Père ? Je peux, je dois, je veux vous conduire, non pas dans la poussière, mais dans l’azur ; non pas au loin, mais tout près ; non pas comme des esclaves, mais comme des fils sur le cœur de Dieu.

       Dites “ Père ! Père ! ”, et ne vous lassez pas de le répéter. Ne savez-vous pas que, chaque fois que vous le dites, le Ciel rayonne de la joie de Dieu ? Ne diriez-vous que ce mot, avec un amour véritable, vous feriez déjà une prière agréable au Seigneur. “ Père ! Mon père ! ” disent les enfants à leur géniteur. C’est le premier mot qu’ils disent : “ Mère, père. ” Vous êtes les petits enfants de Dieu. Je vous ai engendrés à partir du vieil homme que vous étiez. Ce vieil homme, je l’ai détruit par mon amour, pour faire naître l’homme nouveau, le chrétien. Appelez donc, du premier nom que les enfants connaissent, le Père très saint qui est aux Cieux.

       203.7 “ Que ton Nom soit sanctifié. ”

       O nom saint et doux plus que tout autre ! Nom que la terreur du coupable vous a appris à voiler sous un autre nom ! Ne dites plus Adonaï. C’est Dieu. C’est le Dieu qui, dans un excès d’amour, a créé l’humanité. Que l’humanité de l’avenir l’appelle de son nom, par ses lèvres purifiées par le bain que je prépare, se réservant de comprendre avec la plénitude de la sagesse le sens véritable de cet Incompréhensible lorsque, fondue en lui, l’humanité avec les meilleurs de ses enfants sera élevée jusqu’au Royaume que je suis venu fonder.

       203.8 “ Que ton Règne vienne sur la terre comme au Ciel. ”

       Désirez de toutes vos forces cet avènement. Ce serait la joie sur la terre, s’il venait. Le Règne de Dieu dans les cœurs, dans les familles, entre les citoyens, entre les nations. Souffrez, prenez de la peine, sacrifiez-vous pour ce Règne. Que la terre soit un miroir qui reflète en chacun la vie des Cieux. Il viendra. Un jour, tout cela adviendra. Des siècles et des siècles de larmes et de sang, d’erreurs, de persécutions, de brouillard traversé d’éclairs de lumière qu’irradiera le phare mystique de mon Eglise — si elle est une barque qui ne sombrera pas, elle est aussi un rocher qui résistera aux vagues et elle tiendra bien haut la lumière, ma lumière, la lumière de Dieu —, tout cela précédera le moment où la terre possèdera le Royaume de Dieu. Ce sera alors comme l’intense flamboiement d’un astre qui, après avoir atteint la perfection de son existence, se désagrège, comme une fleur démesurée des jardins éthérés, pour exhaler en un étincelant frémissement son existence et son amour aux pieds de son Créateur. Mais cela adviendra. Et ensuite, ce sera le Royaume parfait, bienheureux, éternel du Ciel.

       203.9 “ que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. ”

       L’anéantissement de la volonté propre au profit de celle d’un autre ne peut se produire que lorsqu’on a atteint le parfait amour pour cette personne. L’anéantissement de la volonté propre au profit de celle de Dieu ne peut se produire que quand on a atteint la perfection des vertus théologales à un degré héroïque. Au Ciel, où tout est sans défauts, s’accomplit la volonté de Dieu. Sachez, vous qui êtes fils du Ciel, faire ce que l’on fait au Ciel.

       203.10 “ Donne-nous notre pain quotidien. ”

       Quand vous serez au Ciel, vous vous nourrirez uniquement de Dieu. La béatitude sera votre nourriture. Mais, ici-bas, vous avez encore besoin de pain. Et vous êtes les petits enfants de Dieu. Il est donc juste de dire : “ Père, donne-nous du pain. ”

       Avez-vous peur qu’il ne vous écoute pas ? Oh, non ! Réfléchissez : supposez que l’un de vous ait un ami et qu’il s’aperçoive qu’il manque de pain pour rassasier un autre ami ou un parent arrivé chez lui à la fin de la seconde veille. Il va trouver l’ami son voisin et lui dit : “ Mon ami, prête-moi trois pains, car il m’est arrivé un hôte et je n’ai rien à lui donner à manger. ” Peut-il s’entendre répondre de l’intérieur de la maison : “ Ne m’ennuie pas car j’ai déjà fermé la porte et bloqué les battants, et mes enfants dorment déjà à mes côtés. Je ne peux me lever et te donner ce que tu désires ” ? Non. S’il s’est adressé à un véritable ami et qu’il insiste, il obtiendra ce qu’il demande. Il l’aurait obtenu même s’il s’était adressé à un ami pas très proche, à cause de son insistance, car celui auquel il demande ce service, pour n’être plus importuné, se hâterait de lui en donner autant qu’il en veut.

       Mais vous, quand vous priez le Père, vous ne vous adressez pas à un ami de la terre : vous vous tournez vers l’Ami parfait, qui est le Père du Ciel. Aussi, je vous dis : “ Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. ” En effet, à qui demande on donne, qui cherche finit par trouver, à qui frappe on ouvre la porte.

       Quel enfant des hommes se voit présenter une pierre, s’il demande du pain à son père ? Qui se voit donner un serpent à la place d’un poisson grillé ? Le père qui agirait ainsi à l’égard de ses enfants serait criminel. Je l’ai déjà dit et je le répète pour vous encourager à avoir des sentiments de bonté et de confiance. De même qu’un homme sain d’esprit ne donnerait pas un scorpion à la place d’un œuf, avec quelle plus grande bonté Dieu ne vous donnera-t-il pas ce que vous demandez ! Car il est bon, alors que vous, vous êtes plus ou moins mauvais. Demandez donc avec un amour humble et filial votre pain au Père.

       203.11 “ Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs. ”

       Il y a les dettes matérielles et les dettes spirituelles. Il y a encore les dettes morales. L’argent, la marchandise qu’on vous a prêtés sont des dettes matérielles qu’il faut rembourser. L’estime que l’on exige sans réciprocité, l’amour que l’on attend, mais que l’on ne donne pas, sont des dettes morales. L’obéissance à Dieu, de qui on exigerait beaucoup, quitte à lui donner bien peu, et l’amour qu’on doit avoir pour lui sont des dettes spirituelles. Mais il nous aime et doit être aimé comme on aime une mère, une épouse, un fils de qui on exige tant de choses. L’égoïste veut posséder et ne donne pas. Mais l’égoïste est aux antipodes du Ciel. Nous avons des dettes envers tout le monde. De Dieu au parent, de celui-ci à l’ami, de l’ami à son prochain, de son prochain au serviteur et à l’esclave, car tous sont des êtres comme nous. Malheur à qui ne pardonne pas ! Il ne lui sera pas pardonné. Dieu ne peut pas, par justice, remettre ce que l’homme lui doit — à lui qui est le Très Saint — si l’homme ne pardonne pas à son semblable.

       203.12 “ Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin. ”

       L’homme qui n’a pas éprouvé le besoin de partager avec nous le souper de la Pâque m’a demandé, il y a moins d’un an : “ Comment ? Tu as demandé de ne pas être tenté et d’être aidé dans la tentation contre elle-même ? ” Nous étions nous deux, seuls… et j’ai répondu.

       Une autre fois, nous étions quatre dans un endroit isolé, et j’ai répondu de nouveau. Mais il n’était pas encore satisfait car, dans une âme inflexible, il faut d’abord ouvrir une brèche en démolissant la forteresse perverse de sa suffisance. C’est pour cette raison que je le répèterai encore une fois, et même dix, cent fois jusqu’à ce que tout soit accompli.

      Mais vous, qui n’avez pas de cuirasse due à des doctrines malheureuses et des passions plus malheureuses encore, veuillez prier ainsi. Priez avec humilité pour que Dieu empêche les tentations. Ah, l’humilité ! Se reconnaître pour ce que l’on est ! Sans s’avilir, mais se connaître. Dire : “ Je pourrais céder même si cela me semble impossible, car je suis un juge imparfait pour moi-même. Par conséquent, mon Père, délivre-moi, si possible, des tentations en me tenant proche de toi au point que cela ne permette pas au Malin de me nuire. ” Car, souvenez-vous-en, ce n’est pas Dieu qui porte au mal, mais c’est le mal qui tente. Priez le Père pour qu’il vienne en aide à votre faiblesse au point qu’elle ne puisse être induite en tentation par le Malin.

       203.13 Voilà ce que j’avais à vous dire, mes bien-aimés. [...]

Extraits de L'Évangile tel qu'il m'a été révélé - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - Traduction de 2017 par Yves d'Horrer

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