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Père, Diacre, Eveque
Homélies - Abbé Philippe Link
Jésus est « passé de l’autre côté » de la mer : il a accompli sa Pâque ; il a accosté sur l’autre rivage, le rivage de la vie définitive.
C’est de là qu’il nous fait signe, qu’il nous appelle, comme il appelait ses apôtres quelques jours après sa résurrection : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? » (Jn 21, 5).
Notre-Seigneur ressuscité est comme le phare dans la nuit, qui nous conduit au bon port ; à condition bien sûr que nous fixions nos regards sur lui, que nous nous laissions attirer par lui, que sa Parole soit « la lumière de nos pas, la lampe de notre route » (Ps 118, 105).
L’Église est le peuple rassemblé par la Parole de Dieu, qui chemine, sous la conduite de cette Parole, jusqu’aux demeures éternelles où son Seigneur l’a précédé afin de lui préparer une place (cf. Jn 14, 2).
Pourtant, alors qu’elle est encore en chemin, elle peut quotidiennement anticiper le terme du voyage : dans chaque Eucharistie, son Époux vient au-devant d’elle et anticipe la rencontre eschatologique.
Le temps de la célébration, nous participons déjà aux noces éternelles sur l’autre rivage, où nous accosterons bientôt.
Comme la foule de l’Évangile de ce jour, nous gagnons la montagne – lieu de la révélation divine – et nous écoutons le Maître qui nous enseigne – la position assise est celle de l’enseignant – au cours de la liturgie de la Parole.
« Jésus leva le regard et vit qu’une foule nombreuse venait à lui » : du haut de la Croix, Jésus a vu venir à lui les générations de croyants, venant de tous les horizons pour s’abreuver aux sources vives du salut.
C’est pour que cette foule innombrable « ne défaille pas en route » (Mc 8, 3) et puisse bénéficier de la grâce de la Rédemption en consommant le véritable Agneau pascal, que Notre-Seigneur a institué l’Eucharistie.
Cette manne céleste qui nourrit pour la vie éternelle (cf. Jn 6, 51) n’est pas un pain terrestre que nous pourrions acheter avec le salaire de notre travail : ici bas, nous travaillons « pour la nourriture qui se perd », alors que « le Fils de l’Homme nous donne la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle » (Jn 6, 27).
Hélas, nous ne ressentons pas vraiment la faim d’un tel aliment ; aussi nous contentons-nous de nous rassasier de nos « cinq pains d’orge et de nos deux poissons », en oubliant que nous avons à sustenter une vie bien plus importante, qui a défaut de nourriture adéquate, risque fort de s’étioler et de mourir.
Lorsque Jésus exhorte les Juifs – et nous à travers eux – à « travailler pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle », ceux-ci lui demandent : « “Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?”
Jésus leur répondit : “L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé” » (Jn 6, 27-29).
C’est-à-dire que nous nous unissions à la personne du Christ par un amour sincère ; que nous adhérions à lui dans une confiance sans borne.
Concrètement, que nous mettions en pratique le précepte de l’Apôtre : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit au nom du Seigneur Jésus-Christ, offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3, 17).
Tel est le sens des offrandes que nous présentons à Dieu au cours de la célébration eucharistique : avec ce pauvre pain que nous lui offrons, c’est toute notre vie que nous élevons vers le Père, pour qu’elle soit purifiée, transformée, sanctifiée par l’action de l’Esprit et qu’elle devienne, par le Christ, avec le Christ, et en lui, un « sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour nous l’adoration véritable » (Rm 12, 1).
A ce propos, le pape émérite Benoît XVI soulignait dans sa son Exhortation apostolique post-synodale sur l’Eucharistie que : « L’offrande de notre vie, la communion avec toute la communauté des croyants et la solidarité avec tout homme sont des aspects inséparables de la “logiké latreía”, du culte spirituel, saint et agréable à Dieu (cf. Rm 12, 1), dans lequel toute notre réalité humaine concrète est transformée pour la gloire de Dieu » (Sacramentum caritatis, 94).
Puissions entendre cet appel et « montrer par notre vie eucharistique la splendeur et la beauté de notre appartenance totale au Seigneur » (Ibid.).
Marie très sainte, Vierge immaculée, arche de l’alliance nouvelle et éternelle, accompagne-nous sur ce chemin de la rencontre avec le Seigneur qui vient.
Tu es la “Tota pulchra”, la Toute-belle, puisqu’en toi resplendit la splendeur de la gloire de Dieu. En toi l’Église contemple la “Femme eucharistique”, son icône la mieux réussie ; et elle te contemple comme modèle irremplaçable de vie eucharistique.
Apprends-nous à devenir nous-mêmes des personnes eucharistiques et ecclésiales, pour pouvoir nous aussi, selon la parole de saint Paul, nous présenter “sans tache” devant le Seigneur, selon son éternel dessein d’amour sur nous (cf. Col 1, 21; Ep 1, 4) (d’après Sacramentum caritatis, 96).
Abbé Philippe Link
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Cinq pains d’orge et deux poissons
Pendant cinq des dimanches d’été, nous interrompons la lecture de l’évangile de saint Marc, pour lire le fameux chapitre six de saint Jean. Il s’agit d’un long récit qui commence par la «multiplication des pains», et qui se poursuit avec le «discours sur le Pain de Vie». Reprenant les paroles de Jésus, S. Jean nous offre, dans ce chapitre, une méditation sur le partage et sur l’Eucharistie.
Le pain, nécessaire pour vivre, a toujours été au centre du message du Christ. C’est pourquoi il l’a inclus dans la prière du Notre Père : «Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour». Le Christ savait que l’être humain a d’abord besoin de manger et de boire avant tout autre chose. Bien sûr, nous ne vivons pas seulement de pain mais aussi d’amour, d’amitié, de paix et d’harmonie, mais, sans le pain de chaque jour, il est impossible d’apprécier les autres bonnes choses de la vie. Dans le texte de ce matin, le Christ nourrit une foule de gens affamés et nous invite à réfléchir sur la faim dans le monde : «Où nous procurerons-nous le pain nécessaire pour nourrir tous ces gens ?»
En tant que Juif de Palestine, Jésus a été élevé dans une culture et une religion qui apprécient toutes nourritures. Ils y voient un don de Dieu. Les Juifs considèrent la nourriture comme une chose sacrée et ils font toujours une prière de remerciement avant de manger. En Palestine au temps de Jésus, la nourriture n’était pas très abondante et la famine menaçait continuellement. Rien n’a beaucoup changé dans notre monde d’aujourd’hui. On a l’impression que le problème de malnutrition et de famine s’est accentué. En 1900, la population mondiale était de 1.6 milliard. Nous atteignons maintenant 7 milliards! La faim tue chaque année des millions de personnes, plus que le SIDA, la malaria et toutes les autres maladies infectieuses réunies.
Les famines se multiplient dans des douzaines de pays, même si nous cultivons assez de nourriture dans le monde pour permettre à chaque homme, femme et enfant de recevoir les 3000 calories nécessaires à la survie. Les gens meurent de faim, non pas parce qu’il n’y a pas assez de nourriture, mais à cause d’une distribution injuste. Il y a peu de temps, le canal de télévision CNN affirmait que 2% de la population possèdent actuellement 50% des revenus et un quart de l’humanité accapare les trois quarts des ressources de notre planète.
Les pays riches sont plus intéressés à vendre des armes aux pays pauvres, que de les aider à sortir de leur sous-développement et de leur misère. Avec ce que coûte un porte-avions, on pourrait acheter 3 mille tonnes de grain. Et pour le prix d’un bombardier, on pourrait construire trente écoles! Les États-Unis dépensent mensuellement 4 milliards pour maintenir leurs troupes en Irak! Sans compter les millions que d’autres pays impliqués dans le conflit ajoutent à ces dépenses exorbitantes.
Le président Eisenhower a observé de façon très juste que «chaque fusil qui est fabriqué, chaque navire de guerre qui est construit, chaque missile lancé est en définitive une fraude et un vol perpétré à l’endroit de ceux et celles qui ont faim et ne sont pas nourris, à l’endroit de ceux et celles qui ont froid et n’ont pas de vêtements pour se vêtir.» Le Général Eisenhower, homme de guerre, savait de quoi il parlait. Imaginez ce que pourrait être notre monde si les montagnes d’argent dépensées en armements, en fraude, en jeux de hasard, en alcool, en drogue, étaient mises au profit de ceux et celles qui sont dans le besoin, si l’on utilisait cet argent pour l’irrigation des déserts, l’éducation, la recherche médicale, l’édification de digues, la lutte contre la faim dans le monde.
Devant les énormes problèmes de manque de nourriture, nous nous sentons totalement impuissants. Le Christ demande à Philippe: «Où pouvons-nous acheter du pain pour que tous ces gens puissent manger?» Et Philippe de répondre : «Le salaire de huit mois de travail ne suffirait pas pour que chacun ait un peu à manger.» Ce qui veut dire : «nous ne pouvons rien faire. Le problème est trop grand pour nos moyens très restreints». C’est alors que l’un des disciples ajoute : «Il y a ici un jeune garçon qui a cinq petits pains d’orge et deux poissons. Mais cela n’est rien pour combler les besoins d’une telle foule».
Cinq pains d’orge (le pain des pauvres) et deux poissons! La multiplication des pains par le Christ a été possible grâce à la générosité de ce jeune garçon. Certains exégètes ajoutent : c’est sans doute grâce à cette générosité que d’autres personnes présentes décidèrent eux aussi de partager le peu qu’ils avaient… Et il y en eut pour tout le monde, il y eut même des restes. Souvent nous faisons cette même expérience lors d’un pique-nique. Chacun partage ce qu’il a apporté et à la fin il y a des restes.
Combien de personnes disent : «J’aimerais bien aider mais je n’ai pas d’expérience, pas d’habilité dans ce domaine. Tant d’autres personnes peuvent le faire mieux que moi. Je cède la place à des gens plus experts!» Plusieurs, sous prétexte qu’ils n’ont pas assez d’éducation, d’expérience, de connaissance, de moyens financiers, ne font rien. Jésus nous dit aujourd’hui : «Apportez vos cinq petit pains d’orge et vos deux poissons, et voyez ce qu’on peut en faire».
Lorsqu’il y a des besoins, nous ne pouvons résoudre le problème seuls. Mais avec Dieu et avec les autres, nous pouvons améliorer la situation. Le Seigneur a besoin de notre contribution, si petite soit-elle. Dieu ne fait pas de miracle à partir de rien, il les fait à partir des cinq petits pains d’orge et des deux poissons.
Dieu a besoin de S. Vincent de Paul, de Mère Térésa, des Alcooliques Anonymes, de la Croix Rouge, de la Popote roulante, de Centre-Aide, de l’Armée du Salut, de ceux et celles qui visitent les malades, de ceux et celles qui donnent un peu d’argent pour aider les victimes de catastrophes naturelles et de guerres de toutes sortes.
Essayons, comme nous le demande Paul dans la 2e lecture, de «mener une vie digne de l’appel que nous avons reçu.» Soyons généreux, partageons notre temps, nos talents, notre argent. C’est ainsi que nous pourrons ensemble améliorer un peu les problèmes de notre monde.
Réflexion sur l'évangile du 17e dimanche ordinaire, B
Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Révision: 2012-07-23
Mouvement des Cursillos Francophones du Canada
https://www.cursillos.ca
Homélies regnumchristi
Prière
Seigneur ressuscité, ce matin, je voudrais te parler. Je passe ma journée à parler avec les personnes qui m’entourent, ou alors je me parle à moi-même. Pendant ces quelques minutes, c’est avec toi que je veux parler. Je te confie ce que j’ai de plus intime : mes désirs, mes aspirations, ma soif de bonheur, ma faim de plénitude. Je t’en prie, comble-moi de la joie de Pâques !
Demande
Seigneur, aide-moi à voir la faim des hommes et à la rassasier !
Réflexion
1. L’Évangile d’aujourd’hui me transporte sur les rives de la mer de Galilée. Jésus monte au sommet d’une petite colline pour s’y asseoir avec ses disciples. Il voudrait sans doute en profiter pour passer un bon moment avec eux, leur montrer combien il les aime, leur parler de ce qui lui tient à cœur. Mais, tout à coup, le Seigneur accomplit un geste bien précis qui interrompt brusquement leur tranquillité. C’est un petit geste, à peine perceptible, un geste qui pourrait sembler insignifiant, mais qui change le cours de cette journée. Le texte de l’Évangile dit que « Jésus leva les yeux ». Et ce simple regard qu’il dirige au loin lui révèle toute l’étendue de cette foule venue des quatre coins de Galilée. Ce qu’il voit, ce sont non seulement des milliers de visages différents, mais des milliers de bouches affamées. Jésus voit la faim des hommes. Et il demande aussitôt à ses disciples où trouver du pain pour donner à manger à tant de monde. Jésus veut que ses disciples, eux aussi, lèvent les yeux. Jusqu’à présent, ils avaient regardé leurs pieds, qui suivaient ceux du Maître sur les routes de Palestine. Leur champ de vision se réduisaient à deux personnes : eux-mêmes et Jésus. À présent, Jésus leur demande de regarder autour d’eux, de voir les autres, de percevoir la faim des hommes.
Et moi ? Suis-je prêt à passer de la contemplation de mon nombril à la perception de la faim des personnes qui m’entourent, de l’attitude infantile de celui qui ne fait que recevoir à l’attitude paternelle de celui qui cherche sans cesse à donner ?
2. « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? »
Si j’étais à la place de l’apôtre Philippe, je pourrais adopter deux attitudes très différentes pour répondre à Jésus. D’un côté, je pourrais dire « Et alors ? Qu’est-ce que j’y peux si ces gens ont faim ? Et d’ailleurs, moi aussi, j’ai faim… ! » C’est l’attitude du désengagement, de l’indifférence, de celui qui cherche à contourner le problème. L’autre attitude consiste à dire « Pas de souci, je m’en occupe ! D’après mes calculs, il y a environ 5 000 personnes ; à raison de 100 g de pain par personne, il faudrait 500 kilos de pain, soit plus de 200 journées de salaire…, ce qui est impossible à trouver d’ici ce soir ! » C’est l’attitude de Philippe, le rationaliste, le calculateur. Mais cette attitude volontariste est aussi vouée à l’échec. En mesurant froidement la situation, en voulant la résoudre lui-même, Philippe ne peut qu’aboutir à reconnaître que c’est impossible. On revient alors à la première attitude : je botte le problème en touche, je m’en désintéresse. Alors que faire ? Dois-je dire au Seigneur qu’il exagère ? Lui suggérer de renvoyer les gens chez eux, quitte à voir les plus faibles d’entre eux tomber, épuisés sur le chemin de retour ?
3. Cependant, il y a une troisième attitude, celle d’André, qui, enthousiaste et spontané, vient dire à Jésus : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ( …) » Mais son enthousiasme se dégonfle avant la fin de la phrase : « (…) mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Cependant, c’est justement cette attitude que le Christ attend. C’est justement là que se trouve le salut. Dieu ne nous appelle pas à accomplir des choses à notre portée. Au contraire, comme le dit saint Paul, « ce qui est méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est » (1 Co 1, 28). Ce que Dieu nous demande nous semblera toujours hors de portée. Le vrai problème est lorsque l’on n’ose pas le faire, lorsque l’on trouve ridicule de commencer à distribuer à une foule affamée cinq petits pains et deux poissons d’eau douce. Mais, une fois que l’on commence et que l’on s’aperçoit qu’on en est déjà à la vingtième personne et qu’il reste encore du pain, et quand on termine en ramassant douze corbeilles de morceaux, on se rend compte que, effectivement, il ne servait à rien de calculer avant de se lancer dans l’action. Tellement de gens ont faim autour de moi. Est-ce que je m’en rends compte ? Je pourrais donner ma vie pour les rassasier. Si ma vie n’appartient qu’à moi, alors ce ne sont que cinq misérables pains et deux pauvres poissons. Mais si ma vie ne m’appartient pas, si je laisse Dieu en disposer, alors elle devient douze mille morceaux de pains, capable de rassasier une foule immense.
Dialogue avec le Christ
Seigneur, souvent, je me contente de recevoir sans penser à ce que je pourrais donner. Je me contente de l’attitude infantile de celui qui songe à ses propres besoins, sans penser aux besoins des autres. Je t’en prie, en ce temps de Pâques, aide-moi à lever les yeux, à voir la faim de ceux qui m’entourent, à percevoir les nécessités qui les tourmentent. Seigneur, avec ton aide, aide-moi à les rassasier !
Résolution
Aujourd’hui, je dresserai la liste, avec nom et prénom, des personnes qui vivent autour de moi et qui ont faim.
Frère Benoît Terrenoir, LC
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MÉDITER AVEC LES CARMES
Une grande foule suivait Jésus, car les gens de Galilée connaissaient maintenant son pouvoir de guérir. C'est pourquoi Jésus gravit la montagne ; peut-être pour demander un effort à ceux qui voulaient le voir et l'entendre, mais aussi afin de pouvoir parler à la foule entière et d'être entendu de tout le monde.
À la vue de la foule qui montait et prenait place autour de lui, la première parole de Jésus est une question à Philippe : « Où achèterons-nous du pain pour qu'ils aient de quoi manger ? »
Tout comme Philippe et André, nous nous trouvons, dans notre activité de prière, de service ou de témoignage, devant une tâche démesurée, disproportionnée à nos forces. Mais Jésus le sait ; et il sait ce qu'il va faire.
À bien des niveaux, dans nos vies données au Christ, des nécessités apparaissent, sans proportion avec les lumières ou les ressources que nous pouvons avoir : « Qu'est-ce que cela pour cinq mille personnes ? » À travers des changements imprévus, des besoins nouveaux, des urgences inattendues, le Christ continue de nous poser des questions vitales pour nous-mêmes et pour ceux que nous aimons, ceux qu'il nous demande d'aimer. Mais lui-même sait ce qu'il va faire.
Jésus fait asseoir dans l'herbe haute toute la foule, comme des brebis sur un bon pâturage. Il prend les pains, il rend grâces, et les distribue, faisant ainsi pour le pain de tous les jours les gestes qu'il refera à la dernière Cène. Et voilà que la faim devient rassasiement, que la pauvreté devient surabondance, comme les prophètes l'avaient annoncé pour les temps du Messie.
Nous pourrions nous demander : où trouver assez de pain, de riz ou de mil pour nourrir les millions d'affamés d'Afrique et d'Asie ? où trouver assez de tendresse pour tous les enfants orphelins abandonnés, pour tous les jeunes blessés par la vie ? où trouver assez de lumière pour guider ceux qui marchent à tâtons et qui cherchent désespérément un chemin de bonheur ?
Il suffit d'apporter à Jésus, chaque jour, et fidèlement, nos cinq petits pains et nos deux poissons, les pains ordinaires de notre fidélité, de notre dévouement, de notre charité infatigable, les petits pains insignifiants et tout secs de nos heures de louange et d'oraison, les petits pains de notre joie courageuse, car Jésus sait bien ce qu'il va en faire, et déjà nous pouvons préparer les corbeilles pour le surplus : une corbeille par apôtre, une corbeille par sœur.
Il y aura en effet du surplus, car Dieu donne largement. Et la consigne de Jésus, précisément à propos du surplus, doit nous faire réfléchir : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu ! »
Ce souci de Jésus, nous pouvons l'entendre à deux niveaux.
D'abord comme une invitation à ne rien laisser perdre de ce qui peut nourrir des hommes ; et de ce point de vue notre société de consommation tourne souvent le dos aux exigences élémentaires de la solidarité avec les peuples décimés par la famine.
Mais il y a autre chose ...
En effet, dans les corbeilles qu'emportaient les disciples après ce repas sur l'herbe, tous les morceaux provenaient des pains donnés par Jésus, multipliés par Jésus. Et c'était une raison supplémentaire de ne rien laisser perdre : on ne gaspille pas les dons de Dieu, et quand Dieu a donné, même les restes sont bons.
Dieu aime que nous utilisions pour lui tous nos restes : restes de santé, restes de forces, restes d'espérance. Ce qu'il nous a donné pour son service, c'est du bon pain qui reste nourrissant.
Ne disons pas : « J'ai vieilli ; j'ai fait mon temps. Ce que j'ai à donner est maintenant dérisoire ! », car un cœur qui donne a part à la jeunesse de Dieu.
Ne disons pas : « Personne ne veut de ce que j'ai à offrir ! », car Jésus, lui, en fait un bon usage.
Ne disons pas : « Je suis malade, donc je n'ai plus rien à donner ! », car les restes de santé sont des restes pour la sainteté.
Ne disons pas : « Moi, je ne distribue que les pains entiers : les restes, cela ne vaut pas la peine ! », car il y a un temps pour tout, un temps pour les pains entiers, et un temps pour les restes, et c'est Jésus qui rythme la mission, qui mesure nos forces, et qui nous donne chaque jour ce qu'il nous faut donner.
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Homélies du père Jacques Fournier
https://eglise.catholique.fr
Homélies - evangeli.net
«Il disait cela pour le mettre à l'épreuve, car lui-même savait bien ce qu'il allait faire»
Abbé Antoni CAROL i Hostench (Sant Cugat del Vallès, Barcelona, Espagne)
Aujourd'hui nous lisons le récit de la multiplication des pains: «Alors Jésus prit les pains, et, après avoir rendu grâce, les leur distribua; il leur donna aussi du poisson, autant qu'ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim» (Jn 6,11). La fatigue des apôtres devant une telle foule affamée nous fait penser à une multitude actuelle, non pas affamée physiquement, mais pire encore: affamée et éloignée de Dieu, souffrant d'une “anorexie spirituelle”, qui l'empêche de participer à la Pâque et d'apprendre à connaître Jésus. Nous ne savons pas comment nourrir une telle quantité de gens… Mais il flotte dans cette lecture un air d'espérance: peu importe le manque de nos recours ce qui est essentiel ce sont les recours surnaturels, ne soyons pas “réalistes” mais soyons “confiants” en Dieu. C'est ainsi que quand Jésus demande à Philippe où ils pourraient acheter du pain «Il disait cela pour le mettre à l'épreuve, car lui-même savait bien ce qu'il allait faire» (Jn 6,5-6). Jésus attend que nous ayons confiance en Lui.
En contemplant ces “signes des temps”, nous ne voulons pas la passivité (paresse, langueur par manque d'énergie…), mais l'espérance: afin d'accomplir un miracle le Seigneur attend l'engagement des disciples ainsi que la générosité du jeune homme qui fait don des pains et de quelques poissons. Jésus augmente notre foi, obéissance et audace, même si nous ne voyons pas immédiatement le fruit de notre travail, comme le paysan qui ne voit pas la pousse après la semence. «Ayons donc foi, sans nous laisser dominer par le découragement, sans nous arrêter à des calculs purement humains. Pour surmonter les obstacles, il nous faut commencer à travailler, en nous mettant à l'ouvrage à fond, afin que notre effort lui-même nous amène à ouvrir de nouveaux sentiers» (Saint Josemaría), qui apparaîtront de manière insoupçonnée.
N'attendons pas le moment idéal pour donner de notre mieux: il faut le faire immédiatement, car Jésus n'attend que notre réponse pour accomplir son miracle. «Les difficultés qui sont présentes en ce début de millénaire dans le monde moderne nous laissent penser que seule l'intervention divine peut nous donner l'espérance d'un futur moins sombre», écrivit Jean Paul II. Alors, accompagnons la Sainte Vierge avec le Rosaire, car son intercession a été évidente aux moments les plus délicats de l'histoire de l'humanité.
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Homélies - Père Gilbert Adam